| « Pour l’instant, mais je suis prudent, ce qu’on a, au plan national et au plan européen, c’est cette confirmation qu’il y a quelque chose qui se passe, c’est encore très fragile, très précaire, mais il y a quelque chose qui se passe dans l’économie » a déclaré hier François Hollande, le Président de la République Française. « L’Italie est à un pas de la sortie de crise » s’est de son côté félicité Enrico Letta, le Président du conseil italien, constatant que le recul du PIB ralentit quelque peu en raison d’une atténuation des mesures d’austérité et de la bonne tenue des exportations. Il n’en faut pas plus pour ne voir que le commencement de la fin de la récession et occulter l’anémie prévisible de la relance qui va suivre. Le franchissement symbolique du seuil de la récession, qualifié par certains analystes de purement « technique » (deux trimestres consécutifs de croissance négative), est d’un effet très réduit, masquant des écarts importants entre pays, eux-mêmes significatifs de déséquilibres structurels au sein de la zone euro, qui alimentent la poursuite de sa crise. Cela justifie que le FMI préconise une pause fiscale en France, étant donné les conséquences de la récession du pays sur ses partenaires économiques européens, et « un rééquilibrage de la politique [allemande] si la croissance ressort en-dessous des attentes ». En effet, « des perspectives amoindries pour l’Allemagne pèseraient à leur tour sur les perspectives de croissance de la région et du monde », selon un mécanisme de « risques étroitement liés et qui se renforcent mutuellement ». Le rôle de laboratoire attribué à l’Espagne se confirme simultanément, non sans contradiction avec cette politique d’assouplissement. Le commissaire Olli Rehn vient à l’appui de la proposition du FMI de couper les salaires de 10% – qui a peu de chances d’être suivie – calculant on ne sait comment que cela ramènerait le taux de chômage de 25 à 6 ou 7%, mais ne mesurant pas l’incidence de cette mesure sur le PIB et le ratio de son rapport avec la dette publique ! Fatima Bañez, le ministre de l’emploi espagnol, part de son côté en guerre contre l’économie informelle (de la survie), qui recouvre selon elle 130.000 emplois, et garantit l’anonymat des dénonciateurs zélés dans un retour aux sources des heures sombres du franquisme. Tout étant étroitement lié en Europe – le sort des banques et des États, comme celui des banques et des États entre eux – l’incidence de la poursuite de la crise au Portugal sur les banques espagnoles revient dans l’actualité. L’exposition de celles-ci à l’économie portugaise les rend vulnérables aux soubresauts qui vont s’y poursuivre, dans la perspective du retour sur le marché de 2014 qu’il va falloir d’une manière ou d’une autre aménager par de nouvelles aides. Le Portugal entre lentement mais sûrement dans une situation à la grecque. Son ratio dette/PIB atteint 125% et implique une décote qui ne sera pas décidée, car cela reviendrait à la faire assumer au final par la BCE, comme c’est le cas pour la dette grecque. Le pourrissement de la situation est à la clé. La zone euro ne bénéficiant plus de l’indicateur que représentait le taux de la dette obligataire, la BCE l’ayant neutralisé, le sentiment factice d’une sortie de la crise se répand, mais la pause reste très fragile, en attendant d’autres épisodes. | |