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La crise à l’UMP, c’est bien sûr la fameuse « affaire Bygmalion ». Chaque jour qui passe délivre son lot
de révélations, de mises en cause, de rebondissements. Il est donc possible
que ce texte ne soit pas à jour, les quelques instants séparant son écriture
de sa mise en ligne ayant peut-être donné lieu à de nouvelles informations.
Pour faire bref, j’ai compris de cette « affaire » que le
coût des meetings de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 dépassait largement
le plafond autorisé. Par conséquent, pour maquiller les dépassements de
dépenses, une double comptabilité a été mise en place : l’une prenait en
compte les coûts minorés, portés sur les comptes de campagne du candidat
Sarkozy ; l’autre reprenait « les montants restants, à travers de
fausses factures portant sur de faux événements », imputés à l’UMP,
selon Jérôme Lavrilleux, directeur
adjoint de la campagne de Sarkozy.
Jérôme Lavrilleux précise également que la
décision de frauder a été prise collégialement, outre lui-même, par Éric Césari, directeur général de l’UMP, Fabienne Liadzé, directrice financière, et Guillaume Lambert,
directeur de campagne. Et en accord avec les dirigeants de Bygmalion. Tout le monde nie, bien évidemment.
Monsieur Lavrilleux indique encore que ni
Jean-François Copé, ni Nicolas Sarkozy n’étaient au courant de cette
magouille. Cette fois, les protagonistes confirment.
Les déclarations des uns et des autres sont édifiantes. Guillaume Lambert
affirme que Jérôme Lavrilleux « avait carte
blanche pour adapter au mieux l’organisation des réunions publiques » et
que l’intendance n’était pas de son ressort. Jean-François Copé déclare qu’il
n’a « pas été au fait de la
gestion quotidienne » du parti, qu’il n’a jamais vu les factures, les
chèques, etc. car ce n’était pas dans sa fonction. Il « faisait
confiance par définition aux gens dont c’est le métier » et il
« n’avait pas vocation à repasser derrière ». Quant à Nicolas Sarkozy,
il reste jusqu’à présent prudemment silencieux, sans doute pour confirmer
qu’il ne sait rien de toute cette histoire.
Remarquons, au passage, que ce tour de passe-passe n’a pas empêché les
comptes de campagne de Sarkozy d’être rejetés par le Conseil constitutionnel
en juillet 2013. Un appel aux dons avait alors été lancé. Il a permis de
recueillir 11 millions d’euros.
Par ailleurs, nous avons appris, il y a quelques jours, que la Cour de
justice de la République allait enquêter sur le financement de la campagne
présidentielle d’Édouard Balladur en 1995, en particulier sur les
rétro-commissions de contrats d’armements et sur d’éventuels détournements
des fonds secrets de Matignon.
Décidément, il n’y a pas qu’au royaume du Danemark qu’il y a quelque
chose de pourri !
Il est aussi intéressant de se pencher plus largement sur les comptes
de l’UMP. Grâce à la Commission nationale des comptes de campagne et des
financements politiques (la CNCCFP), on
apprend énormément de choses. Citons quelques chiffres : en 2011, l’UMP
a reçu 33,12 millions d’euros d’aides publiques ; en 2013, elle n’a reçu
que 19,87 millions à cause de sa défaite aux législatives. Le financement
public des partis politiques est, en effet, basé sur le nombre de voix
obtenues aux élections législatives et sur le nombre de parlementaires.
Si l’on fouille davantage dans les comptes, on s’aperçoit que des
pertes ont été accumulées depuis plusieurs années (3,7 millions d’euros au
bilan 2011), et que la dette est considérable (55,58 millions d’euros en
2011, pour un budget de 53 millions).
Enfin, il a été dévoilé que le groupe UMP de l’Assemblée nationale
avait prêté 3 millions d’euros au parti en 2012. Selon Luc Chatel,
nouveau secrétaire général, l’UMP étant à ce moment là
« exsangue après diverses échéances électorales ».
Et maintenant ? « L’UMP est en danger », dixit Alain
Juppé, en « danger financier » et en « danger
politique ».
Le 14 juin, Manuel Valls, le premier ministre, affirmait que la gauche
pouvait mourir car elle « n’a jamais été aussi faible dans l’histoire de
la Vème République ». Mais, ne serait point l’UMP qui risque de
disparaître tout prochainement ?
À suivre
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