Le
gouvernement en proposant de remettre à plat la fiscalité a
clairement montré son incapacité à donner la priorité à la
question de la dépense publique. Car si problème fiscal, il y
a, c’est parce que justement la baisse des dépenses n’est
ni une réalité ni une intention réelle.
D’ailleurs, les pouvoirs publics n’ont toujours pas
commencé ce travail essentiel qui est d’expliquer aux
Français l’importance de cette baisse des dépenses
publiques en France afin d’éviter un blocage complet de nos institutions
Les politiques
ne semblent pas prendre aujourd’hui la mesure de la révolte qui
monte et l’incohérence des demandes des uns et des autres. Ce
n’est pas le prélèvement à la source des
impôts qui permettra de résoudre le problème.
On voit que la
situation socio-économique actuelle de la France est en train
d’atteindre un point critique. Face à
l’exaspération fiscale qui monte en flèche, on attend des
politiques de droite comme de gauche qu’ils changent de logiciel et
sachent parler un langage de vérité.
Ce
langage – révolutionnaire dans le contexte actuel –
consisterait en fait simplement à dire qu’on ne peut pas avoir
le beurre et l’argent du beurre, que la réalité
n’est pas malléable à l’infini, que si on ne veut
pas payer davantage d’impôts, il va falloir envisager une baisse
des dépenses publiques et donc une redéfinition de la
sphère étatique
On pourrait
penser que les Français y sont déjà prêts quand on
regarde certains sondages. Dans une enquête Ipsos
réalisée en mai 2013, la baisse des dépenses publiques
était ainsi plébiscitée par les Français. Ils étaient
77% à penser que l’État ne les réduisait pas
assez. Ils étaient aussi 86% à refuser de nouvelles hausses
d’impôts.
Sauf que du
sondage à la réalité, il y a un grand pas. Si le refus
de nouvelles hausses d’impôts est bien réel, la
volonté des Français à accepter une remise en question
de leur modèle ou une redéfinition du rôle de
l’Etat reste absente.
Il suffit pour
s’en rendre compte d’examiner les revendications des bonnets
rouges. Elles sont tout à fait emblématiques de la situation
actuelle. Les opposants à l’eco-taxe
manquent complètement de cohérence ou tout du moins pensent
qu’il est encore possible de payer moins d’impôts tout en
recevant des aides. Or, l’un ne va pas avec l’autre.
Le
modèle des 40 dernières années a effectivement
été de prendre d’une main pour redonner d’une
autre. Sauf que l’état des finances publiques ne permet plus ce
jeu de passe-passe. Il faut le dire clairement sauf à risquer
l’implosion face à une situation où il faudrait baisser
les impôts, augmenter les prestations tout en évitant
l’endettement. C’est une équation tout simplement
impossible à atteindre et il faut le dire. Il faudrait donc un
énorme effort pédagogique de la part des pouvoirs publics.
Cela ne peut
évidemment pas suffire de le dire mais c’est un premier pas.
Communiquer sur l’importance de la baisse des dépenses publiques
pour éviter de nouveaux impôts et renouer avec
l’équilibre budgétaire est crucial. Cela montrera que les
pouvoirs publics donnent à ce projet la priorité absolue.
Cela pourrait
permettre au public d’être conscient des enjeux et
d’accepter plus facilement les efforts et parfois même les
sacrifices qui lui seront demandés.
L’alternative,
c’est le blocage. Continuer à s’intéresser avec obstination
à des questions qui ne sont pas la priorité pourrait
entraîner des révoltes de plus en plus fortes avec une perte de
confiance des marchés et l’autoréalisation de ce
qu’il faut redouter : le passage en force et dans l’urgence
de réformes douloureuses imposées par la Troïka
composée de la Commission européenne, du Fonds monétaire
international et de la Banque centrale européenne.
|