Le FMI s’est laissé bercer par
l’impression monétaire incessante des banques centrales du monde destinée à
établir des plans de sauvetage et à enrichir les détenteurs d’obligations,
les investisseurs bancaires, les contreparties et bien d’autres investisseurs
au travers de la création d’énormes bulles sur les actifs. Il s’aperçoit
aujourd’hui que la Fed, qui est à l’origine de tout cela, pense fortement
prendre du recul. Le voilà donc tracassé par les retombées que cela pourrait
avoir sur le reste du monde.
Le renflouement des détenteurs
de la dette des gouvernements est l’objectif premier du FMI. Ces détenteurs d’obligations
sont généralement de grosses banques, et lorsque les choses se corsent, des hedge funds. L’ensemble de
rapports et d’études et la bureaucratie qui les produit ne sont que de la
garniture.
En échange de l’extension des
prêts d’urgences accordés à certains détenteurs d’obligations, le FMI fait
pression sur le pays endetté afin qu’il impose des « ajustements »
à son peuple – habituellement des diminutions de revenus, de pensions, d’aides,
d’assistance santé, et ainsi de suite, sans oublier des hausses de taxes qui
touchent tout le monde sauf les élites. Ces ajustements sont aussi connus
sous le nom de « réformes structurelles », et ont été
affectueusement surnommés « austérité ».
Il existe d’autres solutions,
comme par exemple laisser le marché faire son travail. Les détenteurs d’obligations
qui ont bénéficié de cette entrée de revenus risqueraient alors de tout
perdre pour avoir acheté ces obligations à haut risque. Les nations auraient
à souffrir des conséquences des dépenses et des emprunts effrénés de leur
gouvernement. Les gouvernements devraient avoir recours à des budgets plus
restreints ou imprimer dévaluer leur devise jusqu’à ce que leur peuple les
mettent à la porte.
Si le marché était autorisé à
prendre la main, une grande partie de la dette disparaîtrait. L’élite qui la
détient serait toujours l’élite, mais elle serait moins riche. Une poignée de
banques pourraient s’effondrer. Mais plutôt que de laisser faire le marché,
le FMI intervient, repousse les forces du marché, insère des contribuables
internationaux, et voilà.
La Grèce est devenue l’exemple
de cette stratégie. Elle est à l’origine de ses propres problèmes. C’est le
pays le plus corrompu
d’Occident. Elle a triché pour intégrer la zone euro, avec l’aide de Goldman
Sachs, afin d’avoir accès à des quantités illimitées de dettes peu coûteuses –
ou qui semblaient du moins l’être au départ.
Les détenteurs de la dette
grecque auraient dû être forcés de faire face à leurs pertes. Les détenteurs
du secteur privé ont obtenu une décote, mais la plupart des obligations se
trouvaient entre les mains du système européen de banques centrales et d’autres
institutions publiques, qui ont été renflouées. Les Grecs ont pu voir leur
pays sombrer dans une dépression pendant six ans. Les plus chanceux ont
souffert de diminutions de salaire et d’aides sociales, et d’une hausse des
taxes. Les moins chanceux ont rejoint les rangs des chômeurs.
Le pays est désormais plus
endetté que jamais. Le peuple a de grandes chances de souffrir de davantage
de « réformes structurelles ». Le porte-parole Gerry Rice a tenté de donner une allure
positive à la situation en déclarant vendredi dernier que le FMI supporte
le « désir du gouvernement d’éviter toute diminution de salaires et de
pensions ». Mais il y aura des réductions – afin d’éviter que les
détenteurs d’obligations souffrent de pertes. Il a concédé que le FMI ait pu
faire des erreurs, mais a refusé de s’en excuser.
L’institution a été dirigée
par des politiciens français corrompus, et Christine Lagarde, qui en est la
directrice à l’heure actuelle, est elle-même mêlée à une affaire de
corruption en France. Elle aurait abusé de son rôle de Ministre des finances
sous la présidence de Nicolas Sarkozy pour transférer 400 milliards d’euros
de l’argent des contribuables à l’homme d’affaires controversé, Bernard
Tapie. En 2011, elle est venue remplacer l’ancien directeur du FMI, Dominique
Strauss-Kahn, après qu’il se soit trouvé mêlé à des scandales peu savoureux
aux Etats-Unis et en France.
Sous cette direction, le FMI
se tracasse désormais des retombées que pourrait avoir la réduction de son
programme de QE par la Fed et la possibilité de voir les taux d’intérêt
passer de rien du tout à presque rien du tout – une possibilité qui depuis
des années se trouve repoussée sur un calendrier mobile de dix-huit mois.
Lors d’une récente interview,
Siddharth Tiwari,
directeur de stratégie, de politique et de révision au FMI, a précisé que les
problèmes liés au retrait des « politiques monétaires
non-conventionnelles » - un euphémisme formel qui signifie QE, taux d’intérêt
proches de zéro et répression financière – sont en haut de l’agenda du FMI.
Pour les économies développées
qui ont mis en place de telles politiques, « la question est de savoir
quand et comment » s’en défaire « en douceur », afin d’éviter
que ce retrait ait des « répercussions dans le reste du monde » et
au sein des pays qui l’adoptent.
Le FMI est empli d’euphémismes.
Les « retombées » des changements de politique de la Fed, ou ses
changements perçus de politique, sont le bruit assourdissant de succion qui
retentira à mesure que les capitaux fébriles quitteront les marchés. Nous
avons pu nous en faire une idée l’été dernier alors que les discussions
autour de la réduction du QE de la Fed entraînaient la soudaine évaporation
des capitaux fébriles. Les pays en développement répondent rapidement lorsque
« les flux de capitaux et de devises deviennent plus volatiles », a-t-il
ajouté. Pour eux, c’est un peu question « d’être ou ne pas être ».
Le FMI voudrait publier des
rapports pour aider ces pays à devenir financièrement résistants et à « gérer
ces retombées », a expliqué Tiwari. Le FMI
leur a déjà demandé de mettre en place des solutions, ou devrais-je dire,
vous avez deviné, des « réformes structurelles ». Des baisses de
salaires, d’aides, de pensions, et ainsi de suite. Pour que les investisseurs
se sentent soulagés à l’idée d’avoir acheté leurs obligations.
Dans son jargon bureaucratique
mielleux, la situation a été présentée comme suit :
En effet, avec la possibilité
de mise en place de politiques macroéconomiques favorables au sein de
nombreux pays, des réformes structurelles sont nécessaires en tant que
leviers politiques. Ces réformes structurelles peuvent prendre des formes
diverses, comme la réforme des politiques du marché du travail, de l’éducation
et de la santé, pour ne nommer qu’elles.
Les Grecs en savent long sur
les « formes » que peuvent prendre ces réformes structurelles.
Le FMI, a-t-il ajouté, « adoptera
une vision plus fondamentale de la manière dont devraient être conduites ces
politiques une fois que les conditions seront normalisées ».
Tiens donc! Le FMI va
maintenant dire quoi faire à la Fed – comme si ce n’était déjà pas suffisant
que Goldman et Cie. se mêlent de ses affaires. Lagarde a partagé son
point de vue : « La volatilité excessive des flux de capitaux et de
devises, le resserrement des conditions financières pour les pays émergents et
en développement, et les retombées subies par certains pays nécessitent toute
notre attention ».
A moins que le FMI
intervienne, la réduction du QE et la hausse des taux d’intérêt nous mènera
semble-t-il à la catastrophe. Avec une « croissance globale qui laisse à
désirer » et des marchés qui ont parfois tendance à être instables,
comme nous avons pu le voir l’été dernier, Tiwari a
insisté sur le fait qu’une « coopération soit nécessaire pour supporter
la croissance » - il veut dire par là favoriser l’inflation – « et
limiter les risques » - lisez : mettre fin à l’implosion des bulles
sur les actifs.
Les génies de la Fed, du FMI
et des autres piliers de la cabale financière n’ont-ils pas pensé à ces
retombées, capitaux fébriles et bruits de succion assourdissants lorsqu’ils
mettaient en place leur orgie d’impression monétaire et de répression
financière ? Non ! Six ans plus tard, les voilà qui se tracassent
soudainement. Et leur vision des choses semble bien plus sombre que l’optimisme
délirant qui règne sur les marchés financiers.
Que se passe-t-il donc lorsque
ces acheteurs aux ressources illimitées commencent à prendre du recul après
un pic phénoménal ? Nous savons ce qu’il s’est passé en 2008… Je vous
conseille de lire ceci : Last
Time Corporate America Did This, The Stock Market Crashed