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L’idéologie
est insupportable, surtout lorsqu’elle est bête. La
désormais tristement célèbre taxe à 75% est un
engagement idéologique, bête de surcroît. Mais c’est
le genre de poil à gratter dont on se débarrasse difficilement.
La preuve en est que François Hollande l’a ressorti de son
chapeau présidentiel lors de son interview
télévisée du 28 mars dernier sur France 2.
D’aucuns
la croyaient presque mise au rebut ou alors plafonnée à 66,6%,
en tout cas subissant le sort de ces promesses électorales qui
s’estompent et s’oublient au fil du temps. Que nenni !
C’était sans compter les inexplicables sursauts
idéologiques d’un Président qui, pourtant, ne se veut pas
socialiste – il l’a dit durant l’interview.
Désignant
les grandes entreprises, celles où l’on trouve des
rémunérations à plus d’un million d’euros,
François Hollande décrit ce qui se passera : «
l’assemblée générale des actionnaires sera
consultée sur ces rémunérations. Lorsque la
rémunération dépasse un million d’euros,
l’entreprise aura une contribution à payer qui, toutes
impositions confondues, atteindra 75%. Donc, je respecte pleinement
l’engagement que j’ai pris. » Parce que ça,
c’est le plus important pour François Hollande : respecter
son engagement auprès de la gauche du parti socialiste, satisfaire les
collectivistes de tout poil au détriment des entrepreneurs.
Rien de plus
irresponsable pour un politique que de vouloir faire plaisir à ce
qu’il croit être sa clientèle électorale. Car
à vouloir à tout prix imposer sa taxe, il envoie un signal plus
que négatif aux grandes entreprises. Or, si je ne me trompe, ces sont
les entreprises qui créent des emplois et de la richesse, pas le Front
de Gauche, encore moins la CGT.
La
réalité est qu’en déplaçant la
responsabilité de la taxe à 75% des contribuables sur les
responsables de grandes entreprises uniquement, François Hollande non
seulement irrite encore plus les chefs d’entreprises, mais il divise
alors qu’il voulait rassembler. Thibault Lanxade,
PDG d’Aqoba et candidat à la
présidence du Medef, déclarait au lendemain de cette annonce
que « c’est une mesure qui concerne 2 000
personnes. Le Président de la République mène une
politique de fracture et dresse l’opinion contre les chefs
d’entreprise qui sont pourtant des partenaires incontournables pour
faire redémarrer la croissance. »
Une politique
de fracture qui détruit la confiance. Dans ce cas comment attirer les
investisseurs, surtout lorsque les décisions du Président
incitent à l’exil fiscal. Car François Hollande est assez
naïf en somme lorsqu’il dit que « beaucoup de grandes
entreprises qui pouvaient être tentées de
rémunérer certains cadres dirigeants, très peu
d’ailleurs, plus de 1 million d’euros, ces entreprises-là
feront, j’imagine, pendant deux ans – sauf à payer cette
contribution qui sera au plus de 75 % – feront en sorte,
peut-être, d’expliquer à ces cadres dirigeants que mieux
vaut, pendant deux ans, faire cette pause. » Une pause ? Une pause de
quoi ? Il n’y aura pas de pause, mais un déménagement des
cadres hors de France, c’est tout. Croire que les cadres de ces
entreprises resteront dans l’Hexagone pour faire plaisir au
Président est tout simplement ridicule. Le monde est ouvert, Monsieur
Hollande !
Si on voulait
faire partir de France les entrepreneurs et les cadres supérieurs, on
ne s’y prendrait pas autrement. C’est d’ailleurs ce que
confirme David Jouin, avocat associé chez
Gide Loyrette Nouel, qui
analyse : « beaucoup d’entreprises ont
réalisé, en menant des études comparatives approfondies
cet hiver, combien c’était coûteux de localiser leurs
cadres supérieurs en France par rapport à d’autres pays.
» Un constat appuyé sur une logique économique imparable
: « Le différentiel est considérable au point qu’il
permet aux entreprises de payer davantage leurs talents qui s’expatrient,
ce qui augmente leurs chances de les conserver. » En toute logique un
nouvel exode entrepreneurial se prépare : « une nouvelle
transhumance cet été est très probable. Les cerveaux, il
faut les payer. » Conclusion sur la taxe à 75% brandie par
François Hollande : « cette mesure fiscale est un
frein à l’attraction des talents en France. » Peut-on
être plus clair ?
Et puis
François Hollande a oublié un grand principe fiscal : quand on
met une taxe sur les vaches, ce ne sont pas les vaches qui paient. Alors
quand le Président dit : « pour ne pas être sur le champ
fiscal des ménages, on va le faire du côté de
l’entreprise », que croit-il ? Que l’entreprise est une
entité douée d’une vie indépendante de celle des
dirigeants et des employés ? Faire payer l’entreprise, comme il
le dit si bien, c’est ni plus ni moins faire payer les dirigeants, donc
des ménages.
Une nouvelle
fois se vérifie ce que l’économiste
Frédéric Bastiat disait : « le travail produit,
la politique détruit. » Et là, elle détruit
l’élite des cadres supérieurs français.
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