Un observateur qui regarderait le graphique ci-dessous le
trouverait il inquiétant ?
Et s’il apprenait que les flèches en direction de Hong
Kong représentent la taille et la direction des flux de métaux
précieux dans le monde ?
Le trouverait il inquiétant ?
Les exportations d’or du
Royaume-Uni
Un article publié la semaine dernière par le
Financial Times de Londres rapportait que les exportations d’or depuis
le Royaume-Uni vers la Suisse ont été multipliées par
dix depuis un an.
Au cours des six premiers mois de 2013, le Royaume-Uni a
envoyé 798 tonnes d’or vers les raffineries Suisses, contre
seulement 83 tonnes au cours des six premiers mois de 2012. Au cours du seul
mois de mai, 240 tonnes de métal ont été
exportées.
798 tonnes, c’est beaucoup d’or !
C’est l’équivalent de 30% de la
production d’or annuelle globale, ou 8% des 10.000 tonnes d’or
privé et officiel qui se trouveraient dans les coffres de la Banque
d’Angleterre à Londres.
Et puisque
c’est une information extraordinaire, je juge bon de me
répéter. Au cours des six premiers mois de cette année,
Londres, le centre du marché de l’or mondial, a envoyé
l’équivalent de 30% de la production d’or annuelle globale
vers la Suisse.
Puisque le Royaume-Uni n’a pas de mine d’or substantielle,
et que la banque d’Angleterre ne conserve que 300 tonnes d’or en
le nom du Trésor Britannique, l’or exporté provient
certainement d’autre part.
J’ai déjà suggéré dans
un certain nombre de mes commentaires hebdomadaires que l’une des
sources permettant de satisfaire la demande en or du monde puisse être
les inventaires des ETF déposés à Londres. Les ETF ont
vendu 650 tonnes d’or cette année.
J’ai également expliqué que selon des
informations publiées par la banque d’Angleterre
elle-même, 1.300 tonnes d’or ont disparu de ses bilans entre
février et juin de cette année. Voilà qui suggère
que d’importantes quantités d’or ont quitté ses
coffres.
Observés ensemble, ces trois facteurs prouvent
clairement que des quantités de métal sans
précédent sont déplacées à partir de
Londres, et nous savons vers où une majorité de cet or se
dirige.
Montres Suisses, chocolat Suisse,
banques Suisses, et n’oublions par les raffineries Suisses
Une majorité de cet or se dirige vers les
raffineries Suisses.
Quatre des plus importantes et des plus prestigieuses
raffineries, j’ai nommé Metalor, Pamp, Argor-Heraeus et Valcambi, se trouvent en Suisse. Il est dit que les
raffineries Suisses traitent près de 70% des réserves
d’or mondiales. Certains rapports confirment également que ces
raffineries tournent jour et nuit pour satisfaire la demande.
Comme vous le savez certainement, le
‘fabriqué en Suisse’ est connu pour sa qualité et
sa précision, quelle que soit l’industrie concernée.
Les Suisses ont bien entendu aussi la réputation
d’avoir des coffres bancaires sécurisés et d’offrir
un service de transport de première classe pour les biens qui y sont
envoyés. Pour cette raison, il n’est pas étonnant que les
Suisses aient une relation de longue date avec l’or et le marché
de l’or.
Il y a trois raisons possibles pour lesquelles l’or
sort des coffres du Royaume-Uni pour se rendre en Suisse.
La première est que les raffineries Suisses soient
les seules à avoir la capacité de transformer les
énormes quantités d’or standardisé et reconnu que
sont les barres Good Delivery de 400 onces sous des
produits physiques plus petits, telles que des barres d’un kilo
préférées par les Asiatiques.
J’ai déjà abordé, ainsi que
d’autres observateurs de marché, les deux autres raisons.
Premièrement, la demande Asiatique sans précédent exige
la transformation de l’or sous une marque et d’un poids
caractéristiques de l’Asie. Deuxièmement, les
propriétaires d’or perdent rapidement confiance en le
marché de l’or de Londres.
Des rumeurs circulent, ainsi qu’un nombre croissant
de preuves, au sujet d’irrégularités sur le marché
de Londres. En conséquence, de nombreux individus fortunés,
institutions et gouvernements qui trouvaient jusqu’alors
bénéfique de conserver leur or au cœur du marché de
l’or de Londres se dirigent maintenant vers la sortie.
Ils transfèrent leur or depuis Londres vers des
coffres privés qui ne sont pas exposés au système
financier de l’or papier (c’est-à-dire aux ETF, aux
contrats à terme et aux opérations de prêts en or des
banques commerciales).
On estime sur le marché financier de l’or
papier à entre 40 et 100 le nombre de contrats papiers pour chaque
once de métal disponible.
La déthésaurisation des ETF, les
contradictions de la banque d’Angleterre en matière de
réserves d’or et les exportations d’or depuis le
Royaume-Uni vers la Suisse prouvent clairement que l’or de Londres se
déplace.
Vers où va tout cet or ?
‘vers Hong Kong’.
Il est alors nécessaire de creuser un peu pour
découvrir vers où les raffineries Suisses envoient les
réserves d’or nouvellement transformées.
J’ai analysé les chiffres de
l’importation enregistrés par le Départeemnt
des Statistiques et du Recensement de Hong Kong et ai découvert que
375 tonnes d’or ont été importées depuis la Suisse
au cours des six premiers mois de 2013.
J’ai également découvert que le
Royaume-Uni a envoyé 59 tonnes d’or directement vers Hong Kong
sur la même période. En additionnant ces deux chiffres, nous
obtenons un total de 434 tonnes de métal.
Très intrigué, j’ai poursuivi mes
recherches et ai découvert que Hong Kong, au cours des six premiers
mois de cette année, a importé 238 tonnes d’or depuis
trois des plus gros producteurs d’or de la planète,
l’Australie (#2), les Etats-Unis (#3) et l’Afrique du Sud (#5).
Ces pays ont envoyé respectivement 81, 84 et 73 tonnes d’or vers
Hong Kong.
En annualisant ces chiffres et en les comparant à
la production annuelle de chacun de ces pays, leurs exportations
combinées vers Hong Kong représentent 73% de leur production
annuelle cumulée !
J’ai ensuite découvert que 22 autres pays ont
exporté de l’or vers Hong Kong, pour un total de 135 tonnes de
métal.
Le total de ces exportations s’élève
à 807 tonnes d’or pour seulement six mois. Une fois
annualisé, ce chiffre représente 65% de la production
minière annuelle globale.
Puisqu’une image vaut mieux que mille mots, voici un
graphique en camembert représentant l’origine de l’or
importé par Hong Kong au cours des six premiers mois de cette
année et leur pourcentage par rapport au total.
Ne soyez pas alarmé par le bruit sourd qui nous
vient d’Orient, et qui petit à petit aspire l’or tout
autour de nous.
La cerise sur le gâteau
Qui n’aime pas les cerises ?
La Chine est le premier producteur d’or mondial et
n’exporte pas sa production annuelle estimée à 400
tonnes. Les quatre plus gros producteurs d’or du monde envoient donc en
moyenne 83% de leur production annuelle à la Chine.
Il est nécessaire de mentionner ici un point
important au sujet des importations et des exportations d’or entre Hong
Kong et le continent Chinois. Il est facile d’oublier que, pour des
raisons pratiques, Hong Kong se trouve en Chine et que Hong Kong est
Chinoise. Comme les données ci-dessus l’indiquent, la ville de
Hong Kong sert également de port d’entrée de l’or
vers la Chine.
En gardant cela à l’esprit, notez que Hong
Kong a envoyé 91% de ses exportations en or, ou 736 tonnes, vers la
Chine au cours des six premiers mois de cette année.
Au risque de vous confondre, notez également que la
Chine a envoyé 218 tonnes d’or vers Hong Kong. Annualisé,
ce chiffre représente 436 tonnes, soit approximativement la production
annuelle de la Chine.
Mais puisque Hong Kong envoie 91% de l’or
qu’elle importe (dont celui qui provient de la Chine) vers la Chine, il
est probable que ces 218 tonnes n’y soient envoyées que pour y
être raffinées ou stockées.
La raison en est que Hong Kong, comme la Suisse, dispose
de raffineries reconnues et de nombreuses infrastructures de stockage.
Conclusion…
J’ai eu la chance cette semaine de pouvoir
découvrir d’autres pièces du puzzle de la demande en or.
Dans mes précédents commentaires, je suis
parvenu à établir que la demande globale en or physique est
très importante, et qu’une importante part de cette demande
provient d’Asie.
J’ai apporté plus haut de nouvelles preuves
du transfert de propriété de l’or physique vers la Chine.
Dans mon commentaire de la semaine dernière,
j’ai abordé le sujet des transformations tectoniques qui
prennent place sur le marché de l’or et en affectent le paysage.
La discussion d’aujourd’hui apporte plus de
lumière sur le nouveau paysage du marché de l’or.
La nouvelle réalité, que les participants au
marché devraient apprécier dans toute son ampleur, est que la
Chine est le plus gros consommateur et producteur d’or du monde. Elle
deviendra donc bientôt la principale actrice du marché de
l’or.
Le Shanghai Gold Exchange a récemment
précisé que son objectif était de devenir le plus
important marché mondial. Compte tenu de l’activité
physique mentionnée ci-dessus, il semblerait que ce ne soient pas que
des paroles en l’air.
Les médias grand public ignorent ou masquent les
nouvelles réalités du marché de l’or, chose que ne
peuvent se permettre les investisseurs.
De mon point de vue, ces dynamiques ne peuvent nous
indiquer qu’une issue favorable pour le prix de l’or sur le long
terme. Si le mois qui vient de s’écouler peut nous indiquer une
chose, c’est que l’or se tient prêt à enregistrer de
nouvelles performances.
P.S.
Compte tenu de la situation actuelle sur le marché
de l’or, les actions ne nos chères sociétés
minières devraient bientôt se trouver grandement
appréciées. Je vous conseille donc d’accumuler les
actions des sociétés les plus solides sans plus attendre.
Voici ci-dessous une analyse comparative des
sociétés minières, qui offre de nombreux outils de
comparaison. Il vous aidera à discerner le bon grain de
l’ivraie.
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