Alors
que l’Irlande mettra probablement fin à son programme de
renflouement d’ici la fin de l’année, la Grèce est
très loin de pouvoir le faire. Environ 10 à 11 milliards
d’euros lui sont encore nécessaires pour réussir son
renflouement, repoussant ainsi son retour à la normale à 2015.
Ce sera le troisième acte de cette tragédie économique.
Jeroen Dijsselbloem, le ministre des finances
néerlandais, a confirmé au Parlement européen, le 5
septembre 2013, qu’en « ce qui concerne le besoin probable
d’un troisième programme pour la Grèce, il est
évident que malgré de récents progrès, les
problèmes de la Grèce ne seront pas complètement
résolus d’ici 2014. »
Les deux derniers renflouements grecs se sont
chiffrés à 240 milliards d’euros, mais cela ne suffira
pas. « Il est
réaliste de penser qu’une aide supplémentaire sera
nécessaire au-delà du programme. Dans ce contexte, l’Eurogroupe a clairement indiqué qu’il
s’est engagé à fournir le soutien adéquat à
la Grèce pendant le programme en cours et au-delà
jusqu’à ce qu’elle puisse revenir sur les marchés
», a ajouté Jeroen Dijsselbloem.
Mais
la décision est loin de faire l’unanimité. Wolfgang Schäuble, ministre des finances allemand, n’y
est pas vraiment favorable tandis que la chancelière allemande Angela Merkel temporise l’avis de son ministre en rappelant
qu’ « au sein de la zone Euro, nous avons toujours dit que nous
évaluerions la situation grecque à la fin de 2014 ou au
début de 2015, » laissant ainsi une porte ouverte à une
possible rallonge financière.
Mais
c’est la Troïka – l’UE, la BCE et le FMI – qui
prendra la décision et l’imposera aux gouvernements de la zone
euro. Et à entendre Jeroen Dijsselbloem, un
troisième renflouement est d’ores et déjà dans les
tuyaux. Le Néerlandais en profite pour mettre les choses au point, le
5 septembre, au Parlement européen : « L’Eurogroupe a accepté l’année
dernière d’envisager des mesures complémentaires si
nécessaire, telle qu’une réduction des taux
d’intérêts sur les facilités de crédits
grecs. »
Mais
cela ne changera rien au fait que les contribuables de la plupart des pays de
la zone euro, à l’instar des Allemands, en ont assez de
renflouer les autres pays. Depuis trois ans, les renflouements se
succèdent sans qu’on puisse en voir la fin et sans que les
peuples qui font l’effort
financier le plus important puissent dire un mot. Or c’est
exactement ici que se trouve la faille démocratique dans laquelle
l’Europe pourrait bien tomber.
Le
problème qu’aucun des responsables européens, ni
même nationaux, ne veulent voir abordé est le suivant. L’argent
des renflouements vient des caisses de la BCE. Cela impacte donc
l’ensemble des utilisateurs de l’euro car la valeur à
terme pourrait être diminuée. . L’argent de la BCE n’est
pas autre chose que l’argent qu’utilisent les individus et, en
particulier les contribuables européens. Cet argent est
dépensé par la Troïka composée
d’entités supranationales qui n’ont pas de
légitimité démocratique, c’est-à-dire qui
ne détiennent aucun mandat du peuple qui autorise l’utilisation
de l’argent public. En effet le FMI, la BCE, la Commission
européenne ou tout autre organe européen ne sont responsables
devant aucuns peuples.
Dans
cette optique la Troïka ne détient aucune légitimité
pour dépenser notre argent. Et au nom de quelle
légitimité les gouvernements de la zone Euro laissent-ils utiliser
l’argent des individus à des fins non-nationales ? Il semblerait
qu’on veuille nous faire passer pour une évidence ce qui est en
réalité un déni de démocratie doublé
d’un abus de pouvoir.
Avant
de décider de nouveaux renflouements ou du prolongement de programmes,
les gouvernements de la zone Euro, la BCE et le FMI feraient mieux de sortir
de cette « zone grise » dans laquelle ils utilisent
l’argent des européens sans être responsables devant eux.
Sinon, la méfiance envers les gouvernements et la division entre les
peuples d’Europe ne cesseront d’augmenter. Ignorer plus longtemps
cette faille démocratique pourrait bien transformer l’acte III
de cette tragédie grecque en une tragédie européenne.
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