Les choses qui ne peuvent pas
durer, comme nous l’a un jour fait remarquer le
prophète Herb Stein, ont tendance durer jusqu’à ce
qu’elles ne le puissent plus. Leur
point critique finit éventuellement par épuiser la crédulité. L’agrégat de
rackets organisés qu’est devenue la société Américaine se renverse tel un
Léviathan blessé et grognant de douleur, et le reste du monde commence à
trouver le spectacle terrifiant. Plutôt qu’une révolution, nous nous sommes
lancés dans notre suicide collectif.
Mais ne vous en faites pas, la
révolution n’est pas loin derrière. Je suppose qu’elle commencera par être
générationnelle plutôt que régionale ou factionnelle, mais elle finira par
devenir les trois. Une génération entière, déjà escroquée par le racket des
prêts étudiants, devra bientôt faire face au cauchemar bureaucratique qu’est
devenu Obamacare après seulement quelques jours,
avec un site internet qui ne laisse simplement personne s’identifier. La
technologie n’est-elle pas merveilleuse ? Je me demande quand arrivera
le ‘moment magique’ où tous les jeunes chômeurs décideront ensemble sur Twitter de cesser de rembourser leur prêt. Et si ce
message particulier se propageait en ce mois de querelles politiques, il
attirerait bien plus que l’attention des politiciens. Il ferait s’effondrer
les banques et briserait les liens de la chaîne des obligations qui tient
ensemble le fiasco du globalisme.
Jusqu’à présent, la génération
du millénaire a fait preuve d’autant de penchant politique qu’une armée de
cloportes sous une souche moisie, mais nous arrivonsà
un point critique qui fait que les choses pourraient vite changer. Dans tous
les cas, les anciennes générations se sont complètement déconsidérées et tout n’est question que de savoir quelle
cruauté l’histoire leur réservera. La dernière fois que les choses ont
dégénéré à ce point, ceux qui étaient en tête se sont divisés en deux équipes
vêtues d’uniformes bleus pour l’une et gris pour l’autre, sont allés dans les
champs pour participer à ce qu’ils pensaient être une démonstration militaire
théâtrale pour finalement se rendre compte qu’ils s’étaient laissés emporter
dans un massacre d’échelle industrielle au cours duquel il n’était pas rare
de voir 20.000 hommes réduits en pièces en une seule journée – et cela jour
après jour.
Les choses sont bien entendu
différentes aujourd’hui, puisque nous sommes devenus une nation de clowns
sur-nourris habitués à obtenir ce dont nous avons besoin sans rien faire en
retour, et malgré la futilité abjecte de la société Américaine actuelle, il y
a encore de la place pour la violence et la destruction. Ce qui est triste et
assez particulier en revanche est que les deux partis du gouvernement ne
désirent que voir les rackets de la vie quotidienne se poursuivre – bien
qu’ils ne parviennent pas à s’entendre sur la méthode de distribution du
butin.
Ce qui m'amuse beaucoup est
l'attitude des marchés financiers et les histoires farfelues qui circulent
pour expliquer ce qu'il se passe en ces heures d'incertitude périlleuse.
L'une de ces histoires s’appelle la ‘renaissance de l’énergie’. C’est un
conte de fées qui voudrait que l’Amérique ait encore assez de pétrole à un
prix assez abordable pour pouvoir continuer de conduire jusqu’au WalMart le plus proche jusqu’à la fin des temps. Bien
entendu, nos puits de pétrole à 12 millions de dollars qui produisent 80
barils de pétrole par jour pendant trois ans ne vont pas de pair avec cette
histoire. Mais notre envie d’y croire va au-delà de la réalité. L’autre étude
du jour pour le moins risible est la ‘renaissance de l’industrie’, qui
voudrait que le couloir central des Etats-Unis, qui s’étend du Nord Dakota au
Texas, soit sur le point de passer devant la Chine en termes industriels. Le
fait est que toutes les usines qui ouvrent dans cette région sont gérées par
des robots – et qui exactement sera le consommateur des produits qu’ils
fabriquent ? Pensez-y cinq minutes et vous comprendrez que ce n’est là
qu’une histoire inventée pour gonfler le prix des actions ici et là pendant
un certain laps de temps. Ce qui m’intéresse le plus est ce qu’il se passe
quand ce genre d’histoires perdent leur légitimité comme ceux qui nous les
racontent.
Christine Lagarde, directrice
du FMI, a tenté de passer un savon aux clownigarques
Américains en fin de semaine dernière, mais il semblerait qu’ils ne lui
prêtent aucune attention. Et puis qu’a-t-elle fait pour son propre
pays ? Ils ont leurs propres rackets à régler. Les Chinois deviennent un
peu tendus, eux aussi, assis sur quelques trillions de promesses de paiement
cash par les Etats-Unis. Les Chinois commencent à se demander si cette
promesse sera un jour honorée.
Au cas où vous n’auriez pas
entendu : ‘l’Amérique est entrée en phase de reprise’. Nous pouvons
jouer tous les jeux monétaires que nous voulons. Et puis viendra un jour où
nous ne pourrons plus le faire. Et ce moment se rapproche à grands pas.