Parfois, lorsque la situation est catastrophique, que les ténèbres s’étendent, que notre seul vision d’avenir n’est que famine, maladie et bières tièdes, il faut rassembler ses dernières forces et trouver le courage nécessaire pour poser un geste fort, le tout dans un lyrisme et une grandiloquence outrée histoire de rajouter du pathos à la mort de millions de chatons. J’ai posé ce geste : mon livre est aujourd’hui disponible dans toutes les bonnes librairies.
Oui, ça y est. Un éditeur, Les Belles Lettres, a pris ce risque insensé de publier mes aigreurs d’estomac et mes petites réflexions décousues. Comme je le disais en introduction, il s’agit bien de courage : en ce XXIème siècle, il n’y a pas beaucoup d’auteurs libéraux francophones publiés en France et je suis heureux de contribuer, à ma fort modeste capacité, à la production locale, à l’un de ces Made In France, la pensée libérale, qui a fort bien réussi à s’exporter partout dans le monde, alors même que le mode d’emploi et de fabrication se perdait pour ainsi dire complètement dans son pays natal.
En l’espace de 276 pages écrites dans une police de caractères étudiée pour le libéralisme intrinsèque de ses empattements, sur un papier d’une blancheur aussi calculée qu’efficace, j’ai rassemblé une soixantaine des billets produits sur ce blog, de septembre 2005 à juillet 2012, et les ai regroupés sous les thèmes que j’aborde régulièrement ici. Vous trouverez donc de la politique politicienne, des sujets de société, de la liberté d’expression et des pignouferies de presse, des atermoiements sur l’éducation (qui n’est plus ce que c’était, ma brave dame, je vous jure), des remarques assassines sur les sévices publics et quelques boutades corrosives (mais méchamment sourcées) sur l’écologisme à la sauce franchouille.
Plus à propos, et même si ce livre est avant tout un recueil d’une sélection de billets que j’espère amusante et pertinente, il constitue aussi un témoignage, une tranche de vie française analysée sous l’angle libéral en conservant à l’esprit qu’il fut un temps pas si lointain où la France était un pays de liberté, se réclamait de ce principe et le prouvait effectivement par une grande bienveillance de l’État vis-à-vis de ses administrés. C’était un temps où l’État n’occupait pas plus de la moitié des activités, ne pompait pas plus de la moitié des richesses du pays, et n’intervenait pas depuis la première claque administrative et obstétrique sur les fesses jusqu’au dernier récépissé en triplicata d’une succession suite à enterrement. C’était un temps où les notions de propriété et de responsabilité voulaient encore dire quelque chose de concret et garantissaient ainsi l’exercice normal et régulé de la liberté des citoyens.
Ce temps est maintenant largement révolu, et le contraste que le recueil fournit dans chacun de ses textes est si grand qu’il oscille entre l’absurde d’un pays dépassé par sa bureaucratie devenue folle et le comique de situations incontrôlables. Vous découvrirez ainsi au fil des pages l’opposition de deux pays, de deux populations. D’un côté, une France qui travaille et tente de s’adapter aux avanies que lui réserve, de l’autre côté, une section bien spécifique de la population qui forme la Fraônce.
La Fraônce, c’est une idée grandiose de la France, avec des trémolos dans la voix et de la musique magistrale un rien pompeuse dans le fond, c’est un peu la rencontre fortuite d’une carte d’état-major organisée avec le soin martial nécessaire à une occupation minutieuse du terrain intellectuel, de la vision imprécise et mal cadrée d’une intelligentsia aux contours flous, et d’un ensemble de concepts portés à bout de bras par une partie de sa population, frémissante à l’idée – un tantinet discutable – que l’ensemble de la planète la regarde attentivement en prenant des notes. Elle est composée d’une faune aussi étrange que colorée, allant du politicien au journaliste en passant par l’écologiste conscientisé, l’enseignant revendicatif ou le postier mal dans sa profession.
Ce bateau Fraônce a, depuis bien longtemps, largué les amarres du port de la réalité pour voguer dans les eaux mousseuses d’une fiction de société où chacun s’entraiderait généreusement grâce à l’action indispensable de l’État, ses administrations et leurs cohortes de thuriféraires joyeux, pour le bien de tous. À l’instar d’une Croisière Qui S’Amuse franchement bien sur le pont d’un gros bateau cossu, cette Fraônce regarde le reste du pays, déjà loin à l’horizon, au travers d’une longue-vue cuivrée aux réglages incertains. Et c’est à cette croisière que je vous convie avec mon livre.
Je ne prétendrai pas, avec lui, vous fournir beaucoup plus qu’une alternative amusante au dernier Guillaume Musso ; au moins, sur la plage, des gens se poseront vraiment la question de savoir ce que vous lisez. Mais j’espère en tout cas vous apporter une réflexion et un contenu plus fourni qu’un indigent « Indignez-vous » qui, s’il a ceci de pratique d’avoir la bonne épaisseur pour caler des tables boiteuses de bistrot, n’en est pas moins décousu. Peut-être certains d’entre vous, fatigués d’entendre toujours le même maelström de bêtises provenir soit de la télé, soit d’une flopée de connaissances familiales pénibles et politiquement approximatives, trouveront-ils dans cet opus quelques arguments à faire valoir. Et puis, 276 pages, c’est assez épais pour constituer une vraie arme par destination lorsque les situations et les discussions se tendent vraiment.
Bref : avec un prix extrêmement démocratique et parfaitement standard dont vous pourrez vous enquérir sur Amazon, il vous sera facile d’en acheter plusieurs et les distribuer dans les repas de famille, dans vos galas mondains et dans vos Réunions de Résistance Armée que vous organisez clandestinement.
Bonne lecture, et surtout, faites connaître !