Le Big Mac Index est généralement
utilisé pour comparer la valeur des devises entre deux pays. Il
s’agit d’estimer si elles ne seraient pas sur- ou sous
évaluées l’une par rapport à l’autre.
Pourtant, il pourrait s’avérer plus utile s’il était
utilisé pour évaluer la perte du pouvoir d’achat
d’une monnaie-papier locale sujette à l’inflation des
autorités monétaires. Les résultats d’un tel
exercice sont fort intéressants, notamment si on les compare à
l’indice des prix à la consommation (IPC ou CPI en anglais).
Le Big Mac Index (BMI) a été
présenté par le magazine The
Economist en 1986. Depuis, celui-ci publie
régulièrement les données à ce sujet. L’utilisation
traditionnelle du BMI consiste à juger de la sur- ou de la sous-évaluation
de deux devises en comparant les prix du Big Mac entre
les deux pays. Ceci revient à considérer implicitement que le
prix devrait être le même partout dans le monde (en tenant compte
du taux de change).
Il est vrai
que ce produit a peu évolué au fil des années et qu’il
obéit à un cahier des charges similaire dans les quatre coins
du monde. Cependant, McDonald’s utilise généralement des
matières premières locales, paie des taxes et des loyers
différents, sans parler d’autres facteurs spécifiques
à chaque pays. Il n’est par conséquent pas illogique que le
prix du Big Mac varie d’un pays à un
autre. De ce fait, l’utilisation du BMI paraît contestable.
Cela
n’empêche que son utilisation peut avoir du sens s’il vise
à suivre l’évolution du prix du Big
Mac au fil du temps. Car les effets de la création monétaire
inflationniste risquent fort de s’y refléter au fil du temps.
Le
spécialiste Peter Schiff s’est penché
sur les chiffres à cet égard, en comparant l’évolution
du BMI aux États-Unis avec celle du CPI. Il a ainsi découvert
qu’entre 1986 et 2003, le BMI américain a dans l’ensemble augmenté
de pair avec le CPI américain. S’il y a bien eu des divergences certaines
années, les deux indices ont néanmoins affiché une
hausse du même ordre sur l’ensemble de la période, soir environ
68%. La mesure de la perte du pouvoir d’achat du dollar serait donc
similaire avec les deux indices.
Or, depuis avril
2003 – soit après le crash des années 2000, une
période caractérisée par des taux bas et une forte
création monétaire – le BMI et le CPI ont largement
divergé. Alors que ce dernier affiche en janvier 2013 une augmentation
de 25%, le BMI, de son côté, s’est envolé de 61% sur
la même période, soit bien plus du double. Sachant que la
recette du fameux hamburger n’a pas changé au cours de la
dernière décennie, Peter Schiff
conclut que c’est donc la « mesure officielle » de
l’inflation qui a dû être modifiée. Elle sous-estimerait
potentiellement la perte de pouvoir d’achat du dollar.
Qu’en
est-il de la situation de l’euro?
Un
décalage est également observable. Le BMI a augmenté plus
vite, notamment depuis 2006 que le CPI dans la zone euro (voir Figure 1). En
janvier 2013, ce dernier aura ainsi augmenté de « seulement »
13% contre 22% pour le BMI, soit un écart entre les deux de 67%.
Figure 1 : Évolution du BMI
et du CPI dans la zone euro, 2000-2013
Source : The Economist ;
Eurostat, 2013.
Si le BMI reflète
là-aussi peut-être mieux la perte de pouvoir d’achat de
l’euro, il ne faut pas oublier qu’il sous-estime toujours
l’ampleur réelle de l’inflation, dont les effets sont
compensés en partie par les gains de productivité qui limitent
l’envolée des prix.
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