William Kristol
sait très bien ce qui ne va pas avec les Etats-Unis. Comme il l’a écrit
récemment dans le magazine vedette des néo-conservateurs, le Weekly Standard, le problème avec les Etats-Unis est
qu’ils semblent avoir perdu leur appétit pour la guerre. Selon Kristol, les fléaux qui se sont abattus sur les
Etats-Unis au XXe siècle ont été le résultat de leurs attaques périodiques de
fatigue de la guerre, une sorte de virus qu’ils semblent de temps à autres
attraper.
Il estime que c’est en raison
du retrait des forces des Etats-Unis en Europe après la seconde guerre
mondiale que Staline a pu subjuguer l’Europe de l’Est. C’est également en
raison de la fatigue de la guerre dont souffraient les Etats-Unis qu’ils ont
cessé de bombarder l’Asie du Sud-Est dans les années 1970, assurant ainsi
leur propre défaite. C’est la fatigue de la guerre ressentie par les
Etats-Unis dans les années 1990 qui est à l’origine du massacre au Rwanda, du
génocide perpétré par Milosevic et de la montée en puissance des Talibans.
C’est de la faute des Etats-Unis, le fait de ne pas avoir décidé
d’attaquer ! Selon Kristol, les attaques du 11
septembre ont uniquement eu lieu parce que les Etats-Unis n’ont pas rempli
leur rôle de gendarme du monde. Il écrit lui-même que ‘le 11 septembre 2001
n’est rien de plus que le fruit d’une décennie de refus de la part des
Etats-Unis de contrôler le monde’.
Ce genre de révisionnisme,
même pour d’autres néo-conservateurs tels que Paul Wolfowitz,
est difficile à accepter. Dans une interview
datant de 2003, Wolfowitz a lui-même admis que
c’est la présence de troupes Américaines en Arabie Saoudite qui a conduit à
la montée en puissance d’Al Qaeda :
‘Nous pouvons
désormais retirer nos troupes d’Arabie Saoudite. Leur présence dans la région
au cours de ces 12 dernières années a été la source de nombreuses difficultés
pour un gouvernement amical. Elle a servi d’argument de recrutement pour Al
Qaeda. L’une des plaintes principales de ben Laden était la présence de ce
qu’il appelait une armée Croisée sur la Terre Sainte, à la Mecque et à
Médine’.
Mais pour Kristol
et ses alliés, jamais assez de guerres ne sont menées. Selon une récente étude
menée par l’Université de Brown, l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis a
coûté la vie à près de 190.000 hommes, dont beaucoup n’étaient pas des
soldats. Elle a jusqu’à présent coûté plus d’1,7 trillion de dollars, et
finira peut-être par en coûter 6 trillions. 212 milliards de dollars ont été
dépensés dans le cadre de la reconstruction de l’Irak, sans pour autant que
le pays soit en meilleur état qu’il ne l’était avant que le projet ne soit
lancé. Le nombre de morts qu’ont entraîné les guerres menées par les
Etats-Unis en Irak, en Afghanistan et au Pakistan s’élève à plus de 329.000.
Mais rien de tout ça n’est suffisant pour Kristol.
L’idéologie néo-conservative
promeut la guerre éternelle. Mais les néo-conservateurs combattent leurs
guerres avec le sang des autres. Depuis les confortables bureaux de magazines
tels que le Weekly Standard, les néo-conservateurs
demandent aux Etats-Unis de s’engager dans une guerre totale – qui doit bien
entendu être combattue par des victimes de la pauvreté engagées dans l’armée parce qu'ils ne parviennent
pas à trouver un emploi dans leur Etat. Ironiquement, ces jeunes ne
peuvent pas trouver d’emploi plus productif parce que l’incessant désir de la
Fed à imprimer de la monnaie pour garder la machine de guerre en marche a
ruiné l’économie de leur pays. Les six trillions de dollars qui seront
dépensés dans le cadre de la guerre en Irak ne seront rien de plus que des
morceaux de papier qui éroderont la valeur du dollar aujourd’hui et jusque
dans le futur. La taxe de l’inflation est la plus régressive et la plus cruelle
de toutes.
C’est vrai, les Américains
sont fatigués de la guerre. Mais Kristol ne blâme
pas les Américains moyens. Selon lui, le vrai problème est que le Président
ait cessé de terrifier les Américains avec l’amas de mensonges qui a conduit
à l’invasion de l’Irak. ‘Il est tout à fait normal de voir que les Américains
ne supportent plus la guerre en Afghanistan, des années après que le
président ait cessé d’essayer de mobiliser leur support, de leur conter les
exploits des troupes envoyées sur le terrain et d’exprimer l’importance de
leur mission’.
Si seulement nous jouissions
de plus de propagande de la part du gouvernement, peut-être serions-nous
sauvés de notre fatigue de la guerre. Il y a dix ans, les Etats-Unis
envahissaient l’Irak sous l’influence des mensonges des néo-conservateurs.
Ces mensonges continuent de promouvoir l’intervention des troupes Américaines
dans des pays tels que la Lybie. Les prochains sur leur agenda sont la Syrie
et l’Iran. Il est temps pour les Américains de dire qu’ils en ont
assez !