Dans un précédent billet, j’évoquais les méthodes, légales mais très enquiquinantes, qui permettent de s’inscrire dans une lutte active contre l’État. Comme prévu, cette lutte s’avère de plus en plus indispensable à mesure que l’oppression fiscale continue de s’étendre…
Et comme je l’ai déjà dit, à mesure que l’État et ses sbires manquent de moyens, que l’argent dont le socialisme se nourrit vient à manquer, l’oppression fiscale devient plus forte. Ce qui se traduit très concrètement par la pluie de taxes qu’on connaît actuellement, bien sûr, mais aussi par le terrorisme intellectuel mis en place et qui vise à faire revenir dans le giron de la légalité ceux qui auraient fauté, en utilisant à l’envi des menaces absolument pas voilées.
En début d’année, les ministres et les députés avaient expliqué que les contribuables en délicatesses avec le fisc auraient intérêt à faire rapidement des démarches pour s’éviter des redressements poivrés (voire quelques années de prison ferme) ; que voulez-vous, en France, il est progressivement devenu plus grave de tenter de soustraire des sommes aux yeux de Bercy (ou, alternativement, de conduire trop vite) que de cambrioler, de voler, ou de disperser un concurrent de business à coup de plastic ou d’AK47. Et lorsqu’au milieu de l’année, les mêmes ministres et députés se sont rendus compte que les brebis égarées ne revenaient pas au bercail, ils ont cherché rapidement d’autres moyens de contraindre les fraudeurs à retrouver la raison. En substance, quelques clés de bras furent appliqués sur les banques pour assurer à la lutte contre la vilaine fraude un rendement un peu meilleur.
Il était temps ; il faut dire que cette lutte contre la méchante fraude avait été clairement jugée brouillonne selon la récente analyse de la Cour des Comptes et que les trous énormes laissés un peu partout auraient presque pu faire croire qu’ils étaient là exprès. Un certain Jérôme C. n’a ni confirmé, ni démenti.
La manœuvre a fonctionné : rapidement, des centaines puis des milliers de dossiers sont arrivés à Bercy. Belle prise ! Que de réjouissances dans le bastion fiscal et chez nos députés, tout heureux de trouver là des brebis tremblantes qu’on va pouvoir tondre à loisir, d’autant plus qu’elles se laisseront faire, et que l’appétit de l’État atteint maintenant des sommets. Ainsi, le député Yann Galut, dont on se rappellera qu’il n’a jamais fait mystère de son utilisation décontractée (mais très légale, hein) des fonds publics, exhorte-t-il les fraudeurs hésitants à rejoindre bien vite le troupeau avant la frappe massive qui aura lieu une fois la loi entrée en vigueur, au premier janvier 2014.
Dans ses appels dont le parfum d’ultimatum crapuleux n’est pas sans lien avec les meilleures répliques de Méchants dans la plupart des films d’actions musclés, Thomas Thévenoud, membre de la commission des Finances, déclare ainsi, conscient qu’il est du bon côté du bâton et donc, sans la moindre gêne :
« Faites repentance fiscale parce que le compte à rebours va s’enclencher ! »
Eh oui, pour le député Thévenoud, élu pour représenter des citoyens, des contribuables aussi, qui seront heureux de voir qu’il travaille pour que toujours plus d’entre eux crachent au bassinet, nous sommes ici dans la faute religieuse, celle qui aura consisté à ne pas vouloir participer au Grand Et Éternel Vivre-Ensemble Solidaire et Citoyen que seul l’impôt permet. Et seul un acte de contrition, une repentance fiscale est à même de pouvoir sauver les âmes égarées.
Et grâce à tous ces efforts de traque, on apprend tout de même que nos joyeux drilles parviendront ainsi à gratter près d’un milliard d’euros dans ces tiroirs éloignés. Peut-être deux si le rythme se maintient : un petit milliard par ci du côté des personnes physiques, et un petit milliard par là pour les entreprises… Que c’est mignon.
Pendant ce temps, les dépenses augmenteront, elles, de 5 milliards. Oui, vous avez bien lu, c’est encore un bel échec : alors que les gens de l’État vous noient sous les impôts toujours plus variés, qu’ils redoublent d’inventivité pour vous taxer à chaque occasion, vous laissant un pouvoir d’achat toujours plus petit, de leur côté, ils ne se gênent absolument pas pour augmenter leurs dépenses. Pour eux, c’est évident : ceux qui doivent se serrer la ceinture, c’est vous, bien sûr. Le fait que la fraude augmente de façon directement proportionnelle à la pression fiscale n’est pour eux qu’une vexation supplémentaire à laquelle on ne remédie qu’en cognant toujours plus fort. L’analogie avec un père alcoolique frappant femme et enfants pour qu’ils triment toujours plus afin de payer sa boisson n’est pas fortuit ; l’État et ses thuriféraires sont maintenant en manque, et la crise violente commence tout juste.
Et pendant que Galut, Thévenoud, Cazeneuve et leurs amis aux dents longues se frottent les mains en pensant au milliard qu’il pourront gratter, non seulement les dépenses augmenteront, mais les salaires d’un fonctionnaire sur deux seront aussi augmentés. Il faut soigner son électorat, mes amis, ne l’oubliez pas.
Cependant, parallèlement à la montée en puissance des violences fiscales, les contribuables, ou tout du moins ceux qui ont encore un peu de bon sens dans le pays, s’organisent. Et au-delà de l’idée générale de « Denial Of Service » qu’on peut provoquer assez facilement en encombrant la machine administrative de demandes aussi nombreuses et inutiles que crédibles, et qui finiront par emporter tout l’édifice bureaucratique débile qui parasite mortellement la France actuellement, on peut trouver d’autres méthodes de rendre la vie des spoliateurs de plus en plus difficile.
D’ailleurs, la tendance est déjà en place : depuis quelques temps, les banques observent que les distributeurs automatiques de billets sont plus souvent vides et qu’en conséquence, le nombre de billets en circulation augmente. Eh oui : de plus en plus de Français retournent à la monnaie papier. Certains, bien sûr, l’utilisent facilement pour faire du travail au noir.
Mais regardons les choses en face : si, d’aventure, il vous venait l’idée, parfaitement légale, de retirer le maximum possible de votre compte courant, à chaque versement de salaire ou lorsque le montant est important, pour déposer cet argent dans un coffre bancaire, voilà qui enquiquinerait follement l’État. Difficile de chyprer un compte s’il est à peu près vide, n’est-ce pas ? A ceux qui m’objecteront qu’avoir de grosses sommes dans un coffre ne rapporte rien voire revient à perdre de l’argent à cause de l’inflation, je répondrai deux choses : d’une part, cette inflation est spécifiquement postée sur certains biens, de consommation courante. Les billets sortis du compte se trouvent bien vite dépensés pour ces achats là. Et pour les autres biens, c’est plutôt la déflation … Et d’autre part, entre perdre éventuellement 1% par an et la certitude de perdre 10% ou plus dans les prochains mois lorsqu’un « emprunt obligatoire » européen (ou seulement français) verra le jour, le calcul est vite fait.
Pour rappel, le vendredi 15 mars 2013, personne n’aurait cru possible qu’un état puisse prendre autoritairement 10% des sommes présentes sur les comptes de particuliers. 24h plus tard, le réveil fut douloureux pour les chypriotes.
Et si d’aventure il vous prenait l’envie de ne payer qu’en espèces, cela produirait deux effets : d’une part, vous ferez plaisir aux commerçants, même les plus honnêtes, qui n’auront donc pas de frais bancaires sur ces transactions là. Les moins honnêtes trouveront aussi plaisant d’avoir cette latitude de déclaration face au fisc (mais laissons-les à leur conscience). D’autre part, vous prendrez conscience de ce que coûtent effectivement chaque bien et service que vous négociez tous les jours. Pour certains, il faudra toujours en passer par la voie électronique. Mais pour tous les autres, vous verrez l’effet psychologique très important que vous tirerez de cette méthode ; vos dépenses diminueront magiquement : on ne fait jamais autant attention à ses dépenses que lorsqu’on voit, effectivement, le tas de billets du mois courant diminuer physiquement… Et puis, en petit bonus individuel, il deviendra alors très difficile de tracer vos transactions. Dans un pays de plus en plus orwellien, cela peut servir.
Mais surtout, la disparition des sommes des comptes courants au profit de la liasse de billets en lieu sûr représente une véritable hantise pour les banques, devenues de fait la cheville ouvrière de la dilution monétaire étatique : moins d’argent sur leurs comptes, ce sont mécaniquement des prêts qui diminuent et une influence, un pouvoir qui en fait autant. Il n’est qu’à lire la haine de plus en plus ouverte vis-à-vis du billet du 500€ pour comprendre la peur quasi-atavique des gouvernants et des banquiers de la monnaie physique…
Le cash n’est pas, bien sûr, le seul moyen pour ralentir la progression de l’État. D’autres moyens existent. Mais rappelez-vous : le Léviathan n’est pas immortel ; la France lui survivra.
Aidons-nous à en finir avec lui.