Le chaos qui découlera
un jour de notre expérience de 35 années avec la monnaie
fiduciaire à l’échelle de la planète nous imposera
un retour à une monnaie de réelle valeur. Nous saurons que ce
jour approche quand les pays producteurs de pétrole demanderont de
l’or ou une ressource équivalente pour leur produit plutôt
que des dollars ou des euros*.
Ce texte est la
conclusion d’un discours de Ron Paul en 2006 devant
le Congrès des Etats Unis.
Même aujourd’hui, ce discours reste un
commentaire farfelu aux yeux d’une majorité de gens, mais il ne
serait pas correct de ne pas l’analyser au vu des récents
évènements.
La possibilité
d’un effondrement du pétrodollar augmente de jour en jour, et
pour plusieurs raisons. Premièrement, la consommation de
pétrole est passée de 38% de la production mondiale à
20% aujourd’hui, alors que la consommation de l’Asie-Pacifique a
été multipliée par trois pour passer à 33%. En
plus de ça, en raison de leur production de pétrole de schiste,
les importations pétrolières des Etats-Unis devraient continuer
de baisser ces prochaines années, diminuant encore le besoin en
pétrodollars. Voilà qui laissera les nations Arabes avec des
quantités astronomiques de dollars inutiles.
Le graphique ci-dessous
présente l’énormité de leur problème :
Au cours de trente
années qui ont précédé l’an 2000, les
revenus totaux d'exportation énergétique hors
intérêts composites s’élevaient à 3,5
trillions de dollars, contre 8 trillions de dollars depuis 2000. Avec
intérêts, et malgré les dépenses en infrastructure
engendrées depuis la fin des années 1990, les pays du
Proche-Orient se retrouvent encore avec des quantités très
importantes de devises entre les mains, probablement entre 8 et 10 trillions
de dollars – dont une majorité en dollars.
Deuxièmement,
l’échec des Etats-Unis à soutenir Moubarak en Egypte, le volte-face en Syrie et la détente avec
l’Iran ont altéré ses relations de longue date avec
l’Arabie Saoudite, qui s’est retrouvée forcée de
reconsidérer ses options stratégiques futures et de se tourner
vers ses propres intérêts. L’Arabie Saoudite et Israël
pensent que les Etats-Unis ne peuvent plus jouer le rôle du policier de
la région. Et lorsque l’Arabie s’est tournée, sans
succès, vers la Russie pour lui demander de l’aide face à
la situation Syrienne, les Saoudiens en ont certainement tiré un sentiment
d’insécurité accru.
On pourrait penser que
tout ne dépend que d’argent, mais l’autre
réalité est la fatigue électorale des Etats-Unis
après l’Irak et l’Afghanistan. Le futur de la
région, que ce soit sur le plan commercial ou stratégique, se
concentre sur l’Asie et l’Europe, et non les Etats-Unis.
La devise de remplacement
du pétrodollar ne nous concerne pas encore. Ce qui est plus
intéressant est l’attitude de la région envers
l’or, qu’elle a acheté en de grandes quantités dans
les années 1990 pour assurer cette même possibilité.
J’ai pu découvrir de mes contacts avec l’industrie
d’affinage Suisse que certaines barres de 400 onces du LBMA sont
désormais fondues en barres 9999 d’un kilo préférées
par les Chinois.
Je ne suis pas certain de
la raison pour laquelle l’or Arabe est fondu. En revanche, en prenant
en compte la transformation commerciale dans la région, il devient
clair que l’idée d’un or accumulé pour
éventuelle revente sur les marchés en dollars n’a aucun
sens, notamment au vu des quantités de dollars que ces pays ont entre
leurs mains.
En revanche, les Arabes
savent que s’ils vendent leurs dollars, ils risquent de dévaluer
fortement le régime de devise fiduciaire. Il est donc probable
qu’ils utilisent l’or comme alternative, comme l’a expliqué
Ron Paul il y a sept ans. Les marchés des devises devraient commencer
à prendre en compte cette possibilité.
Il nous faut tirer une
leçon de tout cela : lorsque nous sommes distraits par la demande
de la Chine en or et de son désir conflictuel de déclencher une
crise financière, le catalyseur du chaos monétaire pourrait
être le comportement des potentats du Proche-Orient qui se sont
accaparés du marché de l’or il y a trente ans.
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