Mes chères
contrariées, mes chers contrariens !
Hier, j’exprimais dans ces
colonnes ma « saine colère » au sujet des tickets resto
qui sont en voie de disparition à un moment où jamais nos
concitoyens n’ont autant eu besoin d’un petit coup de pouce en terme de pouvoir d’achat. Mais c’est un
avantage que nos politiques ne peuvent en aucun nous laisser. Pensez-donc !
Un espace de liberté incontrôlable. Inacceptable.
Il m’a quand même fallu
deux douzaines d’huîtres n°4 avec un verre de rosé
pour me calmer (et payés en tickets resto) !
Aujourd’hui, c’est le projet
de loi Hamon qui défraie la chronique. Il faut dire que lui non plus
n’est pas des plus heureux. Je commence à avoir la
fâcheuse impression que non seulement ce gouvernement ne comprend
strictement rien à la réalité de l’économie
dans notre pays et aux comportements des acteurs, mais qu’il est en
réalité dirigé par des think
tanks, c’est-à-dire des groupes de réflexion gôcho-bobo à l’idéologie
dévastatrice pour la stabilité sociale mais également
économique de notre pays.
De l’autre côté
et concernant la crise économique et en particulier celle de la zone
euro, notre gouvernement est frappé d’un déni qui confine
à la maladie mentale ou à la propagande la plus inadmissible
consistant à cacher la simple vérité à la
population, ce dont il ne se cache même plus puisque les conseillers de
François Hollande 1er ont expliqué qu’il fallait
qu’il délivre un message positif afin de « remonter
» le moral des foules !
C’est donc une double
actualité que je voulais aborder avec vous ce soir. D’abord ce
fameux projet de loi Hamon et la dernière interview donnée
à La Tribune (journal « sérieux »,
c’est-à-dire discipliné) par Patrick Artus
(économiste « sérieux », c’est-à dire
qui passe à la télé et ne dit pas un mot plus haut que
l’autre) concernant l’Europe et sa monnaie unique.
L’enfer est pavé de bonnes intentions !
Voici ce que raconte un papier de
BFM à ce sujet : « Le projet de loi sur l’économie
solidaire est présenté ce 24 juillet en Conseil des ministres.
Une disposition fait bondir les organisations patronales : obliger les
dirigeants à avertir les salariés 2 mois avant la cession de
leur entreprise.
La CGPME en est sûre : cette
loi va freiner les transmissions d’entreprises ! Pour
l’organisation patronale, si on prévient tous les
salariés d’un projet de cession en amont, l’effet est
dévastateur : en interne, tout le monde s’inquiète, et en
externe, les fournisseurs ou les clients se mettent à douter.
Enfin, les éventuels
repreneurs hésitent à passer à l’acte face
à une situation qui peut se tendre à tout moment. »
Pour ceux qui connaissent la vie en
entreprise et en particulier dans les petites entreprises, le quotidien
s’y apparente assez à une série de télé
réalité où un groupe d’individus différents
est enfermé dans un lieu. D’ailleurs, avec le principe du licenciement,
il y a même un système d’élimination type «
tu es le maillon faible » comme à la télé !
Pour ceux qui connaissent la vie en
entreprise, l’emploi n’est pas garanti, il y a donc une forme
d’inquiétude permanente et de stress quotidien liée
à l’avenir.
Les patrons, qui ne sont pas que de grands méchants loups
dévorant le gentil petit chaperon rouge salarié, sont souvent
obligés d’intervenir pour rassurer les troupes, leur donner de
la visibilité, leur dire où en est l’entreprise en bien
comme en mal.
Pour ceux qui connaissent la vie en
entreprise, lorsqu’il y a une arrivée ou un départ cela
déstabilise souvent l’équilibre précaire des
équipes (en bien comme en mal).
Pour ceux qui connaissent la vie en
entreprise, le plus angoissant pour les salariés c’est
évidemment d’apprendre que leur patron, celui qui pilotait la
boîte, qui vous a recruté, en qui vous avez confiance, souhaite
vendre la société. À qui ? Pour combien ? Qui va
racheter ? Que va-t-on devenir ?
C’est une période extrêmement anxiogène et
particulièrement démotivante car tout ce pour quoi les
salariés se sont battus risque de disparaître avec un simple
acte de vente. C’est donc un moment délicat de la vie
d’une entreprise, et une cession mal réalisée,
c’est la mort assurée de l’entreprise… et donc des
emplois.
Alors doit-on obliger par la loi
que les patrons consultent les salariés deux mois avant ? Je pense que
c’est une erreur fondamentale. Il y a très peu de cas dans
lesquels les salariés sont capables aussi bien techniquement, que financièrement
ou encore moralement de reprendre une entreprise.
Pour ceux qui connaissent la vie en
entreprise, la plus grande majorité des gens n’ont pas envie ni
de devenir actionnaire, ni de devenir « patron » de leur
entreprise.
L’idée est belle, tel
n’est pas le problème. Oui l’idée des SCOP doit
être encouragée, et j’y suis profondément
favorable. Oui nous devons créer un fonds public permettant de
financer, sous certaines conditions, ce passage en SCOP. Oui nous pouvons
aider les salariés notamment à travers des formations. Oui nous
pouvons inciter les patrons par exemple à étudier cette voie
par exemple en étant positif et en donnant un allègement fiscal
sur la cession si et uniquement si la cession se fait au profit des salariés.
Voilà qui serait intelligent, positif, constructif et consensuel.
Voilà ce qui serait fait pour faire ensemble et non pour opposer.
Nous pourrions aussi, plutôt
que de devoir consulter les salariés avant, le faire a posteriori, en
faisant une loi qui dirait que toute cession peut être annulée
pendant un délai de deux mois si les salariés regroupés
au sein d’une SCOP sont en mesure de reprendre l’entreprise. Ils
deviendraient prioritaires.
Bref, tout cela pour vous montrer
qu’il y a plusieurs solutions et plusieurs façons d’aborder
ce sujet et ce problème. En l’occurrence, notre gouvernement
nous montre encore qu’il choisit la voie de l’idéologie et
de la sanction à l’égard des entreprises et des
entrepreneurs.
Le gouvernement choisit la collectivisation rampante plutôt que le
« consensus ».
Enfin, je voulais revenir sur ce
passage de l’article de BFM : « Cette réalité,
c’est la discrétion qui, nous dit-on à la CGPME, doit
être un préalable à la transmission d’entreprise.
»
C’est du bon sens ! On ne
vend pas une voiture bon sang ! On vend un outil de
travail, avec des salariés et des clients. Clients qui peuvent
déserter en quelques instants et privilégier une autre solution
s’ils ont des doutes sur l’avenir ou la pérennité d’une
entreprise.
C’est donc un projet de loi
stupide, idéologue, qui ne prend pas en compte les
réalités économiques ni le désir des
salariés qui seront toujours minoritaires pour fonder une SCOP. Soyons
sérieux ! La majorité des cessions ne donneront pas lieu
à une reprise par les salariés qui est l’une des
solutions mais pas la panacée universelle !
Encourager oui et cent fois oui.
Obliger est une erreur, mais ce ne sera ni la première ni la
dernière d’un gouvernement techniquement lamentable. Ils sont tout
simplement mauvais et incompétents. Je considère que l’on
ne légifère pas ou le moins possible lorsqu’il
s’agit de cas minoritaires. Très minoritairesc!
Patrick Artus : « Un défaut est
inévitable pour les pays les plus vulnérables de la zone
euro »
Et voilà notre grand
économiste Patrick Artus qui vient d’avoir la
révélation au bout de six ans de crise que nous n’allions
pas nous en sortir en termes d’endettement, et qu’il faudra bien
se résoudre un jour ou l’autre à faire défaut, ne
serait-ce que partiellement sur les dettes souveraines. (Pensez à vite
fermer vos contrats d’assurance vie car vous allez tous vous faire chyprer !)
« L’augmentation des
dettes publiques des pays sous programme
d’aide européenne et du FMI jette des doutes sur les
remèdes choisis par les Européens pour régler le
problème d’endettement excessif dans le sud de la zone euro. Que
cela vous inspire-t-il ?
Je suis persuadé qu’un
défaut est inévitable pour les pays les plus vulnérables
de la zone euro. Cela ne signifie pas un défaut violent où
l’on décide du jour au lendemain de ne rien rembourser. Cela
peut consister en une restructuration par un échange de titres
à un taux plus bas ou avec une maturité plus longue. Ce qui
correspond de plus en plus à l’analyse qui est faite par le FMI
et les Allemands.
Le Conseil allemand des experts
économiques a notamment, sous l’impulsion de Christoph Schmidt,
commencé à réfléchir à un fonds
européen de résolution des dettes européennes. Les gens
raisonnables envisagent cette solution comme une possibilité,
plutôt que de se dire que cela n’arrivera pas. Il y a une
réflexion qui existe. Y compris à la Commission
européenne, d’ailleurs.
Pourquoi en arriver à une
telle extrémité ?
C’est un message que les pays
de la zone euro ne veulent pas entendre, mais il y a un vrai problème
de solvabilité. L’Italie a vécu très longtemps
avec un taux d’endettement supérieur à 100 % du PIB sans
que cela ne pose de problème. Mais plus l’endettement est
important et plus l’exigence en terme
d’excédent primaire est élevée. Et quand on
regarde la solvabilité en zone euro on peut avoir de sérieux
doutes. »
Voilà pour les extraits. Je
vous engage à lire la totalité de son intervention car
c’est digne d’intérêt. Disons qu’il faut
retenir qu’il tente d’avoir des propos rassurants.
Après l’idée d’atterrissage en douceur des
marchés (au lieu de krach), il nous explique qu’il y aura une
faillite douce et gentille, progressive quoi… Vous serez ruinés
en plusieurs fois sans frais ! Vous zêtes
contents non ?
Il faut retenir également
que c’est irrémédiablement compromis. Soit nous sauvons
l’euro mais nous annulons les dettes devenues hors de contrôle,
soit nous sacrifions l’euro, les pays endettés
monétisent, l’inflation viendra ruiner les épargnants
mais les dettes seront honorées.
Ces deux chemins seront douloureux.
C’est juste une question de choix politique.
Dans tous les cas, nous ferons
faillite, ce n’est qu’une question de temps. En attendant,
l’or s’approche des 1 350 dollars l’once, c’est une
excellente nouvelle. Ceci expliquant sans doute cela.
Charles SANNAT
Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de
reproduction en tout ou en partie à condition que le présent
alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien
Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité
économique édité par la société
AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des
études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez
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Lire un article sur la loi Hamon de transmission des
entreprises
Lire les propos de l’économiste Monsieur Artus
ici!
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