Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Les élections européennes approchant, il est important pour nos mamamouchis d’essayer de limiter la déroute tant le rejet de l’euro et de l’Europe devient important et à juste titre dans la population française et, de façon générale, européenne.
Il est donc temps d’allumer quelques contre-feux en permettant de sortir du « politiquement correct » européiste dont nous avons eu une excellente leçon appliquée lors du débat entre Marine Le Pen et Pierre Moscovici.
Les commentateurs ont été assez unanimes pour reconnaître que le grand perdant de ce débat avait été… l’euro, ce qui est également une manière élégante de renvoyer dos à dos les deux contradicteurs.
Il faut dire que le débat a été relativement houleux et que notre ami Pierrot n’a guère brillé par la force des arguments pour défendre l’euro. Nous avons eu droit (ce que je dénonçais déjà dans l’édito de lundi) à des arguments de pacotille indignes du café du commerce.
Ce fut le cas, lorsque Pierrot a dit que grâce à l’euro, lorsque nous allions à l’étranger, nous n’avions plus les frais de change à payer…
Or cette affirmation est en partie fausse puisque si vous utilisez votre carte bleue pour faire un retrait ou un paiement à l’étranger mais en zone euro, votre banquier, pas fou, se charge de vous faire payer la transaction, mais passons pour cette approximation. Non, le fond du sujet, c’est que devoir payer ou pas des frais de change, on s’en fiche royalement. Pour être plus précis, je pense que nos 6 millions de chômeurs et nos 12 millions de pauvres ne profitent pas souvent de vacances à l’étranger pour apprécier à juste titre l’absence de frais de change au passage d’une frontière qu’ils n’atteindront jamais.
Leur frontière à eux… c’est l’emploi ! Et voilà l’essentiel. Préférons-nous des jobs et des frais de change ou pas de frais de change et pas de job non plus ? Et là, mon ami Pierrot, la réponse que pourrait apporter le peuple français ne va sans doute pas te convenir, mais bon… c’est comme ça.
Alors évidemment, ce débat fut une catastrophe pour l’Europe et pour l’euro. J’y ai même appris de la bouche de notre ministre de l’Économie que « l’affreux gôôchiste » tendance communiste Jacques Sapir, étant contre l’euro, était donc un fasciste… Il s’agit là uniquement de dialectique de bazar et je refuse cette idéologie « bushienne » du type si vous n’êtes pas avec nous alors vous êtes contre nous. L’on peut être pour une sortie ordonnée et préparée de l’euro, pour une sortie qui soit également concertée et qui serait l’aboutissement de projets nationaux et d’un nouveau projet européen suscitant l’adhésion des peuples d’Europe sans devoir supporter de se faire traiter et insulter d’horrible facho.
Je rajouterais pour toutes les bonnes âmes cucul-gnangnantes qui veulent lutter contre les idées d’un parti comme le Front National qu’elles ne peuvent pas le faire en partant du principe que tout ce qui est dit est forcément faux et doit être rejeté ! C’est justement l’erreur à ne pas commettre. Or le grand jeu consiste à être contre tout ce qu’affirme le FN, ce qui donnerait, par l’absurde, que si Marine Le Pen disait que le ciel était bleu, il faudrait que nous disions tous qu’il est rouge. En clair, pour être sûr de ne pas être amalgamé avec les idées du FN, il faut défendre les idées inverses même si elles sont fausses. C’est un raisonnement intellectuel mortifère, tuant tout débat et dans lequel le pauvre Jacques Sapir vient de tomber, lui, l’économiste pourtant de gauche.
Or l’euro ne fonctionne pas… il ne fonctionne tellement pas et le débat de cette semaine a été une telle catastrophe pour l’euro… que la communication gouvernementale évolue et on lance Arnaud Montebourg qui va jouer le rôle de la voiture-balai et tenter de ramener dans les filets socialistes les déçus de l’Europe et de l’euro en tapant dessus… mais rassurez-vous, il tapera dessus, mais rien ne changera après, il ne s’agit là que d’une stratégie de communication politique visant à allumer un contre-feu, mais cela aura au moins le mérite de mettre au cœur du débat lors des élections européennes qui se profilent la place de la monnaie unique.
Montebourg : la réforme de l’euro doit être un thème des européennes
« La réforme de l’euro doit être l’un des grands thèmes des élections européennes », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes parlementaires (AJP), en pronostiquant un vote sanction de la politique menée actuellement par les dirigeants de la Commission européenne… Sans blague Arnaud, toi aussi tu sens monter l’euro-rejet car à ce niveau-là, nous ne parlons plus d’euroscepticisme !
Le ministre du Redressement productif s’est donc dit favorable à « un programme de baisse de l’euro et à un retour à une parité raisonnable. Un euro 10 % moins cher, de 13 à 15 centimes de moins aurait entre autres avantages de diminuer les déficits commerciaux et publics, c’est une arme dont nous ne devons pas nous priver ».
Arnaud Montebourg a même indiqué qu’il parlait non pas en son nom propre mais au nom du gouvernement.
Pour le moment, tout va bien ou presque et je ne peux qu’adhérer aux propos rationnels et pragmatiques tenus par le ministre sur l’euro. Mais tout se gâte très vite car, interrogé sur les défenseurs d’une sortie de l’euro, le ministre a dénoncé « un état d’esprit de violence » car « quand il y a destruction de quelque chose qu’on a mis tant de temps à construire, c’est de la violence ».
La dialectique « bushienne » revient au galop !
Et voilà, l’euro encore une fois, et cet aveux ne peut pas être discuté. Il ne peut pas être remis en cause car sinon c’est de la violence… dire que l’euro ne fonctionne pas, ce qui est un fait, est donc une violence. Je suppose que notre ministre de l’Amour, Manu, se chargera rapidement de traiter cette violence insupportable et intolérable faite à l’euro en embastillant après avoir fait passer une loi de « protection de l’euro » tous ceux qui osent dire ce qu’ils voient, à savoir que le ciel est bleu, que la terre est ronde, qu’elle tourne autour du soleil et que… une monnaie unique pour 18 économies hétérogènes et en pleine crise… cela ne fonctionne pas.
L’objectif d’Arnaud Montebourg, et il faut bien le comprendre, n’est en aucun cas de réformer l’euro, car l’euro n’est pas réformable sans l’accord à la majorité de l’ensemble de nos partenaires… pour réformer l’euro il faut donc que nos grands zamis les Zallemands acceptent de le dévaluer, ce qui, vous en conviendrez, et assez peu probable.
Arnaud Montebourg se contente donc juste effectivement au nom du gouvernement d’occuper une niche de communication, en présentant cela sous des atours raisonnables (réformer l’euro) mais totalement irréalistes (l’euro n’est pas réformable et les intérêts monétaires et économiques trop divergents pour un consensus européen).
Venez donc à moi ceux qui doutent de l’euro, je vous promets… une fausse promesse. En revanche, gare aux violents, c’est-à-dire tous ceux qui pensent que retrouver les monnaies nationales serait une meilleure idée.
Nous avons donc le droit de parler de réformer l’euro, mais pas le droit de vouloir le quitter et en ce sens, la « une » de Marianne intitulée « Sortir de l’euro, le débat interdit » est toujours d’actualité.
Ce gouvernement commet une erreur qui va le conduire dans le mur où il est déjà presque en refusant systématiquement le débat et la contradiction qu’il s’agisse des sujets économiques ou sociétaux. Toutes celles et ceux qui portent des idées différentes sont systématiquement traités de fascistes, de violents, d’extrémistes.
Pourtant, la base de la démocratie est le respect de la pluralité intellectuelle, de la diversité des opinions. Ce gouvernement l’a oublié et c’est ce qui va causer sa perte.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ».
Éditorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des études économiques AuCOFFRE.com
http://www.lecontrarien.com/
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