Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Avec cette crise même pendant le week-end de Pâques il se
passe encore des choses alors que normalement il ne se passe jamais rien.
Comme j’écris ces lignes le 1er avril, je voulais vous
faire un petit poisson du style… la crise est finie. Mais d’une
part vous risquez de ne pas trouver cela drôle et en plus vous
connaissant avec vos esprits de contrariens
chagrins, vous n’y croiriez pas une seule seconde ! Dur de faire
prendre des vessies pour des lanternes à notre communauté de
gentils « chagrins » !!
Bon attaquons les choses sérieuses. L’équipe de
Monsieur Bricolage s’inquiétait de la force de
l’euro… qui continue sa baisse. Pour ceux qui n’auraient
pas suivi, Monsieur Bricolage c’est le nouveau surnom de notre
Président de la République alias le « pingouin » la
semaine dernière. Le pauvre. Chaque semaine un nouveau surnom.
L’euro
recule, bazar en Europe !
L'euro poursuit donc sa baisse, les « zinvestisseurs
» jouant la prudence après les événements
chypriotes et la poursuite de l'impasse politique en Italie.
A Chypre, l’Eglise orthodoxe, rentre directement dans la
polémique et dans la politique puisqu’elle demande la sortie de
la zone euro, et a appelé dimanche à la démission du
ministre des Finances Michalis Sarris
et du gouverneur de la Banque centrale Panicos Demetriades, puisque les pertes de l’Eglise vont
être énormes dans le cadre de cette restructuration.
D’ailleurs selon la presse chypriote, l'Eglise orthodoxe, qui
est le plus important propriétaire foncier de l'île, a saisi la
justice pour tenter d'empêcher toute saisie sur ses avoirs à la
Bank of Cyprus.
En Italie la situation n’est guère plus brillante. Le
président de la République Giorgio Napolitano
(donné par la rumeur comme démissionnaire lui aussi, mais qui
aurait cédé aux suppliques de Mario Draghi
le gouverneur de la BCE qui se serait mis en quatre pour qu’il reste
à son poste encore quelques semaines) a décidé samedi de
charger "deux groupes restreints de personnalités" de
chercher une solution pour débloquer l'impasse politique et doter
l'Italie d'un nouveau gouvernement, ce qui n’est pas gagné, vu
que Bersani qui était chargé
jusqu’à présent de cette tâche a fini par jeter
l’éponge. Aucune alliance ne semble actuellement possible.
Afin de rassurer ses partenaires étrangers, M. Napolitano a indiqué que son pays «
n'était ni à la dérive, ni dépourvu d'un
exécutif », dans la mesure où « le gouvernement (de
Mario Monti) bien que démissionnaire reste en charge, et il est sur le
point d'adopter des mesures urgentes pour l'économie, en accord avec
l'Union européenne ». Je me sens tout de suite rassuré y
compris sur l’avenir de la démocratie dans les pays
touchés par la crise financière où des gouvernements non
élus et désignés d’office sont maintenant
carrément maintenus en dépit du résultat des
élections. Il ne faut pas oublier que celui qui dirige l’Italie
actuellement en appliquant le programme qui convient aux grands mamamouchis
européens a remporté 10% des suffrages… ce qui ne fait
pas lourd !
Apprenez par
cœur la définition du terme bail-in ! Cela va vous servir
prochainement !
Voilà qui restera sans doute comme le mot de
l’année. Bail In ! Un nouveau terme qui vous permet de
comprendre comme les chypriotes qui en font l’expérience en
premiers, comment vous allez vous faire ruiner légalement et sans
pouvoir rien dire.
Le « bail-in » c’est l’inverse de tout ce qui
a été fait jusqu’à maintenant et pour moi
c’est évidemment la moins mauvaises des pires des solutions.
Depuis le début de la crise dite « des subprimes » qui a commencé en 2007 nous
avons privatisé les bénéfices des banques et
socialisé les pertes qui étaient prises en charge par les
états selon le principe du « too big to fail »
c’est-à-dire trop gros pour faire faillite.
Pourtant il ne faut pas se leurrer. Par définition et
c’est d’une logique implacable, une banque « too big to fail
» est également bien souvent « too
big to save »
c’est-à-dire bien trop grosse pour être sauvée
même par les états. C’est ce que vous avez vu avec la
Grèce (qui n’est pas un paradis fiscal rempli de mafieux russes)
ou encore avec Chypre. Mais c’est aussi le cas des banques du
Luxembourg dont les bilans représenteraient environ 30 fois la taille
du PIB du pays, ou encore de la France dont le seul bilan de la BNP est
égal à notre PIB… et pourtant nous non plus nous ne
sommes pas à proprement parler un paradis fiscal.
Nous en sommes donc arrivés en Europe au moment où nous sommes
obligés de reconnaitre que nous ne sommes pas capables de sauver nos
banques (ce qui est connu depuis plus de cinq ans d’ailleurs),
d’où l’invention du terme « bail-in » qui
consiste à dire que les obligataires (ceux qui ont prêté
aux banques en achetant des obligations), les actionnaires (les
propriétaires des banques) et également les déposants
(qui n’ont pas d’argent en banque puisque les dépôts
à vue sont des créances sur la banque…) seront
désormais mis à contribution pour régler la note en lieu
et place des états qui ne le peuvent pas puisqu’ils sont
également insolvables.
La garantie
des dépôts est un mirage !
La non plus, n’imaginez pas un seul instant que la garantie des
dépôts est une certitude, y compris pour les comptes de moins de
100 000 euros. Pour le moment cela tient. Mais en fonction des cas, des
banques, des pays et de la typologie des dépôts, sauver une
banque peut nécessiter de baisser le seuil de garantie voire
même de le supprimer.
Comment voulez-vous que des états insolvables et en faillite
puissent vous garantir quoi que ce soit ?
Comment voulez-vous avoir confiance dans le système financier
alors qu’à Chypre, en moins de quinze jours nous sommes
passés d’une taxe de 9% sur les dépôts de plus de
100 000 euros à une ponction de 60% officiellement annoncée et
à des rumeurs de plus en plus crédibles d’un taux qui
pourrait monter jusqu’à 80% !!! Autant dire que dans ce dernier
cas, il ne vous resterait plus grand-chose.
Mais c’est la meilleure des mesures, ou la moins mauvaise, puisque
les dégâts sociaux, économiques, et pour tout dire le
chaos qu’entrainerait des faillites d’états est bien plus
grand que de voir quelques milliers ou millions d’épargnants
perdre leur épargne… de tout temps, cela s’est toujours
passé de cette façon-là. Alors ne soyez pas surpris. On
prend l’argent là où il est, c’est-à-dire
dans les poches de ceux qui en ont !
Alors certains diront, mais Charles voyons, Monsieur Bricolage a
annoncé que personne ne reviendra sur la garantie des 100 000 euros,
que Chypre est un cas particulier et qu’ils ont vite démenti que
ce qui s’est passé à Chypre servirait de modèle
à l’avenir. On peut donc aller se recoucher tranquillement.
Sauf que, ce n’est pas tout à fait vrai. Klaas Knot membre du Conseil
d'administration de la BCE et gouverneur de la banque centrale des Pays-Bas
vient de confirmer les déclarations du Président de l’Eurogroupe Monsieur Dijsselbloem
en disant : «ses propos se réfèrent à une approche
qui est sur la table depuis un moment en Europe. Cette approche fera partie
de la politique de liquidation européenne » et de poursuivre,
« imposer un prélèvement sur les dépôts
bancaires - pourrait servir de modèle pour de futures crises ».
Voilà qui est suffisamment clair y compris pour ceux qui ne
voudraient pas comprendre.
Vers un
Bail-in mondial et simultané ?
Voilà une solution qui ne manquerait pas
d’élégance. Aucune échappatoire possible, ou que
vous mettiez votre argent il serait saisi à hauteur de x% permettant
aux pays occidentaux qui sont tous sans exception dans la même
situation de surendettement de repartir sur des bases économiquement
plus saines.
Impossible me direz-vous. Impossible sauf que le Royaume-Uni, les
Etats-Unis, le Canada (qui n’est pas le plus mauvais
élève loin s’en faut en termes de dettes), la France et
de façon générale l’Union Européenne sont en train de traduire dans les différentes
législations nationales ce principe de Bail-In afin de lui
conférer un cadre légal…
Cela fait des années que j’entends évoquer ici ou
là cette possibilité de « faillite » mondiale. Au
bout de cinq ans de crise aigüe, force est de constater que les choses
semblent plutôt se profiler dans ce sens, ce qui est logique, dans la
mesure où ce serait la seule solution qui rendrait ces faillites
supportables, y compris politiquement puisque dans un tel cadre, personne
n’en « profiterait ». Ce serait une remise à plat
géante, avec sans doute au bout un nouveau système
monétaire international et une nouvelle répartition des
pouvoirs dans les instances internationales.
Peu importe que cela se fasse de cette façon-là ou
d’une autre car ce qui est sûr c’est que désormais
les états laissent progressivement s’insinuer
l’idée que votre argent n’est plus garanti, en tout cas
au-delà de 100 000 euros. Vous pouvez toujours y croire… Ce que
je constate c’est que la situation financière de nos pays est
irrémédiablement compromise et que Monsieur Bricolage sera sans
doute le Président de la faillite. Autant qu’il s’habitue à
une côte de popularité en berne… car cela ne vas pas
s’arranger de sitôt.
Un instant
une communication urgente arrive en direct !
Sœur Anne m’indique à l’instant du haut de sa
fenêtre de l’Elysée, qu’elle voit arriver la
croissance… on est sauvé ! Mais non voyons, poisson
d’avril !
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.latribune.fr/actualites/economie/u....000-euros.html
http://www.reuters.com/article/2013/03/29/...E92S05P20130329
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