Voilà ce qui sort tout droit de
la bouche du très justement calomnié John Hilsenrath,
regardé par beaucoup comme le ventriloque de la réserve Fédérale au Wall
Street Journal, comme la bouche de Dieu venue sur Terre transmettre son
message aux multitudes. Bien entendu, le rapport de l’emploi n’était qu’un
quatre-quarts trop sucré et trop gonflé cuit par le four hédonique du Bureau
of Labor Statistic… son dernier mensonge en date,
couvert d’un glaçage d’hypothèses.
Tout le monde sait que les
opérations de création monétaire de la Fed ont remplacé ce qui était
autrefois appelé économie. Une absence d'impression monétaire signifie donc
une absence d’économie. C’est aussi simple que ça. Mais cela ne veut pas dire
que la Réserve Fédérale ne fera rien, et je ne serais pas surpris de la voir
tenter quelque chose alors que le Père Noël viendra voler au-dessus de la
conscience nationale – ou ce qui en reste une fois qu’on lui retire sa
méthédrine, ses téléchargements de Kanye et sa peur de recevoir une facture
de 11.000 dollars pour une visite à l’hôpital pour trois points de suture, et
toutes les autres distractions de notre temps.
La prochaine réunion du FOMC,
où les réductions d’achats d’obligations devraient prochainement être
discutées, se tiendra le 17 décembre. La Fed devra prendre une décision pour
préserver sa crédibilité, et je suspecte grandement qu’elle optera pour une
réduction symbolique de 5 à 10 milliards par mois de ses dépenses officielles
qui s’élèvent actuellement à 85 milliards de dollars par mois, ou 1,2
trillion de dollar par an. Si elle ne le fait pas, plus personne ne la croira
jamais. Sa décision ne sera rien de plus qu’une duperie.
Le truc, c'est que la Fed a
plus d’une porte d’arrière-cour par laquelle absorber toute sorte de déchets
financiers soutenus par des promesses déjà brisées, que ce soit des actifs
immobiliers aux murs moisis, des prêts étudiants qui ont déjà fait l’objet de
défauts, des paiements automobiles qui ont cessé d’arriver il y a 18 mois,
des cartes de crédit dont les fonds ont été liquidés, ou des économies
étrangères qui visiblement sont proches de couler… On entend dire que la Fed
achète bien plus de dettes louches que le chiffre officiel de 85 milliards de
dollars par mois. Et puis pourquoi pas ? Elle a dépensé bien plus en
plans de sauvetage en 2009 que les 700 milliards de dollars du TARP – depuis
des banques insolvables d’Europe à des motels de Floride. Personne ne devrait
prendre au sérieux ses promesses de réduire ses achats d’obligations.
Mais même dans un monde au
sein duquel les conséquences ne semblent pas exister, des choses se
produisent. Et ce qui ne pourra pas être évité sera une hausse des taux
d’intérêts, particulièrement quand, dans le même temps que la Fed réduira ses
dépenses, les étrangers renverront un torrent de papier vers la fenêtre de
rédemption des Etats-Unis. Ce papier est ce que les autres nations, notamment
en Asie, ont échangé pour obtenir des actifs physiques, comme de l’or et des
actifs immobiliers ; et les traders de dernier recours – ceux qui ont
échangé leur cacao ou leur cuivre contre des bateaux pleins de dollars – n’auront
nulle part où aller. La Chine a elle-même annoncé le mois dernier que les
bons du Trésor lui donnaient la migraine et qu’elle n’en achèterait plus. Le
Japon est entré dans un délire psychotique et imprime de la dette à l’infini.
Qui reste-t-il ? Le Burkina Faso et le fonds de pension des cordonniers
du Kirghizstan ? Le taux d’intérêts des obligations Américaines sur 10
ans est à nouveau proche des 3%. En dehors de l’effet sur les prêts
automobiles et immobiliers, la vraie action devrait se dérouler sur les swaps
de taux d’intérêts. La dernière fois que ça se produisait, en fin d’été, les
banques too-big-to-fail ont déplacé leurs pertes sur ces paris, et nous ont
permis d’observer brièvement le fin fond du trou noir de la compression
déflationniste où les chaines des promesses non-tenues font exploser les
systèmes financiers au-delà du défaut et de la paralysie où la monnaie cesse
de se déplacer et où les gens sont forcés de réévaluer ce qu’est la monnaie.
Je pense que la Fed mettra en
place une réduction de ses achats d’obligations. Elle n’aura pas le choix. Sa
décision devra être saturée de mensonges statistiques, et personne n’en
comprendra les effets réels parce que la déshonnêteté chronique a déjà
déformé toutes les mesures de valeur. Au cœur de ce qui reste de cette
économie, il n’y a plus que du feu, avec lequel jouent les officiels de la
Fed. Tôt ou tard, elle devra à nouveau accélérer ses impressions monétaires,
et se rendre devant le boom qui plongera l’Occident à l’ère médiévale.