Ça travaille dur au gouvernement. Mais si. Le Président, après avoir prétendu que « le changement, c’est maintenant », explique à présent que « le redressement, c’est pas fini » et que « le retournement, c’est bientôt ». Les différents ministres, pendant ce temps, se sont lancés dans des plans de travail complexes et minutieusement préparés pour donner enfin corps à ce souhait jadis formulé d’un vrai travail d’équipe pour sortir la France de l’ornière. Et s’il y a une ministre qui s’est retroussé les manches, c’est bien Ségolène Royal.
Cela fait un mois qu’elle est aux commandes de son magnifique ministère qui s’occupe de l’énergie, du développement durable, du bio-écoconscient, des petites plantes vertes et des petits oiseaux, et elle n’a pas chômé. C’est un vrai contraste par rapport à ses prédécesseurs : on se souvient en effet de Delphine Batho, éjectée pour dissidence, qui avait fait grand bruit avec ses nombreux dossiers très importants comme … euh … ou… bon bref et ses envolées lyriques sur … hum… moui bon et qui fut remplacée par l’illustre Philippe Martin qui aura imprimé son inoubliable marque de fabrique à ce ministère avec son projet de … ah heu bon. Voilà quoi. Vous avez saisi.
La relève est donc assurée d’autant que Ségolène se consacre à fond aux questions environnementales, d’énergie et de transport que son ministère lui impose… tout en conservant tout de même son poste de présidente du conseil régional de Poitou-Charente et celui, plus anecdotique mais tout aussi symbolique, de vice-présidente de l’Internationale Socialiste (sa hontectomie, subie très jeune, aide beaucoup). Le non-cumul des mandats, elle est comme Rebsamen : contre. Et si l’on peut s’étonner du calme relatif dans lequel ce mois s’est écoulé sans qu’aucune bravitude néologique ne vienne troubler le travail studieux du gouvernement, on ne peut s’empêcher de noter les efforts permanents de la ministre pour faire parler d’elle. C’est, on peut le dire, moyennement réussi.
Une écotaxe remise à plat ?
Notons cependant qu’à l’instar d’un Hamon, fraîchement posté à l’Éducation Nationale, qui aura réussi le pari de détricoter presqu’entièrement la « réforme » Peillon sur les rythmes scolaires, Royal s’est employée à patiemment faire passer la couleuvre de l’écotaxe alors que cette nouvelle servitude fiscale avait déclenché l’ire fumante des Bretons sous le précédent gouvernement. Et quel meilleur moyen pour faire avancer une taxe que d’annoncer, ubi & orbi, qu’elle a été annulée, pardon, « remise à plat » ?
Magie du changement maintenant, tout ce qui fut fait pendant deux ans semble maintenant bon pour la poubelle, ce qui est assez comique lorsqu’on y réfléchit deux minutes et qu’on constate que, bien qu’ayant finalement désavoué le travail des précédents ministres, Hollande a choisi de changer de cap tout en continuant à se tromper de direction. Cet acharnement dans l’erreur a indéniablement quelque chose d’héroïque pour les quelques socialistes encore convaincus (et d’inquiétant pour tous les autres qui payent les factures). Et concrètement, cela se traduit donc dans l’abandon de l’idée d’une écologie à fiscalité punitive, tout en conservant tout de même le principe (débile au demeurant) qu’il faut lourdement handicaper les entreprises de transport, ces dernières méritant largement qu’on leur tape dessus – si elles ne comprennent pas trop bien pourquoi, les Français, eux, le savent, et puis Ta Gueule C’est Magique™.
Et bien que l’Union Européenne, par nature, empêchera la discrimination des camions étrangers qui voyagent, les coquins, ailleurs que sur nos autoroutes, Royal s’est malgré tout fendue d’explications vasouillardes sur la nécessité de rabattre ces derniers sur nos belles infrastructures payantes, qu’on surtaxera et qui permettront ainsi à ces camions de financer la maintenance et le développement des nouvelles routes françaises (et des nouveaux portiques écotaxes ?).
Bref, on comprend bien que rien ne change vraiment si ce n’est le packaging. Et pour le détail des opérations, vous attendrez juin, une fois la déculottée européenne actée.
Une énergique transition énergétique ?
Parallèlement, et parce qu’on sent que cette écotaxe qui n’en est plus une mais tout de même un peu mais n’y prêtez pas attention zip, zoup, ni vu ni connu je t’embrouille, n’occupait pas tout son temps d’antenne, la ministre a compris que son existence médiatique reposait sur quelques gimmicks simples, dont « Transition Énergétique ». Et ça tombe bien : avec un peu d’enfumage, on peut accoler cette fumisterie à la notion de création d’emplois à gros bouillon. Pour une raison inexpliquée, la ministre s’est arrêtée sur le chiffre de 100.000 nouveaux emplois grâce à son astuce rhétorique. Pourquoi pas 150.000, ou seulement 50.000 ? On ne sait pas trop. 100.000, ça claque, alors ce sera 100.000…
Mais en tout cas une chose est sûre : on va créer de l’emploi. Parce que la transition énergétique, mes petits amis, ce sont des outils efficaces qui seront le pis de la croissance et de l’emploi de demain aux mamelles duquel nos politiciens viendront téter goulûment avec l’appétit qu’on leur connaît.
Ainsi, en imposant des normes drastiques d’isolation et d’économies d’énergie, on va (forcément) créer de l’emploi. Certes, l’argent qui partira dans des maisons éco-conscientes et hermétiques à leur environnement ne partira pas en souliers neufs, en livres, en voiture haut de gamme que la France ne sait pas faire, mais ça, on s’en fiche puisqu’on va créer de l’emploi !
Et puis, en imposant de nouvelles énergies et en demandant à EDF de racheter à prix arbitrairement élevé une électricité produite au moment où on en a le moins besoin, on va (forcément) créer de l’emploi et de la richesse pour le consommateur. Mais si, puisqu’il va installer comme un fou des panneaux photovoltaïque sur sa maison éco-consciente hermétique, des éoliennes dans le champ du voisin et des roues à hamsters pour la production alternative : tout ceci va déclencher la création de nouvelles industries de pointe (notamment les roues à hamsters) et tant pis si l’argent ainsi mobilisé n’ira pas dans des abonnements culturels, de l’électronique grand public ou la création d’une entreprise pour des impressions 3D. On s’en fiche, puisqu’on va créer de l’emploi !
Et puis, en fermant la porte aux énergies alternatives éprouvées, on sait aussi qu’on va créer de l’emploi ailleurs dans le monde, là où, justement, ces énergies seront exploitées, les compétences seront requises et expérimentées, et où les savoir-faire seront monnayés.
Dans tous les cas, l’important sera d’occuper suffisamment les esprits avec ces belles créations d’emploi pour éviter que les Français, qui paieront la facture, ne s’attardent sur les expériences similaires outre-Rhin qui ont pourtant clairement montré la catastrophe qui s’ensuivait : la transition énergétique allemande est une folie, probablement l’arnaque du siècle et se terminera par un échec coûteux. Raison de plus pour l’importer chez nous, non ?
Enterrer l’écotaxe, faire avaler une couleuvre taxatoire supplémentaire, lancer une transition énergétique casse-gueule, tout cela n’était pas suffisant pour l’ex-compagne du Roi Solex : en parallèle, Ségolène s’attaque au Bisphénol !
Un Bisphénol qui fait moins le malin
Parce que créer de l’emploi et taxer les méchants camions, c’est bien, mais ça ne sert à rien si les gens meurent dans d’atroces souffrances par empoisonnement à cause, par exemple, du Bisphénol ou de toutes ces molécules dangereuses au nom complexe comme les phtalates, le methyl-parabène, le BHA et le très célèbre acide 1,2-Cyclohexane dicarboxylique diisononyl ester, qui mérite largement qu’on s’occupe de son cas pour avoir un nom aussi moche.
C’est donc tout naturellement que Ségolène est partie en lutte contre les tickets de caisse (thermiques) qui contiennent du Bisphénol, qui entraîne infertilité, impuissance, chute de cheveux, perte de l’être aimé et panne de motos russes. Grâce à Docteur Ségo, si son projet d’élimination complète du Bisphénol-A passe, vous pourrez enfin grignoter vos tickets de caisse sans danger ! Vous voyez : nous sommes dans de bonnes mains et le retournement, à l’évidence, c’est bientôt.
Mais par prudence, ne retenez pas votre souffle.
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