S’il est
un pays qui n’a pas été épargné par la
crise économique depuis de trop longues années, c’est bien
l’Argentine. Au début du XXème siècle,
il s’agissait pourtant d’un des pays les plus riches du monde,
preuve que les cartes du jeu économique peuvent être constamment
rebattues dans un sens comme dans l’autre.
L’ancien
président Carlos Menem (1989-1999) a souvent été
pointé du doigt comme responsable de cette situation, mais lui imputer
l’entièreté des problèmes économiques subis
par son pays serait injuste. Il est d’ailleurs entré en fonction
à une ère d’hyperinflation incommensurable et c’est
sous sa présidence que l’Argentine a peut-être connu une
des phases les plus prospères de ces dernières décennies.
Toutefois,
plusieurs choses peuvent lui être reprochées. La première
est celle d’avoir aligné la monnaie nationale sur le dollar
américain avec toutes les conséquences que cela pouvait avoir
quand on connaissait la politique menée par le président de la
FED, Alan Greenspan. La masse monétaire a crû de 60 % entre 1991
et 1994 et ce, alors que Carlos Menem était souvent considéré
comme un chef d’État ayant vigoureusement lutté contre
l’inflation.
La monnaie a
toujours été un indicateur négligé par les
analystes alors qu’elle est l’instrument crucial de toute une
économie. L’Argentine retomba alors dans de cruels travers.
La
deuxième est celle d’avoir laissé s’installer une
coûteuse bureaucratie, preuve que le président Menem
était moins libéral que ce que même la presse la plus conventionnelle
veut bien indiquer. La dette du pays a en effet doublé sous sa
gouverne. Au final, Menem a laissé son pays dans une situation
désespérante, malgré les quelques bons chiffres
qu’il a obtenus au cours de ses mandats.
En 2003, un
nouveau chef d’État prit les rênes du pays, Néstor Kirchner, lequel suscita un immense espoir
puisque, « courageusement », le nouveau
président stigmatisa la libéralisation économique qui aurait
ravagé son pays. En un sens, Kirchner se trouvait dans une position
favorable en ce que nombre
de créanciers du pays étaient d’accord pour ne pas
chercher à récupérer leurs créances.
Mais la
moralité de M. Kirchner était douteuse et la pauvreté
dont souffrait son pays ne l’a pas empêché de
s’enrichir personnellement. De la même manière, force est
de constater qu’il a fortement centralisé le pouvoir.
En 2007, sa
femme lui succéda. Pendant son mandat (qui se poursuit), Cristina
Kirchner n’a eu de cesse de dénoncer
la spéculation mais elle-même a profité de la
déconfiture de sa monnaie nationale, échangeant nombre de pesos
contre des dollars au moment opportun, ce qui lui permit d’engranger de
substantiels profits. Ces faits – dérangeants –
n’atténuèrent pas sa popularité qui profitera
même du décès de son mari en 2010, lui assurant une
réélection triomphante. Il faut dire que l’opposition
n’était pas vraiment de
taille à ce moment-là…
Toutefois, son
second mandat – passé la période de deuil de son mari
– est plus compliqué à assumer, les manifestations des
désillusionnés du « régime Kirchner »
se démultipliant.
Cela
n’empêcha pas Cristina Kirchner de poursuivre son arrogante
politique, fondée, entre autres, sur les expropriations et les
nationalisations d’entreprises. On connaît les
conséquences tragiques des nationalisations de grandes firmes, tant
sur le plan économique que politique : la toute-puissance de
l’État atteint un zénith des plus dangereux. Et, sur le
plan financier, la performance desdites entreprises est pour le moins
médiocre, comme le souligne Le
Minarchiste.
Gare
également aux opposants à la politique de Mme Kirchner :
Shell en a fait les frais, y compris sur le plan pénal. Et les
entreprises ne sont pas les seules à pâtir de la dureté kirchnérienne. Les économistes qui ne sont
pas dans le rang se sont aussi vu infliger des amendes.
Parallèlement,
Kirchner poursuit certains traits de la politique de Carlos Menem (doublement
du nombre de fonctionnaires, croissance de la masse monétaire…).
En 2013,
l’usure du pouvoir semble l’atteindre. Les scandales politiques
– dont elle avait profité depuis tant d’années
– reviennent à la surface et ce, alors que les élections
législatives approchent
à grands pas.
Mais,
paradoxalement, de la même manière que sa victoire de 2011 est, en
grande partie, le fruit de la mort de son époux, il se pourrait
que Cristina Kirchner restaure sa popularité
« grâce » aux problèmes de santé
qu’elle a endurés
pendant l’automne. Réponse en octobre 2014 pour les
élections législatives.
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