La
mission du nouveau Conseil
supérieur des programmes tout juste mis en place par le ministre
de l’éducation nationale Vincent Peillon
propose de redéfinir les programmes de l’école
élémentaire et du collège. C’est supposé
être le cœur du réacteur de la refondation d’une
école en déshérence. Cependant ce projet est une
nouvelle pierre à l’édifice de la centralisation et ne
pourra pas résoudre la question centrale de l’uniformisation des
programmes et des méthodes.
Au-delà
des réformes à répétition, souvent mal comprises,
on reproche au système éducatif de ne plus transmettre
correctement les savoirs, en particulier la lecture, l’écriture
et le calcul.
Les
tous derniers résultats de l’enquête PIAAC 2012
réalisée par l’OCDE sont d’ailleurs très
décevants. Les adultes Français sont classés en 22ème
position sur 24 pour ce qui est de l’écrit et en 21ème
position pour le calcul.
Une
grande partie des problèmes sont liés au fonctionnement de nos
écoles. La désormais célèbre enquête PISA (dont
les nouveaux résultats peu prometteurs pour la France seront
publiés en décembre prochain) fait état depuis des
années d’une dégradation de l’efficacité du
système scolaire dans toute une série de savoirs clef.
D’où
l’inquiétude grandissante des parents
Les
parents s’inquiètent du niveau de leurs enfants et ne restent
pas passifs. Au contraire, ils sont devenus des acteurs majeurs dans
l’apprentissage des savoirs.
Un
phénomène intéressant est apparu au cours des
dernières années. De plus en plus de parents prennent les
choses en main avec de bonnes vieilles méthodes d’antan. Ils
apprennent eux même à lire à leurs enfants de CP ou CE1, avec
des méthodes syllabiques d’apprentissage de la lecture. La plus
fameuse d’entre elle, la méthode Boscher
date de 1906. Elle reste le best-seller des best-sellers avec des milliers
d’exemplaires vendus chaque année. L’explosion du
parascolaire en général fait partie de cette tendance, de
même que le succès d’entreprises de soutien scolaire comme
Acadomia.
Le
constat est donc assez clair et il est évident qu’un
énième Conseil ne fera pas l’affaire. Car l’un des
problèmes majeurs de l’école en France vient justement de
ce qu’elle est sous tutelle, avec un modèle pyramidal
réduisant notamment la liberté d’action et de
réflexion des enseignants.
Les
enseignants au contact des élèves n’ont qu’une
très faible marge de manœuvre. Ils appliquent les programmes et
consignes édictées par des experts censés savoir ce
qu’il faut faire. Ils sont contrôlés par les inspecteurs
académiques, qui veillent au grain. Gare à celui qui voudrait
se démarquer.
L’école
fonctionne en quelque sorte comme le système tayloriste : il y a
ceux qui pensent, ceux qui appliquent et ceux qui contrôlent.
D’où sa difficulté à se réformer et
l’impression de paupérisation de la profession mise en avant par
les enseignants. Le Conseil de Monsieur Peillon
accentue encore cette tendance.
Il
faut donc plutôt envisager de faire machine arrière en
évitant à tout prix ces Conseils supérieurs nationaux et
en privilégiant des conseils plus proches des directeurs des
établissements, des enseignants qui ont une connaissance du terrain
sans autre équivalent et des parents via des représentants.
Il
faudrait donc envisager sérieusement un déplacement du centre
de gravité de la prise de décision en matière éducative.
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