LES HÉROS SONT FATIGUÉS

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Published : April 19th, 2013
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Category : Crisis Watch

Serait-ce la venue de premiers craquements annonciateurs ? Des signes peuvent le faire penser. Dans un premier temps, isolés, des iconoclastes relevaient ici et là le gant, mais sans plus d’effet; désormais des alarmes sont sonnées. Le parlement européen met sous pression la BCE pour qu’elle intervienne sans attendre, et le FMI s’inquiète tout autant que celle-ci de la situation des banques et des entreprises dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler la périphérie de l’Europe (traduire : celle qui pourrait sortir de l’euro). Mais celle-ci en vient à englober l’Espagne et l’Italie, à quoi va à ce rythme se réduire le centre ?

Après avoir été évacuée comme quantité négligeable, la dette privée revient au premier plan. Et la « dynamique vertueuse » créée par la BCE avec son programme OMT est en train de s’essouffler. Problème : elle ne dispose pas dans sa boîte à outils d’autres instruments d’intervention et cherche à agir via la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Le désendettement coince aussi bien côté public que privé. La Banque d’Espagne vient d’être prise la main dans le sac pour avoir fermé les yeux sur des manipulations des cours des obligations « préférentielles » de Bankia. Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, a reconnu dans une conférence qu’il y a « clairement une incertitude dans l’esprit de beaucoup de personnes sur le réel état des banques espagnoles » avant de précipitamment se rétracter. L’information a fuité en Italie, avant d’être démentie, que des juges avaient ordonné la saisie de 1,8 milliards d’euros auprès de la banque d’affaire mondiale japonaise Nomura, en relation avec les opérations douteuses de Monte dei Paschi di Siena. Enfin, Wolfgang Schäuble vient à son habitude jouer les trouble-fêtes en expliquant qu’une révision des traités européens serait selon lui nécessaire pour permettre la réalisation de l’union bancaire, le plus sûr moyen d’enterrer profondément le projet.

Mais cela dépasse le cadre européen. José Vinals, le directeur de la division marchés financiers du FMI, craint les « effets pervers » sur la stabilité financière mondiale des achats d’actifs des banques centrales et de leur taux très bas : prises de risque excessives, formation de bulles financières et relance de l’endettement. « Nous sommes, reconnaît-il, en territoire inconnu ». Janet Yellen, de la Fed, ne voit pour sa part « ni preuve généralisée d’une croissance rapide du crédit, ni accumulation marquée du levier financier, ni bulle spéculative importante susceptible de menacer la stabilité financière ». La clarté ne règne donc pas aux plus haut niveau.

Il a fallu quelques années pour convenir que le système bancaire n’allait pas si facilement se désendetter et que, dans certains cas, ce sont les actionnaires et les créanciers qui allaient devoir en faire les frais. Combien de temps va-t-il encore falloir pour admettre que le désendettement des États tel qu’il est imposé crée plus de problèmes qu’il n’en résout ?

Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, annonce qu’une décennie sombre se présente (« Surmonter la crise et les effets de la crise restera un défi au cours de la décennie qui vient »), et Mario Draghi que les banques centrales ne peuvent pas tout faire. C’est pourtant vers elles que se tournent ceux qui ne conçoivent pas qu’il est temps de remettre le monde financier à sa place, et qui fondent tous leurs espoirs sur une miraculeuse intervention dans la foulée des autres banques centrales occidentales qui ont ouvert les vannes de la création monétaire.

Christine Lagarde, bravant le ridicule, en vient à magnifier ces « héros de la crise » que sont selon elle les banquiers centraux, reléguant par la même occasion les chefs d’État et de gouvernement, sans voir qu’ils sont eux aussi fatigués. C’est sous ces auspices que va s’ouvrir demain jeudi une énième réunion internationale, un G20 finances à Washington, dont il ne sortira rien.

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Tout en refusant d'extrader Edouard Snowden, le président russe Poutine a encouragé l'ex-agent américain à se trouver un asile ailleurs. Mais, à part la Russie, on ne voit guère où Edward Snowden pourrait trouver un asile sûr.

L’Equateur ? Un pays bien sympathique mais dont le régime, pour l’instant favorable à l’ex-agent américain, peut à tout moment changer pour se rapprocher des Etats-Unis au besoin, en sacrifiant Snowden. Cuba ? Un régime à bout de souffle qui peut basculer presque d’un jour à l’autre. Le Venezuela ? La majorité de Maduro, le successeur de Chavez n’y tient qu’à un fil. Restent la Corée du Nord, un régime qui paraît stable, mais pour combien de temps. Une remarque qui s’applique aussi à l’Iran, pour citer les rares pays peu susceptibles de livrer Snowden aux Etats-Unis. C'est sans parler de la difficulté d'y vivre, mais cela est une autre histoire.

Tout compte fait, la Russie est la meilleure option où la qualité de vie est au moins acceptable et où la continuité d’Etat et le sens de l’honneur national l’emportent sur toute autre considération, comme l’ont montré divers précédents, notamment celui de George Blake.

Un archi-traître pour les Anglais

Né George Behar en 1922, d’un père juif ottoman naturalisé britannique et d’une mère protestante néerlandaise, George Blake est qualifié d’archi-traître par les Anglais qui ne lui ont jamais pardonné sa défection. Dès les années 1955-1956, cet ex-agent du MI5 a livré aux soviétiques les noms de quelque 400 agents britanniques dans les pays de l’Est européen. Arrêté en 1959, il allait être condamné à 42 ans de prison, à purger dans le pénitentier londonien de Wormwood Scrubs. En 1966, il s’évadait avec l’aide d’un délinquant irlandais, Sean Bourke, et de deux pacifistes britanniques, Michael Randle et Pat Pottle qui publièrent en 1989 l’histoire de la fuite en URSS de George Blake.

En octobre 1991, quelques semaines donc après le coup d’Etat manqué des derniers loyalistes communistes et la prise de pouvoir par Eltsine, Londres exigea de Moscou la livraison de Blake qui fut refusée. Le 11 novembre 2012, à l’occasion de son 90e anniversaire, George Blake a été décoré par Vladimir Poutine qui a salué son courage.

Fidélité russe

Ce n’est pas le seul exemple qui démontre la fiabilité de l’asile russe. D’une certaine manière, le cas d’Edward Lee Howard est plus parlant encore, car il passe pour le premier agent de la CIA, un Américain donc, à avoir fait défection. En septembre 1985, Howard s’enfuyait de l’Amérique pour se retrouver finalement en Russie. Lui non plus n’a pas été livré aux Occidentaux, les Américains en l’occurrence, même si les services rendus à Moscou étaient minces, car Howard n’avait pas eu le temps de transmettre beaucoup de choses au KGB avant de prendre la fuite. Howard mourut dans sa datcha de Moscou en 2002, semble-t-il des suites d’une mauvaise chute.

En 1993, le livre de Craig R. Whitney, Spy Trader, a mis en évidence le rôle de Wolfgang Vogel, un avocat est-allemand, très impliqué dans les échanges d’agents qui marquèrent la guerre froide. On y lit en filigrane la fidélité de Moscou à ses agents qui n’étaient jamais abandonnés dans leur prison américaine et que le KGB se faisait un point d’honneur de ramener à la maison coûte que coûte.

En politique internationale également, le soutien jusqu’à présent indéfectible de la Russie à ses alliés alaouites de Syrie, qui se battent le dos au mur presque contre le monde entier, montre que Moscou reste fidèle à sa ligne de conduite qui est de s'afficher comme l’ami des bons et mauvais jours. Dans un tout autre registre, Gérard Depardieu ne dira pas le contraire...

25 Juin 2013
PAR MOHAMMAD FARROKH
Serais étonné qu'il soit fatigué par la prise de bonnes décision ! Courage ; encore 3 ans à tenir .
Ou mieux , fuyez.
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MI - 6/27/2013 at 3:47 AM GMT
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