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C’est
triste un homme qui s’entête. C’est encore plus triste
quand cet homme est à la tête d’une nation. Le déni
de réalité est un fait politique habituel, certes, mais on
demande surtout à un
Président de la République
d’être responsable et de voir en face la situation. Mais
voilà, François Hollande s’entête.
« Inverser
la courbe du chômage à la fin de l’année
2013 » : c’est le grand leitmotiv présidentiel
de ce début d’année. Répété en boucle, François Hollande
s’accroche à cet objectif – louable par ailleurs.
« C’est une nécessité sociale et
économique », martèle-t-il. « Il faut
donner confiance aux français », insiste-t-il. Or la
méthode Coué n’a jamais fait une politique nationale.
Chacun
le sait, et en particulier les chômeurs, les faits contredisent le
Président. Avec 3 169 000 chômeurs en janvier 2013, nombre qui
rejoint les niveaux de 1997, l’avenir est sombre. Pire : si
l’on comptabilise toutes les catégories de chômeurs
(catégories A, B et C), le nombre réel de chômeurs
atteint 4 967 500 autant dire 5 millions. La situation économique ne
prévoit aucune amélioration et au Salon de l’Agriculture,
le 23 février, François Hollande a confirmé que « l’année 2013 sera marquée par une
progression du chômage. »
Autre
exemple d’entêtement présidentiel : la
prévision de croissance à 0,8%. François Hollande et le
gouvernement avaient procuré les éléments de langage
à la majorité socialiste pour tenir tête à la
réalité économique. Alors que le FMI, la Commission
européenne et même l’Insee prévoyaient une
croissance entre 0,3% et 0,1%, Hollande n’en démordait pas.
C’est que son programme électoral ne pouvait pas être
financé avec une croissance en-dessous de 0,8% Or, niant la réalité
économique, il a mis en place des mesures coûteuses comme les
emplois d’avenir, les contrats de génération, la
garantie-jeune et bien d’autres, dont le financement dépendait
d’un taux de croissance de 0,8%.
Évidemment, la réalité s’est imposée
d’où les nouveaux prélèvements
envisagés : fiscaliser les prestations
familiales, taxer les majorations des retraites, faire payer les
expatriés fiscaux.
Autre
cas d’entêtement/déni : l’objectif martelé
par François Hollande de vouloir ramener le déficit public
à 3% du PIB en 2013. Si Claude Bartelone,
président de l’Assemblée nationale, avait plus ou moins
gaffé en septembre 2012 en annonçant que cet objectif
était intenable, l’exécutif s’est arc-bouté
sur sa promesse. Même si le FMI et la plupart des experts disaient que
ce n’était pas possible, François Hollande insistait. Il
a fallu que la Commission européenne reconnaisse que la France ne
serait pas capable de tenir cet objectif pour qu’enfin les langues se
délient et que Pierre Moscovici, ministre des finances, abonde dans ce
sens. Le déficit atteindrait 3,7% selon Bruxelles en 2013.
Ces
dénis de réalité sont graves. En reconnaissant au
dernier moment, et sous la contrainte des données économiques
incontournables, le Président se prive de l’anticipation
nécessaire à tout homme qui veut gouverner et risque de mettre
en place des politiques ficelées dans l’urgence.
Un leader doit
montrer de la détermination. François Hollande a confondu cela
avec de l’entêtement.
Un homme déterminé sait s’adapter aux
réalités pour atteindre son objectif alors que
l’entêté refuse les faits et va droit dans le mur. Le
problème est que François Hollande n’y va pas seul :
il entraîne 65 millions de français avec lui.
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