Le choix monétaire qui se présente à nous est le même qu’en 1375

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New World Economics
From the Archives : Originally published September 10th, 2014
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J’ai noté récemment que les discussions autour de la question monétaire en 1526, à l’époque de Nicolas Copernic, étaient plus ou moins identiques aux nôtres. Il s’agissait de débats entre ce que j'ai appelé la vision classique de la monnaie, et la vision mercantiliste.

La vision classique voudrait que la monnaie soit stable, neutre et fiable au possible – l’équivalent monétaire des poids et mesures tels que le mètre et le kilogramme. Cette vision était celle d’économistes britanniques connus sous le nom d’économistes classiques, entre 1750 et 1925. L’expression pratique de leurs idées dans le monde réel a été l'étalon or, notamment celui qui a évolué après 1850.

Les mercantilistes pensent la monnaie comme un outil qui doit être utilisé pour atteindre des objectifs politiques de court-terme, tels que le financement de déficits financiers ou la réduction du taux de chômage. La monnaie devait être gérée par les bureaucrates des gouvernements, les « hommes d'Etat » décrits par James Denham Steuart dans son ouvrage intitulé An Inquiry into the Principles of Political Economy, publié en 1767. Cette vision a culminé avec la longue ligne de penseurs britanniques connus sous le nom de mercantilistes, entre 1600 et 1750. L’expression pratique des idées mercantilistes est une devise flottante gérée par un gouvernement.

Il est clair que des gens ont discuté de ce sujet des centaines d’années durant. Mais ce débat remonte à bien plus loin. Platon était un homme d’argent flou, ce que j’appelle un mercantiliste. Son étudiant, Aristote, était quant à lui un homme de monnaie saine, un classiciste.

Le premier livre à s’être penché sur la question monétaire dans le monde occidental est semble-t-il celui de Nicolas Oresme (1320-1382), De Moneta. Il a été écrit en 1375. (Le tout premier livre à avoir abordé le sujet de la monnaie est le Chhuan Chih ou Traité de la Monnaie, écrit par Hung Tsun en 1149. J’espère qu’il sera un jour traduit. Les Chinois ont inventé la monnaie papier au début du XIe siècle, et n’ont pas tardé à vivre de folles aventures grâce à cette invention.

De Moneta n’est pas aussi décourageant que son titre le suggère. Il s’agit d’un essai assez court et pratique, qui est disponible gratuitement sur mises.org.

Oresme commence son essai par ces mots, qui décrivent parfaitement la tension entre les stratégies classique et mercantiliste :

« Il semble à certains qu’un roi ou prince peut, de sa propre autorité, par droit ou privilège, muer librement les monnaies qui ont cours en son royaume, les réglementer à son gré et en retirer autant de gain et de profit qu’il lui plaît. D’autres, cependant, sont d’un avis opposé.  C’est pourquoi j’entends, dans le présent traité, écrire là-dessus ce qui, suivant la philosophie d’Aristote principalement, me paraît devoir être dit, en commençant par l’origine des monnaies, rien ne devant être affirmé à la légère. Je soumets le tout à la correction de plus grands que moi qui, peut-être, à partir de ce que je vais dire, pourront être incités à déterminer la vérité sur ce point, de sorte que, toute incertitude cessant, tous puissent tomber d’accord sur un seul avis et trouver à cet égard ce qui sera utile à l’avenir aux princes et aux sujets ou, mieux encore, à l’Etat tout entier ».

 

Oresme développe des arguments à la manière charmante du quatorzième siècle, et conclue que :

« [Altérer la valeur d’une devise] n’évite pas le scandale, mais l’engendre plutôt. Il n’y a ni nécessité ni commodité à faire cela, la société n’en peut tirer aucun avantage. Cela est clairement indiqué par le fait que ces mutations sont d’intervention récente comme on l’a déjà dit au chapitre précédent. On n’a en effet jamais rien fait de semblable dans les royaumes bien gouvernés d’autrefois. Si cependant les Italiens et les Romains ont finalement fait de telles mutations, comme on le voit par certaine mauvaise monnaie ancienne que l’on retrouve de temps en temps dans les champs, ce fût peut-être là l’une des causes pour lesquelles leur noble empire a été réduit à néant. Il est dont clair ainsi que ces mutations sont si mauvaises qu’elles ne doivent en aucun cas être permises ».

Il observe ensuite :

« D’autre part, durant ces périodes de mutation, on ignore très souvent combien vaut telle ou telle pièce, et il faut faire commerce de la monnaie, ou bien l’acheter et la vendre, ou bien changer le prix, à l’encontre de sa nature. Et ainsi, il n’y a aucune certitude pour al chose qui doit être la plus certaine, mais plutôt la confusion et l’incertitude et de la désorganisation qui attire le blâme sur le souverain. De plus, il est absurde et tout à fait contraire à l'honneur d’un roi d’interdire le cours de la vraie et bonne monnaie du royaume et, poussé par la cupidité, de sommer, que dis-je, de contraindre ses sujets à utiliser de la moins bonne monnaie, comme si l’on voulait dire que ce qui est bon est mauvais, et vice versa ».

 

Oresme avait une vision intéressante des bénéficiaires de devises fiduciaires flottantes :

« Certains corps de la communauté s’emploient à des activités honorables ou utiles à tout l’Etat, qui ont pour but d’accroître ou gérer les richesses naturelles pour les besoins de la communauté : ce sont les hommes d’Eglise, les juges, les soldats, les cultivateurs, les négociants, les artisans et leurs semblables. Mais il en est un autre qui augmente ses richesses personnelles par l’exercice d’un métier vil : ce sont les changeurs, marchands de monnaie ou billonneurs ; et certes, cette activité est honteuse, comme on le disait au chapitre XVIII. Partant, ces derniers, qui sont pour ainsi dire superflus à l’Etat, et certains autres, tels que les receveurs et les manieurs d’argent ou leurs semblables, prennent une grande part du revenu ou gain qui provient des mutations de monnaie et, soit malice, soit hasard, s’enrichissent de ce fait, à l’encontre de Dieu et de la justice, puisqu’ils n’ont pas mérité de telles richesses et qu’ils sont indignes de tant de biens. D’autres en sont appauvris, qui constituent les corps les meilleurs de cette communauté, si bien que le prince, par-là, lèse ses sujets les plus nombreux et les meilleurs, les grève à l’excès et que, cependant, tout le gain ne lui en revient pas, mais que ceux que l’on a cités en ont en grande part ».

Ce passage ne décrit-il pas notre propre situation ?

 

Nous sommes aujourd’hui dans un monde largement mercantiliste. Les intellectuels insistent sur le fait que les monnaies fiduciaires gérées par les gouvernements sont la meilleur manière de gérer les choses. Ils ne veulent pas abandonner leurs objectifs de gestion économique.

Mais les leçons de l’histoire sont limpides. La situation était claire au temps d’Oresme comme au temps de Copernic. Elle a été claire alors et l’est encore à présent, après quarante-deux années d’expérience avec la monnaie papier.

 

Pendant 182 ans, depuis leur création jusqu’en 1789-91, les Etats-Unis ont suivi le principe mercantiliste de stabilité monétaire – en pratique, un système d’étalon or. Leur économie a englobé un continent, et le pays est devenu une superpuissance militaire, avec la classe moyenne la plus prospère et la plus large de l’Histoire.

Depuis 1971, il y a eu des hauts et des bas, mais la tendance est nette. Le salarié américain moyen est moins bien payé aujourd'hui qu'en 1970. Pendant un temps, ce problème a pu être camouflé en faisant travailler les femmes, mais même avec deux revenus, le revenu moyen des ménages américains n’est aujourd’hui pas supérieur à ce qu'il était en 1988. La classe moyenne s’est érodée, alors que les travailleurs les plus pauvres et les chômeurs se sont multipliés.

Les Etats-Unis sont en déclin, et ils le resteront jusqu’à ce qu’ils abandonnent leurs fantaisies mercantilistes. Un autre pays finira un jour – probablement la Chine – par découvrir l’avantage économique représenté par une monnaie saine, et utilisera cette stratégie pour surpasser les Etats-Unis et d’autres nations qui lui sont similaires, de la même manière que les Etats-Unis l’ont fait autrefois. L’approche classique de la monnaie renaîtra de nouveau, simplement parce qu’elle apporte de meilleurs résultats.

 

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Nathan Lewis est l'auteur de Gold: the Once and Future Money, publié par Agora Publishing et J Wiley. Il est le directeur de Kiku Capital Management.
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La monnaie ayant trois fonctions immuables qui sont l'échange, la mesure et la réserve. Si vous faites varier son prix et/ou sa quantité par rapport au produit alors les trois fonctions s'en trouvent modifiées et comme l'écrivait Oresme " à utiliser de la moins bonne monnaie, comme si l’on voulait dire que ce qui est bon est mauvais, et vice versa ».
Je lisais quelque part que le politique (le souverain) n'apprend rien de l'histoire...
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Mais le politique comme les leaders économiques (qui sont les vrais dirigeants avant les politiques) se foutent complètement de l'histoire, comme ils se foutent de l'état, des hommes et même de la qualité de la monnaie. La seule chose qui les intéresse c'est eux !
Si la monnaie saine pouvait leur apporter plus que la mauvaise, ils l'adopteraient directement... tiens... d'ailleurs il y en a quelques-uns qui commencent à le faire...

Si le retour à l'étalon or ou autre doit se faire un jour, ne croyons pas que ce sera le résultat naturel du soulèvement des esclaves (ces millions de CONcitoyenS qui se gavent de malbouffe devant star academy et la mafiafoot).
Si la donne change, ce sera juste parce que quelques grands qui y verront leur avantage s'arrangeront (avec le sang des peuples) pour que cela arrive et que cela leur rapporte.
La révolution de 1989 en est un parfait exemple. Une mafia en a renversé une autre en changeant les cartes et les règles du jeu. Ils ont utilisé la misère du peuple pour arriver à leurs fins et l'ont récompensé en dorant leurs chaines... (avec un peu d'or fin qu'ils se sont empressé de faire récupérer par ces mêmes esclaves...)

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"L’approche classique de la monnaie renaîtra de nouveau, simplement parce qu’elle apporte de meilleurs résultats."
Cette assertion est juste, tant que les hommes veulent voir un peu plus loin que le bout de leur nez. Tant que la barbarie du trading à basse ou haute fréquence existera on sera toujours dans le courtermisme. Les mafias, les voleurs voient toujours le gain à court terme. Les pauvres même se volent entre eux, et dans les familles les successions sont l'occasion de voir des frères et des soeurs se dévorer entre eux, des guetteurs d'héritage et des notaires véreux.
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Mais le politique comme les leaders économiques (qui sont les vrais dirigeants avant les politiques) se foutent complètement de l'histoire, comme ils se foutent de l'état, des hommes et même de la qualité de la monnaie. La seule chose qui les intéresse  Read more
jack.be - 9/9/2016 at 6:42 AM GMT
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