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Le « chômeur volontaire » et ses ennemis, 2 : chômage et rationalité

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Published : June 12th, 2013
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Suite de l’article précédent


L'expression « chômage volontaire » évoque inévitablement des gens paresseux, indifférents aux vertus du travail et passés maîtres dans l'art d'exploiter la générosité de l'État-providence. Le portrait paraît d'autant plus réaliste que les chômeurs volontaires sont perçus comme minoritaires. Il y aurait ainsi une majorité de chômeurs involontaires, victimes de la conjoncture, et une poignée de chômeurs volontaires, vivant au crochet de la société et donnant une mauvaise image de l’ensemble. Une distinction commode qui ne résiste pas à l'analyse.



Chômage volontaire : l'exception ou la règle ?


Le chômage volontaire est un phénomène moins négligeable qu'il n'y paraît. Bien sûr, si on s'en tient à la définition suggérée par la loi du 1er août 2008, ce que l'on appelle parasitisme est l'exception plutôt que la règle. Cette loi stipule en effet qu'un demandeur d'emploi peut se faire radier de la liste de Pôle emploi s'il refuse à deux reprises une offre d'emploi « raisonnable ». Ainsi y aurait-il entre le chômeur involontaire et le chômeur volontaire une différence de degré, le premier n'ayant refusé qu'une seule offre, contrairement au second qui en a refusé au moins deux.


Pourtant, le demandeur d'emploi qui refuse une offre n'exerce pas moins sa volonté qu'un demandeur d'emploi en refusant deux d'affilée. En outre, la notion d'offre « raisonnable » pénalise les demandeurs d'emploi peu qualifiés, moins exigeants et donc moins susceptibles de refuser un emploi au motif qu'il ne répond pas à leurs attentes. Résultat : le chômeur qualifié est plus volontiers considéré comme un chômeur involontaire que le demandeur d'emploi sans qualification.


Or il est clair que le cadre au chômage depuis plusieurs mois est un chômeur volontaire dans la mesure où il a accès à un plus grand nombre d'offres d'emploi, des plus « raisonnables » au moins qualifiées. Sa situation, il l'a bel et bien choisie – non par horreur de l'effort, mais à l'issue d'un arbitrage rationnel.


Le chômage, un choix rationnel


Suite aux travaux de George Stigler en 1962, les théoriciens du job search ont mis en évidence cette rationalité du chômeur. Selon eux, le demandeur d’emploi peut, dans de nombreux cas, préférer rester au chômage pour chercher un emploi en accord avec ses attentes. Le temps chômé est alors investi dans la recherche d’opportunités, l’envoi de candidatures, éventuellement l’auto-formation.


Le demandeur d’emploi peut également choisir de rester en poste ou d'accepter une offre même moyennement « raisonnable » si cela lui paraît nécessaire pour trouver un emploi plus satisfaisant et/ou négocier un contrat d’embauche en position de force (on-the-job search). Dans un cas comme dans l’autre, la décision de prendre ou de refuser un emploi résulte d’un arbitrage rationnel – et non d’une quelconque allergie au travail. 


Bien entendu, ces théories n'expliquent pas tout. L'indemnisation du chômage est parfois regardée comme une fin en soi par le demandeur d'emploi, qui y voit une sorte de congé payé et est confiant dans ses chances de retrouver du travail une fois ses droits épuisés. Il s'agit pour lui de savoir à quel niveau de salaire le travail devient plus avantageux que l'inactivité.


D'aucuns parlent de « stratégie du chômeur volontaire » pour décrire cet arbitrage entre les bénéfices du travail et le coût de l'inactivité – un coût inversement proportionnel à l’indemnisation du chômage. Rappelons qu'en France, l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) peut atteindre 75 % du revenu de référence pour les salaires inférieurs à 1 128 euros brut. Pas de quoi mener la grande vie donc, mais dans de nombreux cas cela suffit pour refuser sans regret un contrat de 20 heures par semaine payé au SMIC (9,43 euros brut de l'heure). L'inactivité est encore moins coûteuse pour les hauts revenus, qui peuvent vivre correctement de leurs seules allocations chômage en attendant de reprendre un emploi.


C’est cette rationalité du chômeur qui pose problème. Car le demandeur d’emploi peut, par ses choix, représenter un coût plus ou moins important pour la collectivité. Les honnêtes travailleurs s’en indignent : le chômeur devrait arrêter de faire la fine bouche et « prendre ce qu’il y a », à plus forte raison s'il n'est ni diplômé ni qualifié. C’est l’autre face du « modèle social ».


Le paradoxe du modèle social français


Le problème du chômage de masse met en lumière l'hypocrisie de notre modèle social. Pour prolonger la survie d'un système destiné à défendre les plus faibles contre les turbulences du marché, beaucoup trouvent normal et légitime de rappeler aux plus faibles la « dure loi » de l’offre et de la demande.


Ainsi les ménages défavorisés sont-ils à la fois les protégés de la collectivité et son bouc-émissaire : on demande aux chômeurs de jouir le moins possible de leurs droits (allocations chômage, Revenu de solidarité active, couverture maladie universelle...), afin de rendre leur indemnisation plus supportable pour le reste de la société. Parallèlement, comme nous l'expliquions plus haut, le chômage des demandeurs d'emploi diplômés et qualifiés est mieux accepté que celui des personnes peu qualifiées, censées trouver « raisonnables » (au sens de la loi de 2008) toutes les offres qui leur sont faites.


C'est là un double paradoxe très avantageux, puisqu'en rejetant la faute sur les plus démunis, la collectivité s'épargne une réflexion de fond sur son sacro-saint « modèle social ». Il est en effet rassurant de penser que l'on peut prévenir l'aléa moral de l'assistanat en prônant la vertu du travail, comme on le ferait par exemple avec un enfant refusant de faire ses devoirs.


Or, ce que montre le « problème » de l'assistanat, c'est justement que les mécanismes régulateurs fonctionnant dans les groupes restreints sont inefficaces à l'échelle d'une société. L'anonymat des grands ensembles rompt les liens d'interdépendance propres aux petits groupes, permettant à chacun de jouir de ses droits sans autres limites que celles de la loi.


C'est vrai des chômeurs mais également des honnêtes travailleurs et généreux contribuables qui, nous le verrons dans le prochain article, ne sont pas les derniers à « profiter du système »...

 

 

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le chômeur devrait arrêter de faire la fine bouche et « prendre ce qu’il y a », à plus forte raison s'il n'est ni diplômé ni qualifié.

Et comment !

Ou alors qu'il apprenne un métier au lieu de croupir dans sa médiocrité !
Je crains que l'ironie de cette phrase ne vous ait échappé.
Nous sommes donc sur la même longueur d'onde .
Bon Travail .
Au temps pour moi, dans ce cas ! :)
Bonne inspiration pour la suite !
Ah oui, on découvre que ce n'est pas forcément une bonne chose pour quelqu'un avec certaines compétences et une perspective de carrière de prendre n'importe quel boulot qui passe... L'auteur ne doit pas avoir beaucoup d'amis passés par une période chomage pour le découvrir maintenant !
J'ai un ami qui après thèse et postdoc en physique théorique a vécu "aux crochets de la société" pendant plusieurs mois pour se mettre à niveau en finance et pouvoir rentrer dans une banque où il se plait et où ses qualités sont fortement appréciées (et malgré leurs récentes dérives, les banques fournissent aussi un travail utile au reste des acteurs économiques par ailleurs :-P). Il pourrait s'emmerder chez McDo comme d'autres doctorants qui n'ont pas pu/su fructifier leur chomage mais ca n'est pas plus productif de fournir à des gens un boulot qui les stimule un minimum ? Marrant cet aspect-là n'est jamais évalué, pourtant un paquet de gens rechigne à faire "des heures sup" parce qu'en plus de travailler dans des conditions exécrables avec des managers casse-burnes (managers francais les moins bien percus par leur subordonnés en Europe) ils ont des boulots chiants comme la pluie auxquels ils s'accrochent pour pouvoir nourrir leurs enfants et payer la voiture et la maison.
Tiens on pourrait aussi s'indigner de ces salauds d'enfants qui profitent de l'amour irrationnel de leurs parents pour vivre à leurs crochets pendant 20 ans ou plus alors qu'ils pourraient facilement travailler dès l'age de 12-13 ans !

Celà dit c'est assez marrant de voir des libéraux se lamenter que les gens n'ont plus "le sens de la communauté" et profitent honteusement de leurs allocs alors qu'ils pronent depuis 50 ans une société d'individus atomisés mués uniquement par la liberté individuelle... Enfin non, soyons justes, pour résoudre le problème, selon eux, il suffirait d'éliminer toutes les protection sociales pour qu'enfin on puisse proposer des salaires chinois avec la réduction du niveau de vie qui va avec, l'écroulement de la demande qui va avec, les répercussions pour les pays en voie de développement et tutto quanto. M'enfin il va quand meme falloir arreter de réfléchir en termes d'équilibres à atteindre et se mettre à réfléchir en termes de dynamiques et de chemins à emprunter pour les atteindre, ca pourrait limiter la casse un peu, non ?
Sinon, que l'auteur n'ait pas peur, les allocs, les retraites et tout ce qui pèse sur le budget de l'Etat va bientot se faire raboter sévère "à la grecque", on se rapprochera alors un peu du bonheur libéral. De plus, il existe encore des hommes de Néandertal comme moi qui malgré une dizaine de mois au chomage n'ont pas fait appel à quelque subvention que ce soit, ayant encore le reflèxe irrationnel de ne quémander que lorsqu'ils ont vraiment besoin... Mais bon semble-t-il nous sommes rares !
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Résumez, s'il vous plait.
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Résumer ? Pas facile, c'est en fait un vaste débat, mais j'ai envie de vous retourner la formule: que cherchez-vous à prouver ? Qu'il est contre-productif d'avoir des allocations chomages ? Qu'elles sont trop élevées ? Qu'il faudrait qu'elles soient les memes pour tout le monde ?
Il ressort de votre article un sentiment "on doit faire exploser toutes ces barrières "injustes" pour éviter que les francais ne tirent au flan", particulièrement parce que vous faites des raisonnements théoriques qui se veulent généraux en pretant à la majorité certaines intentions précises. Si c'est bien votre propos, ca me semble trop général et un tantinet dangereux. En sabrant tout on élimine le filet de sécurité qui permet à certains de rebondir et de faire redémarrer leur carrière et bosser de manière motivée sur un boulot qui les stimule. Ce serait peut-etre plus "juste" pour les "chomeurs peu qualifiés" dont vous parlez mais avez-vous envisagé que ca puisse nuire à l'évolution de carrière et à la productivité de certains plus "qualifiés" ?
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Je me permets un autre résumé: les gens font régulièrement quelque chose de très irrationel, ils font des enfants. Ca leur coute matériellement parlant et ca ne leur rapporte pas grand chose de ce point de vue-là. Il serait plus efficace de faire le parasite en n'en faisant pas et de profiter de ceux des autres qui font tourner la société lorsqu'on est vieux, et nous reversent nos retraites (par répartition ou par capitalisation, peu importe).
Ca colle moyen avec votre modélisation de l'etre humain. Est-ce que cette modélisation ne colle-t-elle pas mieux aux entités (entreprises, institutions etc...) c'est-à-dire des gens "dans des roles", qui se disent "si je ne le fais pas, un autre le fera" ? De plus, vous qui etes libéral, ne pensez-vous pas qu'on réfléchit en économie principalement en termes d'équilibres (localement) optimaux sans se poser assez la question de la manière de les rejoindre (le rythme des réformes à mener, va-t-on passer par des points plus "difficiles" avant d'atteindre le nouvel optimum et pendant combien de temps, etc...).
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Bonsoir Pierre. Pour répondre très brièvement - car il est tard - à vos deux derniers commentaires :
1°/ Concernant la rationalité : je ne prétends nulle part que tout ce que nous faisons résulte d'un froid calcul avec rangées, colonnes et pourcentages. Du moins ce n'est pas ce que j'entends par rationalité. Quand on fait des enfants, il est clair que ce n'est pas par calcul... dans la mesure où la plupart du temps le fait de faire ou non des enfants ne bouleverse pas en profondeur le niveau de vie de la famille (= on ne devient pas beaucoup plus riche ou beaucoup plus pauvre, on ne se brouille pas avec la moitié de ses amis, etc). Dans le cas contraire, qu'on le veuille ou non, on ne peut s'empêcher d'arbitrer (de manière plus ou moins pertinente) entre deux situations (fonder une famille maintenant ou ne pas fonder une famille maintenant). C'est la raison du fameux "d'abord je finis mes études". On peut donc considérer que cette irrationalité dont vous parlez est le "luxe" que l'on s'offre quand on est dans une situation où le fait d'avoir des enfants ne change pas grand chose mis à part le bonheur d'enfanter, la joie de transmettre des valeurs, etc. (merci de ne pas vous arrêter au mot "luxe").
2°/ Je ne suis pas de ceux qui considèrent que toute mesure est bonne à prendre pourvu qu'elle soit libérale, dans la mesure où les effets d'une mesure résultent de la combinaison entre ladite mesure et le contexte (je ne vous apprends rien). Donc non, je ne suis pas pour la disparition des allocations chômage (au contraire même, car le principe de l'assurance est on ne peut plus responsable), ni même des minima sociaux, qui dans un contexte de chômage de masse déséquilibrerait dangereusement le marché du travail en faveur de la demande. En revanche, précédée d'un allègement des charges et d'une augmentation/diversification globale de l'offre sur le marché de l'emploi, une réduction des aides ne me paraîtrait pas injustifiée. Du reste, je suis favorable à une allocation universelle, car contrairement à ce que vous avez l'air de penser, je ne crois pas à un "paradis libéral" - le paradis n'étant pas de ce monde.
Je compte sur votre bonne foi pour ne pas me tenir rigueur du caractère par trop laconique de ma réponse, mais je préfère rester concis, n'ayant pas le temps de me lancer dans de longs débats.
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Merci de vos éclaircissements, je reconnais vous avoir preté des intentions qui semble-t-il n'étaient pas les votres. Je serais curieux de savoir ce que vous entendez par allocation universelle. Nous nous rejoignons sur les dangers des fausses bonnes idées qui ne tiennent pas compte du contexte, ce qui peut sembler d'un bon sens évident mais qui n'est malheureusement pas partagé par tous les commentateurs. Commentateurs qui prétendent parfois "démontrer" des théorèmes économiques comme des vérités mathématiques, ce qui m'a poussé à me méfier lors de votre évocation de "comportement rationnel"...

Je comprends que vous ne réduisez pas toutes les situations à un calcul économique. Je ne partage pour autant pas votre vision de la paternité/maternité et donc ce que votre argument implique. Faire des enfants, dans pas mal de pays, vous coute de manière significative (les allocations francaises ne sont pas la généralité, et meme en France pas sur que ca suffise), de manière directe mais aussi indirecte, i.e. carrières ralenties pour certain(e)s voire compromises dans certains cas, temps libre réduit également etc... A part dans les sociétés rurales sans retraites, avoir des enfants c'est un cout net, c'est bien d'ailleurs pour ca qu'on ne peut pas se le permettre dans toutes les situations comme vous le mentionnez. Celà dit je doute que l'on fasse des enfants seulement pour le bonheur personnel, je vois beaucoup de gens qui le font pour avoir l'impression de participer à quelque chose de plus vaste qu'eux ("La meilleure chose que j'ai faite ce sont mes enfants", entendu plus d'une fois), voire meme simplement parce que c'est une norme sociale forte, jusqu'à récemment c'était "la chose normale" à faire. C'est à ca que je voulais arriver, certaines décisions se prennent aussi en fonction d'une vision de groupe. Vous partez du principe que ces considérations disparaissent/ont disparu en grande partie (ou n'ont jamais existé ?), j'ai peur que valider et entériner ce constat ne mène à prendre les décisions les moins efficaces globalement parlant. Vous basez-vous sur des études sérieusement chiffrées pour faire ce constat ?

Enfin sur l'assurance chomage il semble de toute facon évident qu'en l'état actuel il faudra tendre vers une diminution globale, mais il faudra tenir compte du fait que si j'ai un salaire "aisé" et que j'anticipe une forte diminution brutale possible à court ou moyen terme de mes revenus je tenterai de réduire mes dépenses (fixes et variables) ce qui fera ca de moins qui tourne dans l'économie. Peut-etre qu'on gagne plus qu'on ne perd à moyen et long terme, mais dans un contexte de dépression économique, l'effet pervers à court terme ne peut-il pas etre douloureux ?
Bonjour Pierre.
Concernant la maternité/paternité, j'accorde autant d'importance à ce que vous appelez la "norme sociale" qu'aux fluctuations du revenu. Ce qui paraît irrationnel à quelqu'un de très matérialiste par exemple est tout à fait rationnel du point de vue de la personne qui ne s'arrête pas à ces considérations et est prête à supporter le coût de sa décision (ou au contraire de sa non-décision, quand la naissance est accidentelle). À mon sens, une décision rationnelle est une décision qui a du sens pour celui qui la prend (cette définition est incomplète, mais la développer me prendrait trop de temps, j'espère donc n'être pas trop obscur). Quant au "mathématisme" néo-classique que vous dénoncez, je n'y adhère pas plus que vous.

Concernant la réduction des dépenses, pourquoi considérer que l'argent épargné est "ça de moins qui tourne dans l'économie" ? Ce qui n'entre pas dans le circuit par la porte de la demande y entre - en partie certes - par la porte de l'investissement. Du reste, cette anticipation dont vous parlez a parfois du bon : une baisse des revenus non anticipée peut avoir pour effet d'envoyer un signal trompeur aux entreprises, encouragées à investir dans une production qui ne sera peut-être pas écoulée. Quoique l'on fasse, il y aura clairement un prix à payer. En langage courant : de la casse. La question est de savoir quel type de casse fait le moins obstacle à une reprise future, voire y est le plus propice - selon que vous voyiez le verre à moitié plein ou à moitié vide. Nous retrouvons la distinction entre court terme et long terme. Un long débat.

Par allocation universelle j'entends un montant égal versé à l'ensemble des citoyens. Ce n'est pas la mesure la plus libérale qui soit, mais je ne suis pas borné : le plein emploi est le point asymptotique du marché, et dans certains cas l'assurance chômage ne suffit plus. Cela dit, cette notion d'allocation universelle me paraît très fragile. Heureusement, le droit de réfléchir sur les questions économiques et sociales n'est pas réservé à ceux qui ont - ou plutôt croient avoir - la solution à tous les problèmes :-)
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Argument intéressant, qui suggère tout de meme que l'argent économisé soit mis à disposition pour investissement et qu'il soit investi principalement dans l'économie dite "réelle" et non dans des actifs financiers comme c'est le cas il me semble en ce moment (qu'on me corrige si je me trompe). Ceci dit je ne suis pas en désaccord sur le fond avec vous, j'ai l'impression, j'aime juste faire attention à ce que les changements ne soient pas plus dévastateurs que salvateurs comme évoqué déjà précédemment.

Le débat entre le court et le long terme me semble etre un débat des plus pertinents, mais en effet difficile et où il n'existe pas de réponse tranchée... Comme la plupart des choses importantes oserais-je dire.
J'ai failli réagir à votre définition de la rationalité mais comme vous avertissez avoir pris un raccourci, ca n'est peut-etre pas constructif. Je me contenterai de comprendre votre remarque comme "2 individus ne posent pas les memes objectifs à atteindre donc n'auront pas la meme conclusion". S'ils sont honnetes ils doivent pour autant reconnaitre la valeur du raisonnement de l'autre. Hors là où les choses deviennent moins clairs c'est que comme on vit en société certaines décisions (comme le fait d'enfanter) concernent en fait tout le monde (mes enfants contribueront à continuer à faire tourner la société et auront une influence sur la vie des autres), d'où les questions que je me pose sur le fait de preter aux individus des considérations principalement "égoistes", ou "de parasite" (est-ce avéré, dans quelles proportions et dans quels types de situations ?). Mais je crois que j'ai bouclé dans mon argumentaire ! ^_^

Merci en tous cas de débattre avec nous, je tenterai de tirer le maximum de vos arguments.
Un libéral a les pieds sur terre lui .
Les libéraux qui prônent une société d'individus atomisés… C'est juste n'importe quoi.

Les libéraux refusent l'organisation de la société par l'État, veulent le respect des droits individuels, pas une société d'individus associaux. Le libéralisme est un ensemble de règles de vie en société, pas le déni de la société.
Les libéraux veulent la liberté, pas l'émancipation, qui est une recherche individuelle contre laquelle on ne doit pas s'opposer lorsque l'un ou l'autre y arrive.
L'émancipation en tant que mission politique, l'émancipation de la famille, des traditions, de l'Église, du travail, ça c'est un truc de gauche, de 68ards et de marxo-freudiens qui veulent la libération sexuelle et veulent l'interdiction d'interdire…
C'est bien cette gauche qui a voulu cette émancipation, car considérant les traditions comme source de déterminisme social à la sauce bourdieusienne, un carcan du capitalisme.

Quant à la situation grecque : le socialisme en faillite, ce n'est pas le libéralisme.
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En effet j'ai surement fait un raccourci, je pensais à certains "commentateurs libéraux" qui s'attaquent à la figure de l'Etat avec une rage qui me laisse souvent perplexe. Perplexe parce qu'en définitive, je constate que déréguler au maximum pour "s'émanciper de la tutelle de l'Etat" (tiens, encore une émancipation, décidément...), ca mène assez souvent (très souvent ?) à l'apparition de monopoles de fait et de cartèles, de factions qui sont pétries de conflits d'interets, animés par aucune conscience du bien commun et qui ne cessent de faire évoluer les lois à leur avantage à travers un lobbying un tantinet opaque voire carrément illégal. On voit meme dans certains cas l'apparition de mafias lorsque l'Etat devient particulièrement faible.
En résumé: de la manière dont je comprends une société libérale, il faut s'assurer qu'aucun groupe ne développe un pouvoir d'action trop important qui lui permette de s'affranchir (au moins en partie) des lois et de se créer un monopole de fait en pouvant se permettre de tuer la concurrence dans l'oeuf. En gros que tout le monde abandonne l'idée de domination, ce qui me semble assez utopique. Il me semble que le libéralisme philosophique lorsqu'on le pousse un peu finit souvent par flirter avec l'idée de société anarcho-libérale, i.e. la disparition de l'Etat, mais peut-etre n'est-ce pas votre cas ?

Je comprends bien que l'Etat est aujourd'hui dans une position qui vous gene (elle me gene aussi pour etre franc), cependant il est sensé etre (en théorie) une représentation de la population dans son ensemble et donc ne pas utiliser son pouvoir de manière abusive. En pratique ca n'est pas le cas, c'est un ensemble de castes quasiment imperméables au citoyen lambda. Plutot que de tout laisser à la gestions de groupes privés je préfèrerais que les citoyens soient plus impliqués dans les institutions publiques, dans la mesure où le respect des droits individuels est assuré in fine par celui qui possède le pouvoir de rétorsion suffisant, en l'occurence l'Etat. Par contre, je ne suis pas pour un gonflement infini de la machine étatique.

J'avoue ne pas comprendre ce que vous voulez dire lorsque vous parlez de "déterminisme social": il me semble difficile de nier qu'on constate factuellement un certain degré de reproduction sociale, il faudrait qu'on vive chez les spartiates où l'on enlève les enfants de chez leurs parents en bas-age pour les faire éduquer par la cité pour prétendre que tout le monde part avec le meme bagage culturel (et encore les parents aisés peuvent toujours donner un coup de pouce économique à leurs bambins). Je n'ai pas de solutions toutes faites comme une certaine gauche marxiste que vous citez, mais il m'est difficile de ne pas faire le constat pour autant. Vous avez raison, l'émancipation est un chemin qu'on doit parcourir majoritairement seul, parfois un petit coup de pouce permet de faire la différence. Si l'on estime que ce coup de pouce est actuellement trop couteux et peu efficace, veut-on le supprimer pour autant ? Sinon comment le modifier et à quel degré le réduire ? Il me semble que c'est d'ailleurs un des sujets de l'article, non ? (Je précise que toutes mes questions sont de vraies questions, non empreintes d'ironie, je n'ai pas de réponses miracles).
«Perplexe parce qu'en définitive, je constate que déréguler au maximum pour "s'émanciper de la tutelle de l'Etat" (tiens, encore une émancipation, décidément...)»

Non. Déréguler n'est pas simplement de l'émancipation, mais la libération. Cette tutelle de l'État se fait par la violation du droit fondamental des individus par coercition. Les réglementations ne s'appliquent pas toutes seules, il faut des personnes derrière et des sanction en cas d'infraction. De plus, c'est coûteux et pour un résultat théorique contesté, justifié idéologiquement et arbitrairement.
Les libéraux veulent moins de réglementations car il n'y a rien qui démontre leur utilité et rien ne justifie fondamentalement que l'État se mêle des choses sociales ou économiques. Est-ce seulement dans la nature de l'État de faire cela ? Qu'est-ce que l'État ? Est-ce une sorte de génie dont le but est de réaliser tous nos souhaits, d'assurer notre bonheur ou juste un groupe d'homme possédant une police pour imposer leurs vues, taxer les travailleurs à leur profit, ou encore une société de service de sûreté nationale ? Il serait bien de répondre à cette question, ce qu'est l'État plutôt que de se focaliser sur ce qu'on aimerait qu'il soit.

« ca mène assez souvent (très souvent ?) à l'apparition de monopoles de fait et de cartèles »

Ce qui est empiriquement faux. Les cartels, les monopoles sont le fait d'avantages légaux, de protectionnismes, de subventions, brevets… L'histoire économique démontre que c'est lorsque l'État intervient que les monopoles se créent.
Il y a aussi des monopoles dans les marchés libres, mais ceux-ci ne durent jamais.

Vous savez, ce n'est pas parce qu'il y a des problèmes qu'il y a forcément des solutions et que l'État est cette solution. La vie est faite principalement de problèmes, un licenciement, une bêtise, un crime, un vice, un voisin emmerdant, un mauvais conjoint, un tremblement de terre, une rupture amoureuse, la mort, la vieillesse… Ce ne sont que les aléas de la vie. Faut-il que l'État organise notre vie amoureuse parce que nous ne sommes pas capable de la gérer au mieux ?
L'État doit déjà gérer le crime. Le fait-il efficacement ? A-t-il seulement résolu la criminalité dans le pays ? Non. Il ne fait qu'apporter un appoint dans la vie et créer une force de dissuasion du crime. Rien que résoudre le crime complètement serait impossible, je parie même qu'on serait en faillite avant même d'atteindre le 0% de criminalité vu que la politique étant une action économie, elle est soumise aux rendements décroissants.

Est-ce que l'État doit aider ? Oui, il doit le faire, mais ce ne seront jamais que des aides de marge. Cependant, cela a un coût et en plus cet argent est mal acquis car imposé. De plus l'acquérir finit par créer d'autres problèmes utilitaires et moraux, car rien ne se crée, tout se transforme.
Et comme ces moyens sont limités, il faut faire un choix et prendre les mission les plus utiles et les gérer rigoureusement ; pas faire comme le fait actuellement l'État français, qui gère de façon dilettante et où l'inefficacité ainsi que le détournement du bien public semblent être les mots d'ordre…
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Ca n'est peut-etre pas votre impression mais nous sommes d'accords sur pas mal de point. Entre autre: "Est-ce que l'État doit aider ? Oui, il doit le faire, mais ce ne seront jamais que des aides de marge." -> la question intéressante c'est finalement alors de savoir où on fixe la marge, étant entendu que l'asistanat complet ainsi que la loi de la jungle généralisée semblent peu raisonnables...
J'aimerais que vous me fournissiez des exemples plus concrets sur ces cartels qui ne se formeraient qu'en présence de l'Etat: je connais très peu de sociétés qui au-delà d'une certaine taille n'ont pas de structure de pouvoir similaire à un Etat dans les faits, meme les anarcho-libéraux sont obligés de le reconnaitre. Par conséquent il existe toujours des lois, et les cartels ne sont pas idiots, ils en profitent voire meme les enfreignent moyennant corruption, du coup vous avez raison, pas de cartel sans lois, mais comme les sociétés sans lois n'existent pas (à ma connaissance)...
En fait il me semble voir un paquet d'exemples de compagnies qui grugent les lois pour échapper à des réglementations environnementales et fiscales avec à la clé des conséquences parfois drastiques pour certains (santé, perte de patrimoine...), si on élimine toutes les réglementations, j'ai du mal à imaginer que ca ne va pas empirer...

Pour etre clair: pour moi l'Etat c'est ce qui permet d'équilibrer les forces en présences et donc arbitrer les interets divergents. Pour grossir le trait, si je prétends avoir la liberté de passer à fond la caisse au feu rouge, j'imagine que vous allez tiquer, non ? Et si vous tentez de résoudre le problème à coup de battes de baseball j'ai peur que ca dégénère un peu vite, c'est aussi pour ca qu'on aime bien que ce soit quelqu'un d'impartial qui arbitre. En gros puisque la liberté de l'un s'arrete ou commence celle de l'autre, il faut bien un acteur qui trouve le point d'équilibre le plus supportable. Comme il est effectivement impossible d'éradiquer "le crime", je ne tiens pas rigueur à l'Etat du fait que l'on n'ait pas 0% de criminalité (mais pourquoi évoquez-vous celà d'ailleurs ?). On fait ce qu'on peut pour compenser les déséquilibres trop importants, c'est un peu ca la vie... Le problème étant que l'Etat peut devenir coercitif et confiscatoire, puisqu'il s'arroge le pouvoir de rétorsion. Encore une fois pour moi un véritable Etat est celui où les citoyens participent aux institutions régaliennes (armée, police, justice au minimum, + accés aux organes de controle).

Pour ce qui est de l'impot mal acquis... C'est délicat, en effet. L'idéal serait une participation "spontanée" à une structure commune (on l'appelle Etat ou pas) qui permette d'éviter les excés, mais il faudrait pour ca un lien social qui pour moi n'a pas la solidité requise à l'heure actuelle. Bien sur si vous réfutez le fait qu'en l'absence de structure étatique les réseaux mafieux existeraient toujours nous auront un désaccord définitif (je ne vois pas la mafia disparaitre en Italie si l'on dissout l'Etat...).
« J'aimerais que vous me fournissiez des exemples plus concrets »

Les sociétés du CAC40, Monsanto juste pour l'exemple… Ces sociétés-là sont le fruit du copinage avec l'État, bénéficient de réglementations anticoncurrentielles…

Elles ont certes une structure similaire, mais n'ont pas le pouvoir de lever l'impôt et n'ont pas de police, d'armée… Leur seul pouvoir est l'argent et l'avidité des politiciens qui le convoitent.

Le problème est que l'État n'équilibre pas. Où est cet équilibre ? N'est-il pas déjà là de façon naturelle ? Et lorsqu'il agit, ne crée-t-il pas plutôt un déséquilibre ?
Comparer l'économie avec la circulation est tout de même fortement osé. Le code de la route s'impose de lui-même, il y va de soi. De plus, il est le même pour tous, ne donne aucun passe droit. De plus, il est normal que le propriétaire des routes impose son code de conduites afin d'éviter les accidents.
L'économie, c'est un domaine beaucoup plus abstrait que la circulation, c'est un domaine pour lequel les politiciens sont fortement ignorants et prétendent savoir.

« En gros puisque la liberté de l'un s'arrete ou commence celle de l'autre, il faut bien un acteur qui trouve le point d'équilibre le plus supportable. »

Je suis d'accord avec la première partie, mais pas avec la 2nde. Le point d'équilibre existe déjà de façon naturelle, il n'y a pas à l'établir, mais à le reconnaître. Le problème avec le politicien, c'est qu'il aura une facheuse tendance à l'établir selon un rapport qui l'arrange. Je ne crois pas que le politicien soit suffisamment compétent ou intègre pour cela, et vous non plus.

«mais pourquoi évoquez-vous celà d'ailleurs ?»

Juste pour exposer le fait que les moyens de l'État sont limités, qu'il est impossible de résoudre les problèmes par la politique, surtout concernant une des missions régaliennes de l'État.

«L'idéal serait une participation "spontanée" à une structure commune (on l'appelle Etat ou pas) qui permette d'éviter les excés, mais il faudrait pour ca un lien social qui pour moi n'a pas la solidité requise à l'heure actuelle.»

Certes, notez tout de même qu'on a aboli la dîme et que l'Église existe toujours.

Vous savez, il y a une chose qui m'inquiète depuis peu : c'est que la société a plus ou moins repris ses structures qu'elle avait durant l'Ancien Régime, aussi déconnecté de la Société Civile ; excepté le fait que maintenant, l'État occupe aussi la place du clergé, s'occupe de ses prérogatives (que ce soient l'enseignement, la solidarité ou même le culte avec le mariage) il y a une certaine forme de culte de l'État et je trouve cela malsain… Si on a séparé le culte religieux de l'État, un autre culte l'a remplacé.
je ne sais pas si l'on peut reduire la question "des chomeurs volontaire" avec si peu d'arguments, afin d'essayer d'etre equitable dans nos jugements je vous invite a visionner cette video.
https://www.youtube.com/watch?v=rczhi-yOicA
bien a vous
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L'Homme a reçu le devoir moral de travailler.

Mais pas forcément de travailler pour les autres, pour de l'argent en retour et dans le cadre classique ou courant des lois appliquables.

Peu importe que ce travail non-monétisé prenne la forme de l'écriture d'un livre, d'un bêchage de jardin d'une action caraitative bénévole ou de l'instruction d'un enfant.

Ce qui est immoral c'est de ne rien foutre, de butiner d'hôtels en restaurants, ou de se lever à midi.



NB: les assedic indemnisent non pas une situation de chômage mais une situation de recherche d'emploi.
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Ce qui est immoral c'est de ne rien foutre, de butiner d'hôtels en restaurants, ou de se lever à midi .


Immoral avec de l'argent non MERITE !
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la morale n'est pas une notion relative.

Avec ou sans argent, c'est tout autant immoral.
Avec ou sans n'importe quoi d'autre d'ailleurs...
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Si ce n'est pas avec l'argent des autres, ce n'est pas votre affaire.
Le travail obligatoire, la vertu du travail qui serait la fin et non le moyen, c'est bien un truc de socialaud.
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Bonne ouverture des yeux aux lecteurs .
« chômeur volontaire » et ses ennemis : moi !
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Pâris - 6/18/2013 at 10:53 AM GMT
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