Comment la réglementation Bâle III augmente le risque systémique

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Published : November 07th, 2013
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Même si elle poursuit des intentions louables, une réglementation contraignante génère toujours des effets pervers. C’est le cas pour Bâle III, et c’est plutôt gênant puisqu’il s’agit de la solidité de nos banques.

L’agence de notation Fitch vient de publier un communiqué éclairant sur ces distorsions. Poursuivant l’objectif de limiter les prises de risque des banques, la réglementation dite de "Bâle III" affecte un coefficient à chaque type d’actif. Pour des prêts immobiliers aux particuliers, une banque doit garder tel pourcentage du montant total en liquidité, pour du crédit aux entreprises, tel autre pourcentage, etc. L’intention est d’obliger les banques à posséder un coussin de liquidités en cas de crise ou de retournement de conjoncture.

Fort bien. Mais les emprunts d’Etat de la zone euro étant considérés comme sûrs, les banques ne sont pas obligées de geler du cash en contrepartie de leurs engagements. On voit là le résultat du lobbying des Etats qui doivent bien trouver des acheteurs à leur volume croissant de dette. Conséquence : il est beaucoup moins coûteux pour une banque d’investir dans de la dette souveraine que d’acheter des actions ou de faire du crédit, puisqu’il n’y a pas besoin de bloquer des liquidités !

Fitch a mesuré les effets de cette réglementation depuis sa mise en place en décembre 2010. Depuis cette date, les 16 plus importantes banques européennes (les "global systemically-important banks", G-SIBs) ont augmenté de 26% leur exposition à la dette souveraine, pour atteindre le montant de 550 milliards d’euros. Dans le même temps, elles ont réduit leur détention d’obligations d’entreprises de 9% pour s’établir à 440 milliards d’euros. Les prêts aux entreprises ont également reculé de 9% pour atteindre 275 milliards d’euros. Seuls les prêts immobiliers s’accroissent sur la période, de 12%, à 275 milliards d’euros.

Cette évolution est tragique : les banques se désengagent de l’investissement productif (crédit et obligations d’entreprises) pour s’orienter vers le financement des Etats et l’économie de la rente (l’immobilier). Et après avoir manigancé cela en sous-main, les dirigeants politiques se plaignent de l’absence de croissance économique !

Mais le risque principal est l’augmentation du risque systémique pour le système financier, alors qu’au départ on cherchait à le diminuer ! Les banques détiennent de plus en plus d’emprunts d’Etat, si l’un chute, l’autre tombe aussi. Si un pays (au hasard : l’Italie, l’Espagne) doit restructurer sa dette, ses banques tombent en faillite. Et chacune de ces banques est "systémique", c'est-à-dire que leur faillite impacte le système financier européen dans sa totalité…

Cela montre en tout cas que la réglementation Bâle III n’apporte en rien une réponse à la crise financière actuelle, qu’elle la renforce même, et que nous sommes juste ici dans une politique de l’affichage.

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Le principe du ratio LCR (liquidity coverage ratio) est d'imposer aux banques de détenir suffisamment de cash pour faire face à une situation de crise de liquidité majeure (fuite d'une partie des dépôts, impossibilité de se refinancer sur le marché, etc...). La banque doit pouvoir tenir avec 30 jours de cash.

Mais ce cash, n'est pas majoritairement du vrai cash c'est à dire de la "monnaie centrale" (billets ou avoirs auprès de la banque centrale), ce cash est constitué d'actifs dits "hautement liquides", c'est à dire qui pourront être revendus avec une faible décote même en cas d’assèchement de la liquidité lors d'une crise financière: ces actifs sont principalement les titres d'Etat (mais pas seulement).

Donc, désormais, lorsqu'une banque budgétise une enveloppe de 1 milliard pour un "métier", elle ne doit plus emprunter 1 milliard sur le marché, mais 1 mld + x%, et placer ce x% grosso modo en titres d'état, diminuant sa rentabilité.

Les problèmes de ce ratio :

- les banques américaines ont fait un bras d'honneur, repoussant sine die l'application des ratios Bâle III. Il y a désormais une distorsion de concurrence entre les banques européennes et américaines. Les banques européennes auront mécaniquement des rentabilités plus faibles et risquent de se faire absorber par des banques américaines abreuvées de liquidité gratuite fournies par la FED.

- L'or n'est pas considérer comme un actif "hautement liquide" : CHERCHER L'ERREUR (mais ça, 95% des banquiers ne se posent même pas la question,vive la lobotomisation !!)

- On impose aux banques de détenir de la dette publique sensée être moins risquée et sensée rester liquide. Chacun pourra se poser la question de l'évolution des prix et de la liquidité de la dette grecque, chypriote, italienne, espagnole, irlandaise etc... En fait, il n'y a pas assez de diversification des actifs MAIS SURTOUT on impose aux banques de détenir comme cash des actifs qui deviendront hautement illiquides en cas de crise de dette souveraine.


Ces ratios sont voulus par le Comité de Bâle regroupant les banquiers centraux et notamment la FED. Donc, encore une fois, la FED impose aux banques européenne une réglementation alors que les banques américaines en seront exonérées.

Ces ratios vont envoyer les banques européennes au tapis lors de la prochaine crise, c'est une évidence, mais les banquiers sont focalisés sur leur rentabilité et ne voient même pas que c'est leur survie qui est en jeux...
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Le principe du ratio LCR (liquidity coverage ratio) est d'imposer aux banques de détenir suffisamment de cash pour faire face à une situation de crise de liquidité majeure (fuite d'une partie des dépôts, impossibilité de se refinancer sur le marché, etc.  Read more
zoppas - 11/12/2013 at 5:51 AM GMT
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