« À
tous ceux qui prennent des risques, je veux dire que le gouvernement les
soutiendra. » Ainsi a parlé à l’attention des
entrepreneurs le premier ministre Jean-Marc Ayrault le 17 avril 2013 lors
d’un séminaire sur la mise en place du Pacte national pour la
croissance, la compétitivité et l’emploi.
« Le
gouvernement les soutiendra… » Va-t-il baisser les
prélèvements obligatoires qui pèsent lourdement sur les
résultats des entreprises ? Va-t-il amoindrir le coût du travail
? Va-t-il renoncer à décider quels types
d’investissements doivent être financés par la Banque
publique d’investissement ? Va-t-il laisser faire les
entrepreneurs en intervenant moins ? A-t-il compris que moins d’État
c’est plus de liberté entrepreneuriale ? Va-t-il cesser le
matraquage fiscal ?
Non, non, non,
rien de tout cela. Jean-Marc Ayrault et l’ensemble du gouvernement
soutiennent les entrepreneurs en leur demandant moins de formulaires
administratifs… mais toujours autant d’argent évidemment.
C’est
ainsi que le premier ministre annonce fièrement que 1,4 million
d’entreprises de moins de dix salariés n’ont plus besoin
de fournir une annexe comptable ainsi que de publier leurs comptes. Mais
beaucoup d’entre elles ne le faisaient de toute façon pas pour des
raisons de confidentialité par rapport à la concurrence. La
mesure du gouvernement ne changera donc rien pour la plupart des entreprises.
Et pour celles de moins de 50 salariés, il sera demandé un bilan
comptable simplifié. Il aura fallu pas moins d’un
séminaire de ministres pour décider ces mesures censées
relancer la compétitivité.
L’exécutif
français, c’est-à-dire François Hollande et
Jean-Marc Ayrault, est comme cet enfant qui arrache les ailes d’une
mouche et lui ordonne de voler. Constatant qu’elle ne vole pas,
l’enfant en conclut que lorsqu’on arrache les ailes d’une
mouche, elle devient sourde. C’est exactement du même niveau que
de croire que lorsqu’on matraque fiscalement une entreprise, il suffit
de lui faire remplir moins de papier pour la rendre de nouveau
compétitive. Cela n’a pas de sens. On nage dans l’absurde.
À l’heure
où la croissance est nulle, la récession annoncée, la
désindustrialisation confirmée, le chômage
hypertrophié, que les prélèvements obligatoires
atteignent 47 % du PIB, ce ne sont pas les papiers qu’il faut diminuer,
ces sont les taxes. Car c’est un fait indéniable que plus les
entreprises sont taxées, moins elles sont rentables. Une étude
de la division économique du Medef, parue au mois de mars dernier,
compare la fiscalité des pays européens et confirme, si
c’était nécessaire, ce qui est une évidence :
les taxes tuent la rentabilité. On est presque gêné de
devoir rappeler ce qui ressemble à une lapalissade.
Mais cette
étude rappelle aussi que, lors des dix dernières années,
les entreprises françaises sont celles qui ont perdu le plus de part
de marché au niveau international, en comparaison avec celles des
autres pays européens. La raison en est relativement évidente :
une partie du bénéfice des entreprises françaises, dans
lequel se trouve la capacité de réinvestissement, est
rongé par un impôt de plus en plus pesant. Moins de volume de
réinvestissement signifie une perte de compétitivité,
c’est qui est fatal sur un marché très concurrentiel.
Cela semble logique, mais pas pour tout le monde apparemment.
Saluons donc
ce gouvernement qui nous délivre cette équation
économique selon laquelle remplir moins de paperasse administrative
tout en payant autant de taxes et d’impôts rend les entreprises
plus compétitives.
Ça sent le prix Nobel d’économie…
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