Le parlement chypriote a rejeté le plan de
sauvetage non-conventionnel tel que proposé par l'Union
européenne, en raison du mécontentent populaire manifesté
par la classe moyenne de l’île qui n’apprécie pas du
tout qu’on veuille lui confisquer son épargne.
On parle actuellement de la mise en place de
contrôles de capitaux pour empêcher les fonds de fuir l'île
lorsque les banques seront finalement autorisées à rouvrir. Inutile
de rappeler qu’il s’agit-là d’une atteinte grave
à l’un des piliers de l’Union européenne
qu’est la libre circulation des capitaux.
Les épargnants se voient donc refuser l’accès
à leur argent (ils ne peuvent retirer que 700 euros par jour) et des
mesures de contrôle supplémentaires sont à l’ordre
du jour. Les entreprises ne peuvent pas fonctionner dans de telles conditions :
le secteur privé risque de s’effondrer.
Bref, la situation est très mauvaise.
Le pays n’a finalement le choix qu’entre
4 scenarios.
Scenario
1 : gaufre bruxelloise
Une réunion d’urgence a lieu pour
décider du sort de Chypre. La zone euro accepte de prêter
l’argent nécessaire pour renflouer les banques en faillite et
impose un plan de réforme vague mais symboliquement drastique, de
façon à sauver la face du gouvernement allemand. Le
gouvernement chypriote peut aussi se déclarer vainqueur car il a
sauvé la classe moyenne de son pays.
Scenario
2 : koulak braisé
La réputation de l’île comme
paradis fiscal étant d’ores et déjà
détruite, les déposants étrangers vont retirer tous
leurs fonds dès qu’ils le pourront. Le gouvernement décide
donc de ne pas s’approprier les avoirs des épargnants en-dessous
d’un certain seuil en banque mais confisque 15%, 20% ou 30% de ceux situés
au-dessus. Autre possibilité : le gouvernement confisque une
partie des liquidités des plus riches en échange de bons du
Trésor sur 5 ou 10 ans (je vous laisse en deviner la valeur sur
le marché), peut-être garantis par des bons de souscription « à
la nigériane »sur l’exploitation du gaz naturel de la
zone maritime de l’île. Beaucoup d’emplois liés au
secteur financier disparaîtront immédiatement mais le
gouvernement pourra se poser en défenseur du peuple.
Scenario 3 :
tango argentin
Suite à une réunion en privé,
les chefs des plus grands partis de l’île décident de
demander à leurs députés de voter un plan
rectifié : au lieu de saisir les liquidités des
résidents, le gouvernement confisquerait en partie d’autres
avoirs comme par exemple les retraites des chypriotes. Ce serait moins douloureux immédiatement
mais pourrait tourner assez mal.
Scénario
4 : suite islandaise
La situation reste bloquée trop longtemps. Les
banques font défaut. L’État chypriote fait faillite. Et
la situation s’assainie en deux ans, comme en Islande.
Si le scenario 1 ne se produit pas, il semble
préférable pour le gouvernement chypriote d’opter pour le
scenario 2. Apparemment, il choisit de s’en distancer
(pourquoi essayer de sauver un secteur financier déjà mort
?) en proposant un plan B similaire au scenario 3.
J’ai une préférence pour le
scenario 4. Les renflouements de toutes sortes doivent cesser et si le
système financier mondial s’effondre alors, qu’il meurt.
Notre génération doit encaisser ses pertes. Le report de nos douleurs
sur les générations futures est criminel. Le marché,
totalement absent de la situation actuelle où l’État contrôle le
système financier, doit être libre de mettre en œuvre les
solutions adéquates aux mauvaises décisions qui ont
été prises dans le passé.
La crise chypriote ne détruira pas la zone
euro mais elle est en train de montrer au monde à quel point la structure
et les mécanismes de la zone monétaire sont accablés.
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