La confiance
est le fondement de toute relation. C’est celui de
l’amitié. C’est celui de l’économie. Car
l’économie n’est pas qu’une question de chiffres, de
courbes, de taux : c’est d’abord une question de confiance.
Il faut croire dans le fait que l’on peut échanger des biens
pour en tirer un bénéfice avec quelqu’un d’autre et
que tout le monde sera gagnant. S’il n’y pas de confiance, il
n’y a pas d’échange. C’est aussi simple que cela le
commerce.
Non à 91%
Or, la
confiance entre l’exécutif français et les entreprises
surtout les TPE et PME qui forment le maillage entrepreneuriale du pays est
au plus mal. Selon le baromètre Ifop-Fiducial
du 12 mars 2013 sur les très petites entreprises (TPE), 91% des chefs
d’entreprises ne croient pas en François Hollande. Une crise de confiance
réglée en quatre questions qui est de très mauvais
augure pour les échanges en France :
1- L’action
de François Hollande et de son gouvernement encourage-t-elle les
patrons de TPE ? Non à 91%.
2- L’action
de François Hollande et de son gouvernement donne-t-elle envie
d’investir et d’embaucher ? Non à 91%.
3- L’action
de François Hollande et de son gouvernement encourage-t-elle les gens
à investir dans les entreprises françaises ? Non
à 91%.
4- L’action
de François Hollande et de son gouvernement donne-t-elle envie de
devenir chef d’entreprise ? Non à 92%.
La troïka fatale
Ce n’est
plus un fossé, c’est un ravin qui sépare le gouvernement
des entrepreneurs et de leur petite entreprise, soit 96,8% du tissu
entrepreneurial français. Car toute aventure entrepreneuriale commence
de cette manière, pas autrement. C’est là qu’est le
véritable gisement de richesse d’une économie, pas dans
les emplois aidés, pas dans le crédit d’impôt
compétitivité entreprise (CICE), pas dans les incitations de
l’État. Et c’est aussi là que le poids du fardeau
social (troïka) est le plus fatal.
Au lieu de cela,
chaque gouvernement a laissé s’épanouir cette troïka :
l’Urssaf, le RSI (régime social des indépendants) et la
CIPAV pour la retraite. Il suffit
de se procurer le petit livret du RSI intitulé « Objectif
entreprise 2012 » pour comprendre.
Prenons le
calcul des cotisations pour les artisans et commerçants fourni par ce
livret en page 27. Les revenus professionnels sont estimés à 18
000 euros la première année et 23 000 euros la
deuxième année. Les cotisations RSI se montent à
3 257 euros pour la première année
d’activité, laissant un revenu net de 14 743 euros soit
1 228 euros par mois. La deuxième année, l’artisan
paiera 9 997 euros de cotisations et n’aura donc plus que
13 003 euros, soit 1 083 euros par mois, moins que le smic. Cela ne
semble pas gêner outre mesure notre troïka. Que dire des
cotisations de la troisième année qui atteignent 14 693
euros ! Si l’artisan encaisse toujours 23 000 euros de
revenus, il ne lui reste plus que 8 307 euros, soit 692 euros par mois.
Il rejoint alors les 14,2% de la population qui vivent
sous le seuil de pauvreté.
À ce
compte, autant arrêter tout de suite d’entreprendre et vivre des
aides de l’État. Et ce qui vaut pour les artisans et les commerçants,
vaut aussi pour les professions libérales.
Comment dès
lors interpréter cette phrase écrite en introduction du
livret : « Nous vous encourageons à vous faire
accompagner dans ce processus pour vous permettre de passer le cap des 3 ans
qui est souvent difficile pour les chefs d’entreprises. »
Difficile en effet de passer ce cap, non pas faute de
débouchés mais du fait de ce que l’État demande.
Cela ne semble
pas émouvoir François Hollande. Mais le sait-il seulement
? Car il faut être passé par les fourches caudines de la
création d’entreprise, par l’angoisse de trouver les
lettres de l’Urssaff, du RSI et de la CIPAV
dans sa boîtes aux lettres pour comprendre combien créer une
entreprise en France peut vite tourner au cauchemar et transformer un espoir
en désespoir. Mais l’exécutif français,
c’est-à-dire François Hollande et Jean-Marc Ayrault, est
composé de fonctionnaires. Ils ne sont pas passés par cette
initiation et ne sont que des profanes devant le monde de l’entreprise.
Pas besoin de
discours, de sécurisation de l’emploi, de crédit
d’impôt ou autre banque publique d’investissement. Non, la
première réforme de fond, celle qui serait essentielle pour le
tissu des TPE, mais aussi des PME-PMI, est très concrète :
réformer la troïka ! Diminuer le montant des cotisations
sociales et maladie pesant sur les créateurs d’entreprise serait
un énorme progrès pour l’entrepreneuriat français.
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