Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Je pense que, comme tous les gens normalement constitués,
les événements du Trocadéro sont choquants et à plus d’un titre.
Comme cela n’a rien d’économique, je ne développerai pas ce sujet. Néanmoins,
cela pose la question du comportement et de l’éducation des gens.
Ces légers problèmes de bienséance sur la voie publique ne sont plus
l’apanage d’une petite minorité de supporters excités.
C’est un article de Rue89 qui va nous permettre d’aborder cette
thématique de façon purement économique.
Les soldes avant
fermeture de Virgin
Suite à la chute des ventes de produits comme les disques, enfin les
fichiers MP3 comme il faut dire maintenant, et la montée en puissance des
sites de ventes par Internet, de nombreuses enseignes traditionnelles qui
n’ont pas su s’adapter ferment toutes les unes après les autres.
Vous remarquerez au passage que ce ne sont pas les salariés qui n’ont pas
su prendre à temps des virages stratégiques mais bel et bien les dirigeants
de ces entreprises qui n’ont pas su faire face au changement, qualité qu’ils
réclament pourtant doctement à leur personnel. Encore une fois, la qualité
des managers n’est jamais remise en cause, pourtant, lorsque de grosses
sociétés comme Virgin, qui ferme purement et simplement, ou comme Darty, qui
finira par suivre avec son contrat de confiance qui va partir aux oubliettes,
sans oublier la FNAC, qui se meurt en vendant désormais des Georges Clooney
(c’est-à-dire des Nespresso), c’est bien une absence de vision des directions
générales qui conduisent ces entreprises dans le mur.
Scènes
d’apocalypse dans le Virgin des Champs-Elysées et partout en France
Alors lorsque le Virgin ferme et annonce la liquidation de ses stocks sur
le mode tout à -50 % et tout doit disparaître, nous obtenons des scènes de
pillages, d’affrontement, de haine, et de déferlement d’une espèce de
populace lobotomisée à la consommation de masse par quelques décennies
d’inculture crasse avec le résultat que vous pourrez visualiser sur les
vidéos accessibles sur le lien ci-dessous.
C’est édifiant ! Une ruée hallucinante d’une foule qui tente de se gaver
d’aïe-trucs comme les aïe-Phones, les aïe-Pad, les aïe-Pod, et autres
aïe-débilités. Vous les verrez prêts à tuer père et mère, et je ne vous
raconte pas les sentiments à l’égard du voisin de rayon ou du vendeur perché
avec son mégaphone sur un tabouret pour tenter de ramener désespérément le
calme.
Plusieurs
enseignements sont à tirer d’une telle situation
Tout cela a été parfaitement écrit et décrit depuis des siècles. L’un des
ouvrages les plus anciens relatifs à ce sujet étant le livre de Gustave Le
Bon La psychologie des foules. Il n’y a pas plus con et dangereux
qu’une foule en délire, qu’elle soit composée de hordes de crétins décérébrés
de banlieue, « célébrant » une vague coupe du PSG, ou une horde de consommateurs
en furie. Il y a, à l’arrivée, très peu de différence comportementale alors
que manifestement la « sociologie » de la foule est différente dans les deux
cas.
Deuxième enseignement, ces scènes d’hyperconsommation ne sont pas une
première. Chaque année, au moment des soldes, je reste médusé par ces groupes
de fous furieux capables de ramper sous un rideaux de fer de grande surface
qui commence à peine de se soulever pour se ruer sur l’écran plat tant
convoité en le prenant dans les bras, le serrant de toutes ses forces comme
si sa vie en dépendait.
Nous avons été avilis tous autant que nous sommes à ce simple rang de
consommateur. La possession est devenue notre seule raison d’être et
d’exister. Si nous ne pouvons pas avoir, nous ne pouvons plus être. Cette
surconsommation, qui n’est en aucun cas la voie au bonheur, est devenue la
norme, de même que s’abrutir plusieurs heures devant des programmes de télé
plus débiles les uns que les autres. Là aussi, c’est devenu tellement «
normal » qu’à l’école (laïque, publique et républicaine), et je parle de la
maternelle de mes enfants, on pose nos petites têtes blondes devant l’écran
lorsqu’il pleut pour des séances de lobotomisation collective devant le petit
écran, et ce n’est pas pour regarder un reportage éducatif. Forcément, il
pleut. Quand il pleut, des enfants ne peuvent pas courir dans une cour de
récréation… Alors pour les « relaxer », à moins que ce ne soit pour relaxer
les maîtres, tout le monde devant la télé. Quel calme. Un enfant devant un
écran est en enfant qui vous fout la paix. Voilà la réalité.
Nous conditionnons nos enfants dès leur plus jeune âge à devenir ces
hyperconsommateurs, décérébrés et ne croyant plus en rien, et d’ailleurs
devenus incapables de tout raisonnement.
Troisième enseignement, et c’est sans doute le plus important en ce qui
nous concerne dans ces colonnes, lorsque que vous voyez un déferlement aussi
important de haine, car il s’agit bien de haine, uniquement pour quelques
produits inutiles et soldés, je vous laisse imaginer ce qui se passerait si
tous ces gens avaient faim, je ne sais pas moi, par exemple parce que les
banques seraient fermées quelques jours ou quelques semaines, par exemple
comme à Chypre, et par exemple parce que les banques n’iraient pas bien, même
si notre Président nous « confirme avec certitude que la crise financière est
derrière nous » !
Là, mes chers amis, si un tel événement devait se produire, j’espère
vraiment que vous avez suivi nos conseils et rempli un peu votre plan épargne
boîtes de conserve qui vous évitera de devoir affronter cette foule en délire
qui n’hésitera pas à tuer un concurrent qui convoite la même pitance, à
savoir un paquet de nouilles de marque de distributeur. Le dernier des rayons
et il n’y en aura qu’un qui mangera ce soir…
Je ne sais plus qui disait que « seuls 3 repas séparent le monde de
l’anarchie ». Ce qui est vrai pour la bouffe l’est également devenu pour les
aïe-trucs à -50 % qui se revendent comme des petits pains sur le Bon Coin !
La culture et
l’éducation doivent revenir au centre des préoccupations
Au moment où les députés votent la loi Fioraso sur les cours en langue
anglaise dans nos universités pour rendre les facs françaises attractives, il
faut bien se rendre compte que derrière l’exception culturelle française,
nous faisons face en réalité à la normalité in-culturelle !
Réduction de pensées complexes à 140 caractères grâce aux pôgrèès de
Twitter.
Réduction de la pensée à travers un « mauvais anglais » extrêmement réducteur
venant saper la richesse de la langue française.
Réduction de la pensée à travers une école s’apparentant de plus en plus à
une garderie qu’à un lieu d’apprentissage des savoirs.
Réduction de la pensée via les SMS sur le même principe que Twitter.
Réduction de la pensée via les séances de lobotomisation collectives de la
télé en particulier des émissions de télé-réalité et les séries made in
América où le but du jeu est de vous faire partager au plus près le travail
du médecin légiste qui découpe des macchabées en gros plans, que ce
soit celui des experts Miami, New-York, San Francisco ou Los Angeles. Même
les séries françaises découpent leur cadavre, je pense à la dernière en date
sur laquelle je sois tombé « Jo » !
Réduction de la pensée, augmentation de la violence à la télé, tout cela
nous conduit inexorablement vers une réduction massive de l’intelligence
collective à laquelle personne ne trouve rien à redire.
C’est plus de 3 000 études scientifiques qui montrent toutes la même
chose, à savoir que l’augmentation de la violence dans les rues est liée à
l’augmentation de la violence télévisuelle (les jeux vidéo c’est pareil).
Nous avions moins de violence dans les rues lorsque les gamins regardaient
Sissi impératrice ou La maison dans la petite prairie (ou
l’inverse). C’est une évidence.
Je vous conseille de voir, de revoir, et de faire passer cette excellente
conférence de Michel Desmurget dont vous avez le lien ci-dessous sur les
ravages de la télé sur nous et encore plus sur nos enfants. Il est à
noter d’ailleurs de plus en plus d’initiatives prises par des enseignants
« résistants » pour des semaines sans écran ou sans TV !
Oubliée
l’économie de la connaissance dont on nous rabâche les oreilles !
Il faut former pour être compétitif dans ce nouveau monde de l’économie de
la connaissance !
Il faut innover ! Déposer des brevets !
Il faut être créatif !
Il faut monter en gamme pour faire comme les Zallemands !
Mais tout cela demande de la culture, du savoir, à un moment où nous ne
donnons qu’une sous-kulture au plus grand nombre.
Pourtant, actuellement, que ce soit à Paris ou en Province, dans chaque
magasin Virgin, c’est le même spectacle pathétique qui se reproduit et je
dois vous le dire cela me remplit d’une très grande tristesse pour l’avenir
de notre pays qui fera face à des difficultés économiques de plus en plus
importantes.
La « disette » de croissance sera insupportable pour tous ces gens.
Pourtant, on ne peut pas dire que tout cela manque d’énergie !
La seule chose qui me vienne à l’esprit lorsque je contemple de ce genre
de choses, c’est que nous sommes devenus lamentablement et collectivement
inkult !
Charles SANNAT
Ceci est un
article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à
condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien
Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité
économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles
SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous
pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com
Lire l’article de Rue89 et voir quelques vidéos de ma
populace chez Virgin
Une dépêche AFP sur un Virgin de province
Voir une conférence
édifiante de Michel Desmurget sur l’impact de la TV sur vos enfants!