A la fin du mois dernier, nous
avons pu entendre que le Mexique était sur le point d’organiser l’audit de
son or stocké auprès de la Banque d’Angleterre.
Le journaliste financier Guillermo
Barba a écrit que la Fédération Mexicaine des Audits (ASF en Espagnol) a
demandé officiellement à ce que la Banque du Mexique organise l’inspection
physique de l’or qu’il détient auprès de contreparties étrangères afin de
vérifier et valider sa présence et le respect des termes et conditions
relatifs à la garde de cet actif. ‘Selon l’ASF, ceci n’aurait jamais été fait
par Banxico’.
Il semblerait même que Banxico ne soit pas tout à fait certaine du nombre de
barres d’or qu’elle possède.
Ce dont s’inquiète Barba, tout
comme d’autres individus et nations, est que l’or du Mexique ne soit plus où
il est supposé se trouver. Dans des documents envoyés par Banxico
à Barba, référence est faite au LBMA, ce qui selon le journaliste est assez
déconcertant. L’or du Mexique ferait donc partie du système de réserve
fractionnaire sur lequel opèrent de nombreuses banques commerciales, ce qui
pourrait bien entendu ne pas représenter un trop grand danger du moins, tant
que trop de pays ne viennent pas réclamer leur or en même temps.
L’or stocké auprès de la
Banque d’Angleterre a fait l’objet d’une brève enquête au début de l’année
après que l’Allemagne ait annoncé qu’elle rapatrierait une partie de son or
placé à l’étranger, non pas depuis la Banque d’Angleterre, mais depuis la
Banque de France et la Réserve Fédérale.
A l’époque, beaucoup pensaient
que l’or Allemand placé auprès de la Banque d’Angleterre n’était pas retourné
à l’Allemagne parce que cet or n’est pas sujet à des frais de stockage et que
cette décision est économiquement sensée. Au cas où quiconque douterait de
l’existence de l’or dans les coffres de la Banque d’Angleterre, la Reine a
été envoyée s’y promener avec un photographe pour rassurer le reste du monde.
Il est toutefois clair que la
visite d’Elizabeth II n’a pas été suffisante pour tranquilliser l’esprit des
Mexicains.
Le rapatriement de l’or
Allemand et l’audit de l’or Mexicain ne devraient pas être de grandes
nouvelles.
Le fait même qu’elles le
soient ne fait que retranscrire l’imbécilité des banquiers centraux. Les
banques centrales semblent désormais penser qu’elles auraient dû prêter
meilleure attention à la qualité, l’emplacement et l’existence même de leur
or.
Stockage
d’or physique sur Threadneedle Street
Historiquement, il semblerait
qu’un accord entre hommes ait été suffisant pour garantir l’existence de l’or
d’une banque centrale dans les coffres d’une autre.
Le Mexique, selon les données
officielles, disposerait de 125 tonnes d’or physique, dont 95% seraient
stockées à l’étranger parmi lesquelles 99% dans les coffres de Threadneedle Street. Son or ne représente que 4% des
réserves totales du Mexique, et ne pas plus d’1,12 gramme par tête d’habitant.
Non seulement le Mexique
possède de l’or à l’étranger, mais sa production minière augmente. Bien que
l’argent représente la vache à lait minière du Mexique, le pays est également
le dixième plus important producteur d’or mondial. Selon le Conseil Mondial
de l’or, d’ici 2014, le Mexique produira approximativement 75 tonnes d’or par
an – une hausse de 80% de la production par rapport à 2007. Entre 2010 et
2011, sa production annuelle a augmenté de 22%, soit le plus important taux
de croissance mondial en matière de production. A l’heure actuelle, sa
production d’or ne s’élève qu’à 0,38% de son PIB.
En 2011, le pays faisait la
une des journaux après avoir acheté près de 100 tonnes d’or entre les mois de
février et mars. Il s’agissait alors, et c’est encore le cas aujourd’hui, du
plus important achat mensuel jamais effectué par une banque centrale.
La Banque du Mexique a précisé
que sa volonté d’investir sur l’or fait partie intégrante de sa volonté de
diversifier ses réserves qui se sont rapidement étendues en passant de 75
milliards à 120 milliards de dollars entre le premier trimestre de 2007 et le
premier trimestre de 2011.
L’achat d’or est souvent
expliqué par la volonté d’une nation de diversifier ses réserves de devises.
Mais aujourd’hui, de plus en plus nombreux sont ceux à percevoir cela comme
une inquiétude vis-à-vis des devises – que ce soit du dollar ou d’une autre
devise nationale.
Mais la demande d’audit ou de
rapatriement de son or par un pays prouve clairement qu’il n’a aucune
confiance en la nation chargée d’en prendre soin.
Pourquoi l’ASF a-t-elle décidé
qu’aujourd’hui était le bon moment pour commencer à poser des questions à
propos de l’or du Mexique ?
De la même manière que de
nombreuses autres devises, le peso Mexicain perd rapidement de sa valeur.
Mais pas beaucoup plus que la livre sterling.
Comme je l’ai expliqué il y a
peu de temps dans mon article 5 reasons why a country would repatriate their gold,
l’une des raisons pour lesquelles auditer son or est le manque de confiance
envers la manière dont le pays qui en a la garde gère sa propre devise. Les
récentes fluctuations de valeur de la livre sterling sont peut-être à
l’origine de la demande de l’ASF.
Peut-être le Mexique a-t-il vu
venir la chute de la valeur de la livre sterling et décidé de prêter plus
d’attention à son actif le plus précieux. Ce mois-ci, l’or a baissé par
rapport au peso, mais il a grimpé par rapport à la livre.
La Banque d’Angleterre doit
être tenue comme seule responsable de la dévaluation de la livre sterling. La
situation est si catastrophique que la livre sterling est actuellement l’une
des deux seules devises à avoir perdu de la valeur par rapport à l’or.
Malgré la perte de son bien
aimé classement triple A, la Banque d’Angleterre demeure disposée à dévaluer
sa devise et à poursuivre sa politique de quantitative easing
– voire à la renforcer.
Pouvons-nous
avoir confiance dans la Banque d’Angleterre ?
Une autre raison qui selon moi
expliquerait les enquêtes dont sont l’objet les réserves d’or est que
nombreux sont ceux qui pensent qu’elles n’existent plus.
Comme Alasdair
Macleod l’expliquait dans un récent article, la banque d’Angleterre est la
banque centrale dans laquelle le monde a le plus confiance, et qui gère le
plus important marché de l’or physique à l’échelle globale.
En revanche, Macleod a conclu
(comme Barba l’a également mentionné) que ‘selon certaines suppositions, il
semblerait que les quantités d’or monétaire détenues par la Banque
d’Angleterre, parmi lesquelles celles de l’Allemagne, de l’Autriche et du
Mexique, ne puissent s’élever à plus de 3320 tonnes, peut-être même moins.
L’idée que la plupart des banques centrales du monde placent leur or à
Londres est donc erronée. Voilà qui soulève deux questions : où se
trouve tout leur or, et existe-t-il vraiment ?
Pour le moment, et jusqu’à ce
que l’existence de son or soit prouvée et qu’il soit rapatrié, le Mexique
risque de ne jamais récupérer son dû. Comment peut-il être certain que ses
réserves sont en sécurité ?
Les
investissements en or du Mexique
La semaine dernière, tout
semblait indiquer la fin du marché haussier de l’or. Et pourtant, les
économies émergentes organisent non seulement l’audit de leur or, mais
continuent d’en acheter. C’est à se demander si les analystes, du haut de
leurs tours de dollars, savent vraiment ce qui gouverne ce marché haussier.
Bien que son prix ait
fortement chuté, nous devons garder à l’esprit que son prix n’est pas tout.
Il nous faut également observer les fondamentaux de l’or. La relation des
banques centrales avec l’or a été l’un des principaux facteurs de la hausse
du prix de l’or au cours de ces dernières années. Qu’elles n’en achètent pas
des centaines de tonnes ne veut pas dire qu’elles ne sont plus intéressées.
A mesure que les perspectives
d’une nouvelle guerre des devises s’intensifient, de plus en plus de banques
centrales parleront de faire le ménage dans leur propre demeure.