Suite au rendez-vous à l’Élysée de plusieurs minustres avec François Hollande pour caler les derniers arbitrages du budget 2014, nous venons d’avoir droit à une très jolie vague d’annonces budgétaires bien épaisse, bien forte, bien mousseuse avec force crustacés, goémon et petit fretin vigoureux. La pèche est sensationnelle. Et ce n’est absolument pas rassurant.
Très concrètement, c’est un véritable tsunami fiscal qui déboule sur la France tant au niveau des particuliers que des entreprises. Et comme d’habitude, malgré les dénégations ridicules du gouvernement, tout le monde va devoir cracher au bassinet, y compris et surtout les pauvres. Les riches, je vous le rappelle, sont déjà exfiltrés, à l’abri, ou travaillent d’arrache-pied pour liquider leurs avoirs et les faire passer la frontière.
J’aurais l’occasion de revenir sur quelques unes de ces inventions rocambolesques qui sont en cours d’introduction à marche forcée pour l’année 2014. Mais il suffit d’éplucher la presse récente pour lever toute ambiguïté concernant la fameuse pause fiscale, qui s’écrit maintenant « pose fiscale », exactement comme dans « pose d’un cathéter ».
On découvre, consterné, que pour les entreprises dont le chiffre d’affaire est au-dessus de 50 millions d’euros, l’Excédent Brut d’Exploitation, l’EBE, va être taxé, à 1.6%. En gros, comme cet EBE inclut les amortissements et les provisions, ce sera donc un impôt qui va donc généreusement cogner les entreprises qui investissent. C’est extrêmement judicieux.
On lit, effaré, que les Français vont goûter à un rééchelonnement de la TVA : on passe de 7% à 10%, et de 19.6% à 20%. Là où l’idée générale, en temps de crise, est de conserver un maximum de pouvoir d’achat aux populations, on comprendra que la manoeuvre est finement ouvragée pour faire exactement le contraire. C’est extrêmement malin.
On constate, modérément amusé, que le gouvernement cafouille gentiment sur la fiscalité du diesel, qui, comme chacun le sait, est honteusement sous taxé. D’un côté, les écologistes veulent introduire une nouvelle bordée de taxes « carbonées » sur ce diesel ; il faut dire qu’ils ne sont jamais en retard pour tabasser les pauvres, ceux-là même qui n’ont pas franchement les moyens de se payer un appartement en centre ville et doivent donc prendre leur voiture, ou qui ne peuvent se permettre de perdre 3h dans les transports en commun régulièrement en panne, en grève ou qui desservent mal leurs lointaines habitations en carton des banlieues pas très bobo-compatibles. De l’autre, le gouvernement comprend, confusément, qu’annoncer de but en blanc une augmentation du diesel (qui aura lieu de toute façon, vous n’y couperez pas), c’est risquer une grogne vraiment sauvage.
Et on tombe sur le projet, parfaitement Normal, qui consiste à taxer les propriétaires occupant leur logement, au motif que, depuis 1965, les propriétaires occupant leurs propres logements sont totalement exonérés de fiscalité (hors taxe foncière). En conséquence, dans une note remise au premier ministre, le Conseil d’analyse économique (CAE) recommande d’augmenter la fiscalité sur l’immobilier : taxer les (salauds de) propriétaires occupants et actualiser les valeurs locatives pour accorder la taxe foncière à la valeur effective des propriétés. Eh oui, parce que ce qui est à vous et sur lequel vous avez déjà acquitté des impôts et des taxes, en réalité, n’est pas totalement à vous.
Après tout, ne l’oubliez pas : vous êtes la possession de l’État et vous lui devez tout.
Maintenant, cette vague d’impôts, ces prévisions de croissance parfaitement fantaisistes, cette agitation fébrile de tous les ministres pour trouver toujours un peu plus d’argent, pour aller gratter toujours plus dans la poche des Français ne peut vouloir dire qu’une chose : les finances de l’Etat sont dans une situation catastrophique.
Ce pays est foutu.