À la suite de mon billet du jour, on me signale quelques liens intéressants.
Comme par hasard, ils complémentent admirablement bien le billet, et renforcent l’impression générale de fuite en avant, de futilité et d’exaspération qui s’étend dans toute l’Éducation Nationale.
Il y a, bien sûr, ce petit article du Figaro qui expose les humides débilités de Peillon qui cherche, encore une fois, à alléger les programmes. Plus de poterie, plus de macramé, moins d’histoire, moins de géographie, plus de vent, moins de matière. On continue la branlette assistée par éducateur, en rythme soutenu voire frénétique ; le risque de cloques existe. Qu’il est loin, le temps où l’élève apprenait, bêtement mais utilement, son histoire de France de façon chronologique, sa géographie en partant de son territoire proche pour ensuite découvrir le reste du monde…
Il y a aussi les complaintes des profs, jeunes, qu’on bombarde d’injonctions paradoxales, de buts divers, variés, détachés les uns des autres, avec un éloignement toujours plus grand du réel et de l’objectif affiché qui était, jadis, d’instruire les enfants. Maintenant, on les éduque, parfois. On doit les occuper, tout le temps.
Je dois mettre en place des séances où je n’interviens presque pas, où l’élève fait tout tout seul, où il construit lui-même son enseignement, si possible à l’aide d’un ordinateur. J’ai passé de longues heures à chercher des ressources, à tenter de construire ces nouveaux cours. Des nuits. Je suis désolé. Je n’y arrive plus, je ne sais plus faire mon métier.
Et il y a enfin ces petits moments de silence où un plomb saute, un ange passe, et un prof se suicide. Intéressant : pas un mot des syndicats pour dénoncer le management inhumain (apparemment, c’est seulement dans le privé, comme à France Télécom). Pas un mot des politiciens pour s’emporter contre cette machine qui broie de l’élève, du prof, des parents et une société tout entière. Pourtant, difficile de trouver des motifs personnels dans les motivations du dernier acte de Pierre Jacque :
Autrefois on savait parler et écrire un français très convenable après 5 ans d’étude primaire. Aujourd’hui les élèves bacheliers maîtrisent mal la langue, ne savent plus estimer des chiffres après 12 ans d’études. Cherchez l’erreur. La réponse de l’institution est : « oui mais les élèves savent faire d’autres choses ». Je suis bien placé dans ma spécialité pour savoir que cela n’est pas vrai ! (…) la responsabilité de l’éducation nationale est écrasante.
Des analphabètes, des illettrés, des suicides, des malades, des centaines de milliers d’élèves qui quittent sans avoir acquis même un rudiment de métier, des dizaines de milliers de profs qui se plaignent, des parents qui constatent, jour après jour, le désastre froufroutant et citoyen qu’on leur fait passer pour une instruction… Il est vraiment urgent d’aller envahir la Syrie.