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La France compétitive, c’est maintenant ?

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Published : February 20th, 2014
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François Hollande doit se rendre à l’évidence, il a échoué à inverser la courbe du chômage. De manière symptomatique, la rhétorique de la « baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs », invoquée en son temps par Nicolas Sarkozy, raillée par le candidat François Hollande, a été reprise par le gouvernement actuel. Celui-ci exprimait par la voix de Michel Sapin, ministre de l'Emploi, sa satisfaction de passer de « plus de 30 000 chômeurs par mois supplémentaires » au premier trimestre à « 5 500 au troisième trimestre ».


Face à cet échec, le président français semble vouloir changer de tactique en admettant l’importance de la compétitivité des entreprises françaises pour qu’elles créent des emplois. Peut-être son pacte de responsabilité est-il un moyen cynique pour lui de se défausser sur les entreprises de son échec futur ? Ces dernières seront alors responsables des mauvais chiffres du chômage. Mais peut-être a-t-il (enfin) réalisé que les entreprises sont un allié nécessaire pour créer des emplois et que la politique du gouvernement depuis le début de son quinquennat agissait comme un véritable repoussoir pour les investisseurs potentiels. Ainsi Les Echos publiaient le 19 décembre un « manifeste des entreprises étrangères ». Dans celui-ci, cinquante patrons de filiales de grands groupes internationaux y tiraient la sonnette d’alarme, expliquant que « depuis quelques années, [ils avaient] de plus en plus de mal à convaincre nos maisons mères d’investir et de créer des emplois en France ».


Il ne s’agit pas d’un sentiment diffus, mais basé sur des faits. En effet, les indicateurs défavorables se multiplient et l’image de la France auprès des investisseurs étrangers est terriblement dégradée, comme l’explique fort bien Nicolas Doze


À la fin du mois de janvier était publié un rapport de la CNUCED, dont un chiffre eut un certain retentissement médiatique : les investissements directs étrangers (IDE) vers la France avaient chuté de 77% en 2013. Bien sûr, cet indicateur est imparfait et volatil. Comme le note justement l’agence française pour les investissements internationaux dans son rapport annuel 2012 :

« Cette statistique, cependant, est peu adaptée à la mesure des flux d’investissements physiques, directement créateurs d’emplois et de capacités productives, pour deux raisons principales :

  1. elle intègre d’autres opérations que l’investissement physique (acquisitions, rapatriement de bénéfices, transferts de trésorerie, flux financiers inter-groupe…) ;
  2. elle ne rend pas compte de certains investissements physiques qui sont financés non par des flux d’IDE mais par d’autres sources (levées de fonds sur les marchés locaux notamment). »

Ainsi, une entreprise étrangère qui se finance sur le marché des capitaux national ne génèrera aucun IDE, à l’inverse de celle qui préfère faire appel à sa société-mère.


Mais cet indicateur n’est pas isolé : quand on étudie les classements mondiaux sur l’environnement économique et la compétitivité, on s’aperçoit malheureusement que la France décroche de plus en plus.  Regardons ainsi quelques uns des plus connus.


D’après le baromètre Ernst & Young de l’attractivité de la France 2013, cette dernière est désormais distancée par le Royaume-Uni et de l’Allemagne :




Plus grave, la taille des investissements liés est de plus en plus modeste : seules10 500 créations d’emplois sont associées à ces projets, soit une baisse de 20%.


La France est à la 23ème place dans le dernier classement du Forum économique mondial (WEF) de Davos. Sa position s’est donc encore dégradée de 2 places par rapport à l’année dernière, où pour la première fois elle n’apparaissait plus dans le top 20 de ce palmarès qui a trente ans d’existence.




La France est particulièrement mal placée concernant la lourdeur des réglementations (137ème) et le niveau d’imposition (134ème).


La France gagne une place dans le classement de Lausanne qui compare 60 pays selon leur compétitivité. Sur le long terme, la tendance est toutefois largement négative puisque la France était 21ème en 1997 [1]. Tout l’inverse de l’Allemagne, 16ème à l’époque et désormais 9ème.




Source : IMD World Competitiveness Rankings 2013


Rajoutons à cela les classements peu glorieux à l’indice de liberté économique de l’Heritage Foundation (70ème sur 178), de l’Institut Fraser (40ème sur 152) ou au Doing Business [2] de la Banque Mondiale (38ème sur 189).


À ces indicateurs s’ajoutent les discours contre-productifs. Il sera ainsi difficile de faire de la France une terre d’innovation avec un ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui manifeste une telle hostilité envers celle-ci, comme lors de la récente conférence LeWeb réunissant des entrepreneurs de ce secteur. À un spectateur qui l’interrogeait sur le « gouvernement français [qui ferait] plus pour défendre les intérêts enracinés des industries établies plutôt qu’aider les compagnies innovantes », le ministre répondit naturellement que « lorsque l’innovation détruit un système, on doit aller lentement ». Comment attirer les innovateurs avec un tel discours ?


L’attractivité de la France semble décliner dangereusement si l’on en croit la batterie d’indicateurs négatifs. Il semblerait toutefois que François Hollande souhaite s’engager pour faire changer d’avis les investisseurs. En effet, après avoir proposé le pacte de responsabilité aux entreprises, le président français a reçu le 4 février une délégation de patrons d’entreprises étrangères installées en France en préparation du conseil de l’attractivité qu’il a présidé le 17 février. S’agit-il d’un début de prise de conscience que la bataille de l’emploi ne peut se gagner qu’avec les entreprises, et non contre elles ? Nous en saurons sans doute bientôt plus sur les réelles intentions du président français qui devra passer de la parole aux actes.


[1] Il n’y a que deux pays, les Émirats Arabes Unis et le Qatar, qui ont été intégré depuis au classement et qui précèdent la France.

[2] Doing Business présente des indicateurs quantitatifs sur les réglementations des affaires et sur la protection des droits de la propriété.

 

 

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Après un diplôme de Statisticien et d’Actuaire à l’Institut de Statistique de l’Université Pierre et Marie Curie (Université Paris VI), il a d’abord exercé la fonction d’économiste, avant de se tourner vers l’actuariat et l’ingénierie financière. Il travaille actuellement dans la direction financière d’une grande banque française.
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"Peut-être son pacte de responsabilité est-il un moyen cynique pour lui de se défausser sur les entreprises de son échec futur ? Ces dernières seront alors responsables des mauvais chiffres du chômage." Pourquoi pas, au stade où nous en sommes, plus rien ne m'étonne de la part de notre classe politique.
Le fond du problème du chômage est la création de son propre emploi par le citoyen de base. Et pour ça il faut que ça vaille coup. Les entreprises embaucheront dans la foulée. Ce problème est systématiquement pris à l'envers !
En clair sortir du monopole de la sécu. Même si ce monopole n'existe plus, dans les faits si, toujours ! Liberté de cotisations à la carte, exit l'URSS-af. Remise à zéro ou presque du code du travail ! Liberté du temps de travail, remise en cause du smic.
Il n'y a que les esprits chagrin pour croire que ce serait le retour à Zola ! On a été tellement loin que le pays est asphyxié. Une économie de type libéral ne veut pas dire libéralisme anarchique et débridé ! Le problème est sérieux, il ne s'agit pas d'ergoter sur du vocabulaire ou des théories de pseudo intellectuel, mais d'être réalistes, objectifs et honnêtes quant à l'analyse du problème. Personne n'osant remettre en cause les socles de l'état-providence pour des raisons aussi foireuses que bassement électoralistes, on ne s'en sortira pas.
Depuis des décennies la France est dirigée par des élus fonctionnaires en dispo et je ne parlerai pas ici des énarques. On ne peut pas faire vivre un pays avec un statut de planqué et demander à des gens de sauter de l'avion sans parachute !
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"Peut-être son pacte de responsabilité est-il un moyen cynique pour lui de se défausser sur les entreprises de son échec futur ? Ces dernières seront alors responsables des mauvais chiffres du chômage." Pourquoi pas, au stade où nous en sommes, plus rien  Read more
merisier - 2/20/2014 at 8:00 AM GMT
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