Voilà qui tombe finalement fort mal pour le président Hollande : au moment
où il veut nettoyer un peu la politique française tombée de Charybde en
Scylla, le voilà rattrapé par une délicate affaire personnelle qui pourrait
bien signer la fin prématurée de son quinquennat. Et comme vous allez le
découvrir, il ne lui sera pas simple de s’en sortir sans dommages.
Si on lui avait dit, au brave François, qu’il n’aurait pas un quinquennat
facile, il aurait, peut-être, hésité, mais il serait resté en lice. Si on lui
avait dit qu’il affronterait une crise financière et économique, il aurait
froncé les sourcils, mais il aurait maintenu sa candidature. Si on lui avait
expliqué qu’il aurait à se taper des ministres consternant de bêtises ou,
pire, corrompus et menteurs jusqu’à l’os, il aurait simplement haussé les
épaules, jusqu’à ce qu’on lui explique qu’en plus, ils se feraient gauler.
Là, le brave François aurait soupiré en prenant conscience de l’ampleur des
difficultés à venir. Mais il aurait tenu bon. Si on lui avait dit, cependant,
que pour sauver son quinquennat, il lui faudrait impérativement se marier à
Valérie Trierweiler ou, au moins, se pacser, il est
probable qu’il aurait lâché l’affaire, en courant de ses courtes jambes, le
pantalon déjà tâché d’une erreur réflexive de sphincter.
Incroyable ? Impensable ?
Pas tant que ça. Disons que, si l’on se fie à une affaire dont la béchamel
est en train de prendre, lentement mais sûrement, les proportions qu’elle
mérite, un mariage rapide et en catimini pourrait être une piste explorée par
le pauvre Président pour retrouver pied dans un jacuzzi de purin devenu bien
trop agité pour lui.
Tout commence il y a presque un mois avec la plainte d’un certain Xavier Kemlin, le 14 mars dernier. Contrepoints en avait relaté les principaux tenants &
aboutissants : en substance, le bouillant défenseur de petits actionnaires a
jugé scandaleux que Valérie Trierweiler, la
Première Dame / Copine / Maîtresse de Hollande puisse bénéficier des
largesses de la République puisqu’elle se fait loger, nourrir, entretenir,
payer son personnel et ses déplacements alors qu’elle n’a aucun lien
juridique ni avec François Hollande, ni avec le peuple français des les poches duquel elle tape en toute décontraction.
Bien évidemment, à la suite de cette plainte, la presse s’était à la fois
faite relativement discrète, et, pour les quelques articles qui en parlaient, relatait l’affaire sur un ton
goguenard ou mi-interrogatif, mi-amusé tant l’incongruité de la plainte semblait
évident : allons, voyons, s’attaquer ainsi à l’évidente Première Dame du
pays, c’est trop gros, ça ne passera pas !
Seulement voilà : la plainte est bien enregistrée, et il faudra l’instruire.
Peut-être les juges auront-ils envie, comme tant d’autres Français, d’une
Première Dame éventuellement potiche mais pas postiche ? En tout cas,
peu importe puisque la procédure est en marche. D’autant que sur le plan
pénal, il n’y a pas trop de doute : si Valérie Trierweiler
n’est ni pacsée, ni mariée à Hollande, elle n’est pas non plus élue ni
chargée d’une mission officielle et ne peut donc en aucun cas bénéficier, par
exemple, d’une équipe permanente de six « experts » autour d’elle à
l’Élysée chargés de sa « communication ».
Et si donc Trierweiler est bel et bien reconnue
comme une simple maîtresse de Hollande, elle a de fait participé à des
détournements de fonds publics à des fins personnelles. Inutile de dire que
les peines prévues sont incompatibles avec le protocole ; même un aménagement
substantiel des horaires de parloir à la Santé n’y pourront rien changer. Et
puis, tout ceci n’est guère synchrone avec l’idée qu’on peut se faire d’une
république irréprochable ou d’une quelconque moralisation de la vie politique
en France.
Zut et zut.
Bien sûr, on pourra objecter que tout porte à croire que nos deux amants
roucoulant ensemble depuis quelques temps déjà, et que ce fait était connu de
tous avant même le début de la campagne présidentielle, on assiste à un
concubinage notoire. François vit à la colle avec Valérie, et après tout,
pourquoi pas, hein ? Le mariage, c’est pour tous, sauf eux et n’en parlons
plus.
Sauf qu’alors, on se retrouve dans une panade encore bien pire puisque ce
concubinage, ayant officiellement commencé avant la campagne présidentielle, imposait
au président de déclarer un patrimoine un peu différent de celui qu’il nous mentit présenta en 2012 (de 1.17 millions
d’euros) et qui n’arrivait donc qu’un peu en dessous des 1.3 millions d’euros
fatidiques déclencheurs de l’ISF. Au passage, on ne s’étonnera pas que ne
figure pas, dans le patrimoine en question, la SCI (astucieusement nommée
« La sapinière » et inscrite au RCS Paris D 377 552 955), dont le
capital serait d’un peu plus de 900.000 euros (tout est ici), puisque notre président a clairement
prétendu s’en être débarrassé suite à la séparation d’avec sa précédente
copine / maîtresse / compagne. Mais sans même aller détailler la fameuse (fumeuse ?)
déclaration de patrimoine du président, il faut bien admettre que concubins
notoires, François & Valérie auraient dû déclarer un patrimoine commun
qui aurait largement dépassé les sommes indiquées, Valérie n’étant pas ce
qu’on peut appeler de la classe populaire. Et une déclaration de
patrimoine farfelue, lors d’une élection présidentielle, ne sera pas
camouflée par une volée de petits bisous républicains : normalement,
si la faute est caractérisée et le candidat condamné, cela équivaut à
l’annulation de la présidentielle et l’inéligibilité de François.
On peut tortiller les choses comme on veut, mais tout ceci se résume à
deux chose :
Soit Trierweiler n’a pas de lien
juridique avec Hollande et dans ce cas, elle doit payer pour ses frais
et rembourser ceux qu’elle a déjà fait, le contribuable n’ayant pas a servir de tiroir
caisse. L’alternative reste bien sûr une bonne condamnation des
familles, aussi souhaitable qu’improbable et qui mettrait un peu de piment
dans la vie du « couple » élyséen si morne à regarder au demeurant.
Soit Trierweiler est bien la concubine
de notre Président des Bisous, et la déclaration de patrimoine de François
Hollande est un faux lamentable, ce qui annule son élection et offre
un boulevard à un bordel indescriptible qui arriverait à point nommé pour une
France complètement désemparée.
Évidemment, on peut compter sur la presse et, plus largement, sur
l’establishment pour étouffer tout ceci et n’en faire qu’un petit vaudeville.
C’est pourquoi relayer cette information et ses implications est
indispensable : après tout, c’est notre président lui-même qui réclame avec
son petit air embêté des mesures fortes pour moraliser la vie politique, que
diable !
Finalement, qu’il est amusant de regarder cette République ! Elle n’aura pas
eu besoin d’une guerre, de terroristes, d’invasions ennemies ou de traitres
saboteurs pour s’étioler et mourir. Il lui aura seulement suffi de porter au
pinacle une succession d’imbéciles et de parasites.