La langue
française est l’objet de nombreux préjugés qui lui
collent désespérément à la peau et qui
expliquent, en partie, son manque
de popularité auprès des étudiants étrangers.
Parmi ces derniers, le fait qu’elle soit extrêmement difficile.
Hélas,
lesdits étudiants étrangers ne sont pas les seuls à
« souffrir » face à l’hermétisme de
la langue française : les premières victimes sont les
Français eux-mêmes dont la maîtrise de la lecture est peu
évidente, y compris au lycée. Ces maux ne datent pas
d’hier. Les critiques remontent à la loi Jules Ferry qui,
dès son adoption, a créé des problèmes dans un
pays moins centralisé qu’on pourrait le penser à ce
moment, surtout en ce qui concerne les aspects
linguistiques.
Certains penseurs
français ont même récemment appelé à
une simplification de l’orthographe de cette langue. En Belgique, certains
souhaitent également une réforme profonde, insistant sur le
fait que les nouvelles technologies incitent à la rapidité et,
donc, à des fautes.
Malheureusement,
ces constats s’apparentent à une grossière capitulation
et s’écartent du problème principal :
l’échec de l’éducation, seule cause de la faible
maîtrise du français. De plus, Internet ne doit pas excuser le
massacre d’une langue et le langage SMS n’équivaut pas
nécessairement à un gain de temps. Françoise Candelier institutrice, rappelait en
2009 que ce déclin est dû au fait que l’enseignement
de cette langue s’appauvrit quantitativement. Réformer
profondément le français serait aussi irrespectueux à
l’égard de ceux qui ont fourni de grands efforts pour le
maîtriser et qui seraient donc dans l’obligation de réapprendre
une nouvelle version inspirée par la médiocrité.
La grammaire
et l’orthographe de la langue française regorgent
incontestablement de certaines complexités.
Les accords des participes passés avec les auxiliaires –
notamment l’auxiliaire avoir – peuvent dérouter jusqu’aux
Français.
Mais,
aujourd’hui, même des étrangers chevronnés, tels
que le lauréat Nobel de littérature, Gao Xingjian,
remettent en cause ce cliché erroné. Certains linguistes
mettent aussi en exergue le fait que leurs études montrent que toutes
les langues sont d’égale
difficulté. De plus, tout dépend des origines de
la personne qui s’initie au français : ainsi,
l’Espagnol ou l’Italien, latins comme le Français, auront
sans doute plus de facilités à maîtriser cette langue.
Ensuite,
certaines langues subissent une réputation encore plus
hermétique que le français : c’est le cas de
l’allemand dont les origines sont plurielles. Souvenons-nous des mots
de l’écrivain américain, Marc Twain :
« Mes études philosophiques m’ont convaincu
qu’une personne douée devrait être capable
d’apprendre l’anglais en trente heures, le français en
trente jours, et l’allemand en trente ans. ».
L’anglais
est souvent vu comme plus abordable que le français et, cerise sur le
gâteau, il est la langue de la superpuissance américaine. Nier
sa domination est ridicule. Certes, vouloir ne pas la subir peut être
vu comme salutaire mais l’Académie française n’a
peut-être pas intérêt à « franciser »
des mots anglais outre mesure sous peine de succomber à l’absurde.
Conservatisme, oui, mais l’évolution du français ne doit
pas se faire en opposition avec les langues étrangères, surtout
dans un contexte de développement de la mondialisation.
Il est donc
possible de ne pas suivre François de Closets
et sa « révolution » de l’orthographe tout
en prônant un cheminement intelligent non caractérisé par
une fermeture peu souhaitable.
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