Jetons un œil au plus
industriel des métaux précieux, le palladium. Il est le seul des quatre
métaux précieux à avoir enregistré des gains en 2013. Continuera-t-il sur sa
lancée en 2014 ?
Compte tenu des obituaires qui
ont été écrits au sujet de l’or et de l’argent, on pourrait être pardonné
d’avoir pensé que tous les métaux précieux ont mordu la poussière en 2013.
Bien que je pense qu’aucun
d’entre eux ne l’ait fait (s’il est une chose dont je sois certain, c’est que
l’or et l’argent se préparent à une poussée vers le haut), il ne fait aucun
doute qu’il existe des investisseurs qui cherchent à investir sur un métal
précieux capable d’offrir une protection contre le plus monétaire de ses
contemporains.
Puis-je suggérer le
palladium ? Il est bien entendu l’enfant-modèle des métaux précieux.
Grâce à une industrie automobile en progrès, aux grèves des employés de
sociétés minières et aux réserves Russes en déclin, il a été le seul métal
précieux à enregistrer des gains en 2013, 4,4% de gains, pour être précis.
Le palladium semble avoir été négligé dans le
rapport publié par Johnson Matthey en novembre. En
revanche, pour de nombreux analystes qui établissent aujourd’hui leurs
prédictions pour 2014, le palladium est le métal précieux à suivre en 2014.
L’offre est-elle suffisante ?
En termes simples, le prix
doit être le produit de la demande et de l'offre. Pour le cas du palladium,
la demande n’avait rien de spectaculaire en 2013 (j’y reviendrai plus tard),
bien que l’offre ait été préoccupante.
Le marché des métaux précieux
a été dominé par des histoires de coûts d’extraction excédant le prix au
comptant de l’or. Si le prix de l’or passait en-dessous de 1.100 dollars, il
y a de fortes chances qu’il ne soit plus économique d’extraire du métal.
Bien que le coût de production
ne semble pas présenter de problème pour le palladium et le platine,
certaines questions demeurent quant au déficit de l’offre et de la pression
qu’il imposera sur les prix.
Un marché sur lequel l’offre
n’est pas suffisamment importante contribue à une hausse de prix.
Le palladium devrait souffrir
de déficits d’offre significatifs en 2014, bien plus encore que les autres
métaux. L’an dernier, l’offre aurait été 9% inférieure à la demande annuelle.
Dans son rapport intérimaire
pour 2013, Johnson Matthey estimait que le marché
du palladium enregistrerait un déficit de l’offre de 740.000 onces en 2013
contre 1,15 millions d’onces l’année précédente, ce grâce à une demande
réduite de la part des ETF.
Le déficit de l’offre sur le
marché du palladium devrait perdurer, c’est pourquoi BMO Capital Markets le présente comme le meilleur investissement
métal de 2014. ‘Un déficit de plusieurs années devrait en supporter le prix’.
Comment la demande en
palladium a-t-elle été satisfaite en 2013? Grâce aux inventaires de
métal à la surface de la terre. Mais la pression sur ces inventaires devrait
s’alourdir en 2014.
L’an dernier, l’offre de
palladium perdait 1,5% pour passer à 6,43 millions d’onces suite au déclin
des réserves russes. Les réserves de l’Etat russe devraient chuter pour
atteindre 100.000 onces, soit bien moins que le million d’onces enregistré en
2010. Certains analystes prévoient même que l’offre russe tombe jusqu’à zéro.
Certaines projections pour
2014 prévoient un déficit d’un million à 1,227 million d’onces de palladium. Citigroup
prévoit un déficit de 1,139 million d’onces cette année, et note que les réserves
de palladium disponibles à la surface de la terre ont chuté de 36% depuis
2008.
Mais tout n’est pas que
mauvaises nouvelles. La production minière de l’Afrique du Sud devrait
augmenter cette année, ainsi qu’au Zimbabwe et en Amérique du Nord.
L’un des principaux problèmes
rencontrés l’année dernière par l’industrie a été les grèves dans les plus
grosses mines. L’an dernier, il ne s’est pas passé une semaine sans que l’on
entende parler de grèves dans des mines de palladium et de platine.
Avec la Russie, l'Afrique du
Sud est l'un des deux plus gros producteurs de palladium du monde. Comme pour
le platine, l’industrie s’inquiète de l’avenir de l’offre au vu de
l’environnement du travail en Afrique du Sud.
Ces mêmes problèmes devraient
se poursuivre cette année et permettre au prix de continuer de grimper.
Comme pour les autres métaux
précieux, le recyclage contribuera à l’offre. Une partie du déficit de
l’offre en palladium pourrait être palliée grâce au recyclage de catalyseurs.
Johnson Matthey estime que le recyclage de
palladium devrait augmenter de 7,4% pour atteindre 2,46 millions d’onces.
La demande a-t-elle augmenté ?
En comparaison aux autres
métaux, la demande en palladium n’a pas beaucoup évolué l’an dernier.
Le palladium est un métal
essentiellement industriel connu pour son rôle dans l’industrie automobile.
Selon Commerzbank, la demande de l’industrie automobile devrait atteindre 7
millions d’onces en 2014, un niveau encore jamais atteint auparavant.
Les superpuissances globales
que sont les Etats-Unis et la Chine représentent environ 40% de la production
automobile mondiale. Bien que de nombreux investisseurs sur l’or et l’argent
pensent que la reprise économique américaine n’est qu’une fable, certains
éléments suggèrent une certaine part de reprise. Même si l’économie des
Etats-Unis est guindée, sa part du marché automobile suggère une hausse de la
demande en palladium.
D’un autre côté, Johnson Matthey pense que le reste de la demande industrielle en
palladium devrait chuter cette année, parce que des métaux de base sont
aujourd’hui utilisés à la place du métal précieux dans les industries
électronique et dentaire.
La demande en palladium du
secteur de la bijouterie a baissé en 2013. En Chine (il n’est pas beaucoup
utilisé ailleurs), il aurait perdu 12,4% alors que la demande du secteur de
la bijouterie passait de 240.000 à 185.000 onces en 2013.
Qu’en est-il de la demande en
investissement ? C’est après tout l’élément de la demande sur lequel
nous pouvons parier. Elle était aussi en déclin l’an dernier, malgré la
performance impressionnante du prix du métal. Un rapport publié en novembre
2013 par Johnson Matthey stipulait que les achats
d’investissements avaient baissé sur un an.
Il est intéressant de noter
que pour un tel métal, c’est la demande en investissement qui s’avèrera être
un facteur clé en 2014. Les problèmes d’offre seront compensés par le
recyclage, alors que la hausse de la demande en automobile viendra
contrebalancer la baisse de la demande du secteur bijoutier. La demande en
investissement sera donc celle à observer de plus près.
La
demande en palladium des ETF
Le lancement d’un nouvel ETF
sur le palladium par Absa Capital, en Afrique du
Sud, devrait venir faire pression sur les niveaux de prix. Le succès d’un ETF
similaire sur le platine lancé l’an dernier (devenu le plus gros fonds sur le
platine du monde) devrait se répéter sur le palladium à une heure où les
investisseurs cherchent à s’exposer au métal plutôt qu’aux sociétés minières.
Les ETF ne sont pas la seule
manière d'investir sur le palladium, et les achats alloués sont aussi une
option. Et cette dernière semble être avantageuse compte tenu des déficits
attendus en 2014.
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