La
fat tax au Danemark : expérience
grandeur nature des effets pervers de la fiscalité nutritionnelle
Après la taxe sur les sodas, il a été
brièvement question de la taxe Nutella en France. La taxation
nutritionnelle a néanmoins réussi son entrée en France
et risque bel et bien de s’y implanter. Or, l’expérience
danoise montre que c’est une politique dangereuse pour les producteurs,
les distributeurs et les consommateurs en matière d’emplois, de
compétitivité et de bien être.
Un an après l’entrée en vigueur de la première
taxe au monde sur les graisses saturées (fat tax),
elle a été abolie. Trop d’effets pervers et un impact peu
convaincant sur les modes de consommation. Le gouvernement danois vient aussi
d’annoncer la suppression prochainement de leur « taxe
soda » mise en place dans les années 30.
Une baisse de la consommation sans
taxation
Accusée de favoriser
l’obésité et de causer des maladies, la graisse
saturée a été taxée au Danemark à hauteur
de 2,15 euros par kilogramme. Le recours à la contrainte fiscale y
était d’autant plus surprenant que la consommation de
matières grasses par habitant avait en réalité
déjà considérablement baissé aux cours des
dernières décennies au Danemark.
- Beurre :
-67% ;
- Margarine :
-48%
- Graisses :
-20%
- Viande de
porc : -44%
- Consommation
totale de matières grasses : -43% (entre 1958 et 1999)
27 millions de pertes pour le
commerce de gros et de détail
La mise en place de la fat tax s’est avérée être un
casse-tête réglementaire pour les entreprises danoises qui y ont
perdu en compétitivité.
Les coûts de gestion et
d’informatique se sont par exemple élevés à
201 000 euros pour un fabricant de margarine et à 57 000
pour une petite boulangerie industrielle. Pour l’ensemble du commerce
de gros et de détail, ils ont été estimés
à 27 millions d’euros.
Perte de pouvoir d’achat avec
des augmentations de prix jusqu’à 34 fois supérieurs
à la moyenne européenne
Alors que le pouvoir
d’achat est partout menacé, la fat tax
a poussé les prix à la hausse au cours du dernier trimestre
2011. Le prix des huiles et des graisses y ont progressé de 14% (34
fois supérieur à la moyenne de l’UE). Le prix de la
viande y a augmenté de 4% et ceux du lait, formage et œufs de 3%.
Gaspillages : Danemark
« battu » par l’Allemagne et la Suède
Poussés à faire
leurs courses à l’étranger, les Danois ont boosté
le commerce allemand et suédois tandis qu’ils
délaissaient leurs propres entreprises, condamnées à
exporter les produits plutôt qu’à les vendre sur place. On
estime à 1300 postes le coût en termes d’emploi.
Ce faisant, ils ont perdu leur
temps et leur essence dans des déplacements inutiles.
Un impact négligeable de 0,4%
Les effets de la fat tax sur la consommation et la santé auraient
été négligeables, voire contre productifs.
- Entre octobre
2011 et juillet 2012, la baisse de la consommation aurait
été de 0,4%, sachant que la tendance était
déjà à la baisse.
- 80% des
personnes interrogées confirment d’ailleurs ne pas avoir
changé leur mode de consommation. Pour les autres, le choix a
parfois été de substituer des produits moins chers et de
moindre qualité.
« Taxer la
nourriture pour des raisons de santé est au mieux malavisé et
au pire contre-productif » : tel est l’avertissement du
ministre des Finances danois.
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