Je
conserve mon admiration sceptique pour tous ces Chinois qui pensent que le
yuan pourra bientôt remplacer le dollar en tant que devise de référence
internationale.
Comme
je l’ai déjà dit, le marché chinois des obligations est loin d’être suffisamment
large ou liquide. La bulle chinoise sur l’immobilier est la plus gonflée du
monde, le système bancaire opaque du pays est au bord de l’implosion, et la
croissance explose.
Mes
lecteurs savent certainement que je ne suis pas du genre à brandir le drapeau
des Etats-Unis.
Ceci
dit, il n’en est pas moins que les Etats-Unis possèdent le marché de capitaux
le plus ouvert et le plus libre des pays développés. Les contrôles qu’impose
la Chine sur le capital peuvent quant à eux faire penser à certains pays
d’Amérique du Sud (et ce n’est qu’un problème parmi tant d’autres).
Contrebande
monétaire
Voici
l’extrait d’un article de Reuters intitulé How
China's Official Bank Card
is Used to Smuggle Money.
De plus en plus de Chinois utilisent leur carte bleue
soutenue par l'Etat pour faire apparaître illégalement des milliards de
dollars à l’étranger.
Cette monnaie souterraine traverse la frontière pour finir
dans le centre des jeux d’argent qu’est Macau, une
ancienne colonie portugaise qui comme Hong Kong est une région autonome de la
Chine. Le conduit utilisé n’est autre que le système de paiement sécurisé par
carte bancaire du gouvernement, China UnionPay.
Dans le labyrinthe de ruelles poussiéreuses qui encerclent
les casinos de Macau, des centaines de bijouteries,
de magasins de montres et de prêteurs sur gage aux vitrines éclairées de
néons font fortune en permettant aux Chinois d’utiliser UnionPay
pour effectuer de fausses transactions – ce qui leur permet d’échapper aux
contrôles stricts d’exportation de devises imposés par la Chine.
Très récemment, dans une boutique du nom de Choi Seng Bijoux et Montres, une femme d’âge mur s’est
présentée au comptoir. Elle a tendu au caissier sa carte UnionPay
et obtenu 300.000 dollars de Hong Kong (50.000 dollars US) en liquide. Elle a
signé un reçu décrivant la transaction comme étant une « vente
libre », mis ses billets dans son sac à main avant de se rendre au
casino Ponte 16, juste en face.
Son retrait excède de loin la limite quotidienne de 20.000
yuans, ou 3.200 dollars, que les citoyens chinois sont autorisés à sortir du
territoire. « Ne vous en faites pas », a dit un commis de magasin
questionné sur la légalité de telles transactions. « Tout le monde le
fait ».
Le yuan peut-il remplacer le dollar comme devise de
référence ?
Avec des contrôles imposés sur le capital, des contrôles
politiques, une absence de liberté de la presse, un système bancaire opaque,
des problèmes sur le plan immobilier et des centres commerciaux et des villes
entières complètement déserts, le yuan n’est pas prêt de pouvoir remplacer le
dollar en tant que devise de référence internationale.
La Chine a dix ans de retard, et
elle ne pourrait rattraper les Etats-Unis que si tout allait bien (ce qui
n’est pas le cas). En raison de son manque de liberté politique, de l’absence
d’un marché d’obligations liquide et de droits humains et de propriété
déplorables, il faudra des décennies au yuan pour pouvoir remplacer le
dollar.
Puisqu’une crise monétaire globale devrait survenir bien
avant ça, je suspecte que ce ne sera jamais possible. Un autre système
monétaire pourra peut-être être instauré.
Bretton
Woods vit ses derniers instants. Personne ne sait
ce qui arrivera ensuite. Ce pourra être l’or ou une crypto-devise, mais ce ne
sera pas le yuan.