Le 27
février dernier, le Sénat a adopté une loi d'amnistie
visant les délits commis dans le cadre d'activités syndicales
et de mouvements sociaux.
L'exposé
des motifs présenté par le groupe communiste (courant qui
bénéficie il est vrai d'une certaine expertise en matière
de violence d’État) justifie cette amnistie collective avec le
raisonnement suivant : La lutte sociale ne devrait pas
être bridée par la loi, car le combat syndical impliquerait
presque mécaniquement des dérapages (séquestrations,
menaces, vandalisme, etc.)
Le
détail des articles est particulièrement savoureux. La plage de
temps amnistiée, (entre 2007 et 2013...), la nature
des infractions (passibles de cinq ans d'emprisonnement au plus), le public
concerné (salariés, fonctionnaires, « mouvements
revendicatifs et associatifs », à l’exclusion des
professions libérales et des exploitants agricoles), etc.
Il est
difficile de faire ici le tri entre l'idéologie et ce qui tient du
clientélisme le plus grossier.
Outre le
signal envoyé aux militants syndicaux et autres indignés en
deuil, le vote de ce projet de loi est très grave sur le plan moral,
et aura inévitablement de lourdes conséquences
économiques.
Sur le plan
moral tout d'abord.
Alors que la
justice est supposée faire respecter la loi par tous, elle
exonère avec ce texte une partie des délinquants au
prétexte du cadre « militant » dans lequel ont
été commis les délits. Il serait donc mal de
séquestrer quelqu'un, sauf un patron, qui l'aurait sans doute
sûrement un peu mérité.
Sur le plan
économique ensuite.
À
l'heure où la correspondance d'Arnaud Montebourg et du
Président de Titan met un coup de projecteur sur les raisons
réelles du manque enthousiasme des entrepreneurs à mener une
activité industrielle en France, l’État français
envoie un message clair aux investisseurs qui hésitaient encore dans
notre notre pays, les syndicalistes ont le droit de
casser, de séquestrer, de violenter, avec la bénédiction
du parlement.
L'actualité
très récente donne d'ailleurs de bonnes raisons de
s'inquiéter. Début février, les ouvriers de la fonderie
DMI de Vaux, dans l'Allier, ont truffé leur usine d'explosifs et de
bouteilles de gaz, menaçant de tout faire sauter dans le cadre de la
reprise du site. À Aulnay, ce sont 500 grévistes qui bloquent
l'usine PSA depuis plus de six semaines, empêchant les 2300 ouvriers
non-grévistes de travailler.
Quel
entrepreneur sérieux pourrait désirer investir de l'argent et
du travail dans une entreprise dont les employés pratiquent ce genre
d'intimidations ?
Quel
investisseur étranger pourrait choisir la France, quand celle-ci
encourage la violence syndicale, en dédouanant les délinquants
des infractions et délits commis à l'occasion des
« mouvements sociaux » ?
Ce contexte
balaye en réalité toutes les bonnes intentions et les
incantations politiques en matière de ré-industrialisation. Il
est vain de vouloir garder des entreprises en France, et même
d’espérer les empêcher de partir, en s'employant aussi
méthodiquement à dissuader toute forme de
velléité entrepreneuriale. Malheureusement, il y a fort
à penser que le mouvement de délocalisation et de désindustrialisation
va continuer son accélération, et il faudra alors avoir
d'autres idées que d'enfiler une marinière, et de lever l'index
au ciel.
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