Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Il y a quelques jours, j’écrivais un papier sur les
« fonctionnaires et assimilés » consacré aux
régimes spéciaux de cette catégorie.
J’ai reçu un courrier abondant de lecteurs. Très
abondant. De façon purement factuelle, car comme je le disais et comme
je le répète encore, les fonctionnaires ne sont pas nos
ennemis, nous avons besoin d’eux, ils sont indispensables à la
collectivité et ils font du bon travail.
Ceci étant posé, et ce sera très vite
oublié par mes détracteurs, il apparaît clairement,
à la lecture des mails reçus, un très fort clivage.
D’un côté les fonctionnaires arc-boutés sur leurs
« avantages » et les autres qui, disons-le, sont clairement
écœurés de devoir payer et financer des « avantages
» avec leur argent pour ne pas en bénéficier.
L’un des arguments les plus courants de la part des
fonctionnaires pour s’opposer à la réforme des
régimes spéciaux consiste à dire que certes ils partent
avec 80 % (en gros) de leurs 6 derniers mois de salaires (en gros) mais que,
dans le calcul de leurs pensions, les primes ne sont pas prises en compte !
C’est vrai ! C’est pourquoi il faut intégrer les 10
% de primes dont ils bénéficient dans le salaire et dans le
calcul pour la retraite. Car il faut être non pas « juste »
(nous laisserons l’utilisation de ce terme au gouverne-ment)
mais intellectuellement honnête.
C’est les zautres qui doivent
être égaux, pas nous !
Voilà en substance les courriers reçus de la part de nos
amis fonctionnaires. Alors il est bien évidemment de bon ton
d’appeler à l’Eééééégââlité
de tous les êtres humains, valeur fondamentale de notre
république et portée haut par nos bien-pensants de la gôche moralisatrice.
Je suis d’accord avec ce grand principe. Soyons
égaux… y compris devant la retraite ! Tous pareil, privé
comme public. D’ailleurs, à titre personnel, étant de gôche lorsqu’il s’agit
d’avantages sociaux (pour moi, j’entends), j’aimerais bien
que l’on harmonise le régime du privé… sur celui du
public et pas l’inverse, ce avec quoi nos amis fonctionnaires devraient
être d’accord.
Mais nous avons un léger problème de pépettes !
Tout le problème est là en fait. Il n’y a plus de sous-sous dans la cai-caisse !
Et là, je tombe sur cet article de L’Expansion suite aux
dernières déclarations de Marylise Lebranchu
intitulé :
Retraites, salaires : les fonctionnaires prêts à
déclarer "la guerre" au gouvernement
Je vais vous citer les passages les plus importants :
« Les salaires des fonctionnaires devraient de nouveau
être gelés en 2014. Pour les syndicats, déjà
très remontés contre une possible
remise en cause du mode de calcul des retraites, la coupe est pleine. Ils
prévoient une mobilisation massive cet automne.
« Marylise Lebranchu aurait-elle mieux
fait de se taire ? La ministre de la Fonction publique a annoncé ce
mardi que le point d'indice sera de nouveau gelé en 2014, fermant
ainsi la porte à une revalorisation générale des
salaires des 5,2 millions d'agents de fonctionnaires. Cette annonce survient
à deux jours d'une conférence sociale où devrait
être abordée la question du calcul des retraites des agents, un
dossier potentiellement explosif pour le gouvernement, plusieurs syndicats
ayant prévenu que toucher au système serait pour eux un casus
belli. »
Qu’en penser ?
La Ministre indique qu’en gros les caisses sont vides et
qu’il va être difficile, alors que l’on augmente tous les zimpôts, que les rentrées fiscales
finalement diminuent, et qu’il manque 8 milliards de plus que ce
qu’il manque habituellement, d’augmenter les salaires de nos
fonctionnaires aussi méritants soient-ils !
Autre élément à porter à la connaissance
de nos zamis fonctionnaires : d’une part les
salaires dans le privé n'augmentent pas du tout ou très peu
depuis environ 15 ans, d’autre part les fonctionnaires sont des femmes
et des hommes libres ! Ils ont le drôat
d’aller bénéficier de tous les avantages (et des
désavantages) du privé. Personne ne les retient (comme dans le
privé où on vous le fait sentir tous les jours), ils ont donc
la possibilité de quitter la fonction publique pour aller voguer vers
d’autres cieux. D’ailleurs un certain nombre, tous les ans,
choisit d’en partir pour de très nombreuses raisons.
Enfin, il faut tout de même rappeler (sans que cela ne remette
en cause encore une fois la qualité de leur travail et leur
nécessité pour faire fonctionner notre société)
que les fonctionnaires sont payés par prélèvement sur la
richesse créée par les zautres…
Évidemment, les zautres pourraient sans
doute créer moins de richesse si nous n’avions pas la fonction
publique de qualité qui est la nôtre. D’un autre
côté si nous l’avions pas…
elle coûterait rien...
« Le point d'indice, qui sert de base au calcul des salaires des
fonctionnaires, est gelé depuis une faible revalorisation de 0,5 % en
2010. Selon la Cour des comptes, une hausse de 1 % du point augmente de 800
millions d'euros la masse salariale de l'État (80,6 milliards d'euros
en 2013). C'est pourquoi le gouvernement avait choisi de poursuivre en 2013
la politique de gel mise en place par la précédente
majorité de droite. »
Qu’en penser ?
On apprend au passage la masse salariale pour l’État qui
s’élève à 81 milliards d’euros. Cela ne
prend pas en compte les « assimilés ». Juste pour relativiser
tout de même le coût de notre fonction publique (qui sera
toujours trop cher aux yeux du FMI, de la BCE et consort), les
intérêts d’emprunts coûtent à notre pays
environ 50 milliards d’euros chaque année… Et encore, les
taux sont historiquement bas. Si les taux montent assez fortement dans les
années qui viennent, nous pourrions dire que les intérêts
d’emprunt coûtent plus cher que les fonctionnaires… Et
objectivement au total, disons-le, ils ne nous coûtent pas si cher que
cela, bien que ce sera toujours trop cher…
« Six syndicats sur huit de la fonction publique – CGT,
FSU, FO, Sud-Solidaires, CFE-CGC et CFTC – ont déjà
prévu de se rencontrer le 5 septembre pour préparer une
mobilisation cet automne. Avec cette dernière annonce sur le point d'indice,
il n'est pas exclu que la CFDT et l'Unsa les
rejoignent. »
Un front syndical uni des fonctionnaires à l'automne serait un
très mauvais signe pour le gouvernement, à quelques mois des
élections municipales. Les fonctionnaires sont un électorat
essentiel pour le PS - les deux tiers ont voté François
Hollande au second tour de la présidentielle en 2012. »
Qu’en penser ?
Encore une fois, ne comptez pas sur moi pour faire de l’antifonctionnaire primaire. Ils ne nous coûtent pas
si cher que cela dans l’absolu mais en pratique et cela n’a rien
à voir.
Néanmoins, et c’est là leur erreur actuelle
d’appréciation fondamentale sur la réalité de
notre pays, les « zautres » ne veulent
plus payer pour qu’ils aient plus d’avantages que tout le monde.
Encore une fois, les fonctionnaires doivent sortir de la culture du
misérabilisme qui est la leur en se croyant toujours plus pauvre
qu’ailleurs. C’était vrai. Ça ne l’est plus
(statistiquement), car les salaires du privé n’évoluent
plus depuis 15 ans, comme je l’ai déjà dit.
Nous apprenons au passage que 66 % des fonctionnaires votent à
gauche, avec pour unique objectif de préserver leurs acquis. En
préservant leurs acquis à tout prix dans un pays en
quasi-faillite, nos zamis fonctionnaires doivent
comprendre qu’ils le font au détriment des zautres
catégories. C’est de l’égoïsme pur.
Inciter ou appeler à la grève est irresponsable et cela
n’aura qu’un seul résultat : monter l’ensemble des
Français contre les fonctionnaires et assimilés. Au bout du
compte, à rester campés sur des positions indéfendables,
ils perdront tout alors qu’ils peuvent encore sauver l’essentiel.
L’exemple de la télé grecque est à méditer
à cet égard. Ce n'est pas un affront, ni une provocation que de
leur dire tout cela. C'est du simple bon sens.
Enfin, dernière chose, que nos amis fonctionnaires
n’oublient pas le point de vue de Churchill : « Mieux vaut
prendre le changement par la main, plutôt que d’attendre
qu’il vous prenne à la gorge. »
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/economie/retrai...gGcP4jLWkg8W.99
|