C’est il y a près de dix ans
que, devant le Comité de la Chambre pour les relations internationales,
j’objectais au financement d’ONG par le gouvernement américain pour se mêler
des affaires internes de l’Ukraine. A l’époque, la Révolution orange avait
forcé un changement de régime en Ukraine, grâce à des millions de dollars
offerts par Washington.
Voici ce que j’ai dit
au Comité :
« Nous ne savons pas
exactement combien de millions – ou de dizaines de millions – de dollars les
Etats-Unis ont dépensé dans le cadre des élections présidentielles en
Ukraine. Nous savons qu’une grande partie de cet argent a été utilisé pour
soutenir un candidat en particulier, et qu’au travers d’une série d’ONG –
américaines comme ukrainiennes – des millions de dollars ont été utilisés
pour assister le candidat présidentiel sortant ».
Je m’inquiétais des millions
de dollars que National Endowment for Democracy (NED), une organisation financée par le
gouvernement des Etats-Unis, et d’autres organisations, ont dépensés pour se
mêler aux affaires internes de l’Ukraine. Il semblerait pourtant que ce n’ait
été que la partie visible de l’iceberg.
En décembre dernier,
l’Assistance du Secrétaire d’Etat Victoria Nuland a
prononcé un discours au cours
duquel elle a admis que depuis 1991, le gouvernement des Etats-Unis a investi
plus de 5 milliards de dollars pour venir en aide à l’Ukraine, développer des
institutions démocratiques et promouvoir des sociétés civiles et des
gouvernements.
C’est ce même membre du
Département d’Etat qui a été pris la main dans le sac et enregistré en train
de planifier en détail le renversement du gouvernement ukrainien.
Ces cinq milliards de dollars
semblent avoir apporté une révolution en Ukraine. Mais qu’en tirent les
contribuables américains qui ont été forcés de payer pour cet
interventionnisme ? Rien de bon. L’Ukraine est une nation en banqueroute
qui aura besoin de dizaines de milliards de dollars pour survivre ne
serait-ce que jusqu’à la fin de l’année. Le premier ministre sélectionné par
les Etats-Unis s’est déjà rendu à Washington pour demander plus d’argent.
Et qu’en tireront les
Ukrainiens ? Leur démocratie a été renversée par le coup de Kiev,
financé par les Etats-Unis. Dans une démocratie, le pouvoir est transféré
dans la paix au moment des élections, et non saisi par des rebelles descendus
dans la rue. C’était du moins le cas autrefois.
Le FMI imposera à l'Ukraine un
autre de ses plans de sauvetage, qui ne fera qu’enrichir les banquiers
internationaux aux dépens de la population locale. Le FMI ne fait
qu’accumuler de la dette, organiser des accords pour les corporations
étrangères, et demander à la population d’accepter des mesures d’austérité en
échange de réformes qui semblent ne jamais pouvoir produire les effets
désirés.
Les fondations de ce désastre
ont été coulées par NED, USAID et l’armée d’ONG financées en Ukraine au fil
des années.
Les défenseurs de NED et des
organisations qui y sont liées pensent qu’il n’y a rien de mal à envoyer des
dollars pour promouvoir la démocratie à l’étranger. Le fait est que NED,
USAID et les autres n’ont rien à voir avec la promotion de la démocratie, et
ne font que la détruire.
Il n’est pas démocratique de
dépenser des milliards de dollars pour soutenir un changement de régime à
l’étranger. Il n’est pas démocratique d’envoyer des OGN réécrire les lois et
la Constitution de pays comme l’Ukraine. Ce ne sont pas nos affaires.
Comment pourrions-nous
promouvoir la démocratie à l’étranger ? Nous devrions en premier lieu
arrêter les isolationnistes – ceux qui cherchent à imposer des sanctions, des
blocages et des restrictions qui entravent nos engagements à l’étranger. Nous
pourrions utiliser un secteur privé américain chargé d’agir à l’étranger. Une
société qui prospèrerait au travers de ses liens commerciaux avec les
Etats-Unis aurait bien plus de chances d’adopter les pratiques et les
politiques susceptibles de maintenir la prospérité et d’encourager la paix.
En 2005, en m’opposant au
financement de NED, j’ai dit
:
« Le National Endowment for Democracy n’a pas
grand-chose à voir avec la démocratie. Il est une organisation qui utilise
les recettes fiscales des Etats-Unis pour subvertir la démocratie en arrosant
de financements ses partis favoris à l’étranger. Il est responsable de
révolutions aux codes-couleurs qui ressemblent plus aux pages écrites par
Lénine sur l’usurpation de pouvoir qu’à des mouvements démocratiques
indigènes ».
Malheureusement, la situation
ne va que de mal en pis. Pour promouvoir la démocratie à l’étranger, NED et
les autres ONG fondées par le gouvernement des Etats-Unis devraient
disparaître immédiatement.