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Arnaud
Montebourg, ministre du Redressement productif, se serait-il pris les pieds
dans le tapis, « Made in France » bien entendu ?
Pousserait-il sa logique du « Made in France »
jusqu’à ne vouloir que des investisseurs « Made in France
» ?
Toujours
est-il que M. Montebourg se prend pour un homme d’affaires et
décide des affaires des autres. Il a ainsi empêché le
rachat de Dailymotion par Yahoo!.
Son explication est on ne peut plus légère : « Nous ne
pensons pas que ce soit une bonne opération d’abandonner Dailymotion entre les mains d’une
société, Yahoo!, dont la santé est parfois vacillante et
qui de surcroît risque de dévorer, faire disparaître Dailymotion ». Et alors ? M. Montebourg vient-il de
découvrir la loi du marché ? Que Dailymotion
disparaisse est un risque certes, mais un risque que Stéphane Richard,
le PDG de France Telecom à qui appartient Dailymotion,
a jugé utile de prendre. Laissons-le faire !
Laissez faire
? C’est inconcevable pour Arnaud Montebourg. Il est donc intervenu et
sa décision de bloquer la reprise par Yahoo!, prise de manière
presque unilatérale, sidère investisseurs et chefs
d’entreprise. Le fait est que Stéphane Richard ne
décolère pas : de quoi se mêle Arnaud Montebourg ?
« Dailymotion est une filiale d’Orange,
et non de l’État », précise Stéphane
Richard, « c’est le groupe, sa direction et son conseil
d’administration qui gèrent ce dossier ». Arnaud Montebourg
doit donc rester à l’écart du dossier et ne même
pas le feuilleter si possible.
Mais
l’avocat-ministre-apprenti-businessman n’a pas pu s’en
empêcher : sa plaidoirie pour que la start-up française Dailymotion, beau succès par ailleurs, ne tombe pas
aux mains d’investisseurs étrangers a parfaitement
fonctionné. Yahoo!, en la personne d’Enrique de Castro, laisse
tomber l’affaire. Et gageons que le numéro 2 de
l’entreprise américaine ne voulait surtout rien à voir
avec des tels ministres qui font figure d’apprentis-sorciers du
business.
En
réalité, il y a une incompréhension de fond par rapport
à la nature du développement d’une entreprise sur le
marché. Pour Arnaud Montebourg, ce développement ne semble
pouvoir se faire qu’avec l’État : c’est pour cela
qu’il a proposé que le Fonds pour la société
numérique des PME investisse dans Dailymotion.
Mais c’est de l’argent public, c’est ni plus ni moins une
aide de l’État ! Et une aide de l’État implique son
intervention dans la gestion des entreprises, ce qui se traduit par une perte
de l’esprit d’entreprise. « Nous ne cherchons pas des partenaires
financiers ! »,
rétorque Stéphane Richard qui est bien placé pour
connaitre les travers de l’intervention étatique, « notre
priorité est de trouver un allié qui assure le
développement de Dailymotion hors d’Europe ». Le PDG de France Télécom
parle de « business development » alors qu’Arnaud Montebourg
parle d’aides de l’État : c’est un dialogue de
sourds.
Quant à
Yahoo!, son retrait est un très mauvais signal envoyé aux
investisseurs. Car quelles que soient les explications fournies à
présent par Arnaud Montebourg, le ministère des Finances,
Stéphane Richard, ou autre, l’impression qui découle de
ce ratage est qu’investir en France est tout sauf simple. Surtout
qu’il faut passer par la case « État », ce qui
laisse planer une certaine méfiance sur une économie incapable
de se débarrasser de ce Léviathan.
Alors, avec ce
poids de l’État derrière son dos, Stéphane Richard
reprend les choses à zéro : « Nous avons envisagé
plus de 60 partenaires potentiels en France et à
l’étranger avant de nous focaliser sur Yahoo!.
Maintenant, nous allons reprendre nos recherches ». Souhaitons-lui bonne chance et
surtout que l’État ne s’en mêle pas ! Ce serait un
gage de réussite.
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