Voilà vingt-quatre ans que
nous sommes en guerre avec l’Irak, depuis les opérations Bouclier et Tempête du désert lancées en 1990. Peu de temps après l’invasion
du Koweït par l’Irak la même année, la machine de propagande s’est mise en
marche pour demander l’intervention des Etats-Unis en Irak. Nous nous
souvenons tous du témoignage d’une femme koweitienne devant le Congrès, venue
nous dire que les Irakiens arrachaient des bébés koweitiens de leurs
incubateurs. La femme s’est plus tard trouvée être la fille de l’ambassadeur
du Koweït aux Etats-Unis, et son témoignage un tissu de mensonges. Mais il a
suffi à influencer l’opposition en faveur d’une attaque.
Ce mois-ci, un autre président
américain – le cinquième d’affilée – s’est mis à bombarder l’Irak. Il a aussi
déployé des troupes américaines sur le terrain bien qu’il ait promis de ne
pas le faire.
La deuxième guerre en Irak
déclarée en 2003 a coûté aux Etats-Unis deux trillions de dollars. Selon les
estimations, elle aurait causé plus d’un million de morts. Des millions de
tonnes de bombes américaines sont venues s’écraser sur le sol irakien depuis
1991.
Et à quoi tout cela a-t-il servi ? Où en sommes-nous aujourd’hui,
vingt-quatre ans plus tard ? Nous en sommes revenus au point de départ,
à l’aube d’une nouvelle guerre en Irak !
Les Etats-Unis ont renversé
Saddam Hussein pendant la deuxième guerre en Irak pour le remplacer par un
président fantoche, Nouri al-Maliki.
Mais huit ans après les faits, et pas plus tard que la semaine dernière, les
Etats-Unis ont organisé un coup contre Maliki pour
le remplacer par un autre président fantoche. Les Etats-Unis ont accusé Maliki d’avoir encouragé les divisions dans son pays,
mais ce qui a réellement irrité le gouvernement américain est son refus, en
2011, d’accorder l’immunité aux milliers de soldats américains qu’Obama
voulait maintenir en place dans le pays.
Plus tôt cette année, un
groupe islamiste radical, l’EIIL, a commencé à s’emparer de territoires
irakiens, à commencer par Fallujah. L’organisation
opérait auparavant en Syrie, et a bénéficié du support des Etats-Unis à
l’aube du renversement du gouvernement syrien. L’EIIL a obtenu une vaste
panoplie d’armes américaines en Syrie, dont beaucoup ont été volées à
d’autres groupes de l’opposition soutenus par les Etats-Unis. Certains disent
que le manque de suivi sur le terrain a même permis à certains membres de
l’EIIL de participer à des opérations d’entraînement secrètes de la CIA en
Jordanie et en Turquie.
L’EIIL est devenu ce mois-ci
la cible d’une nouvelle campagne de bombardements en Irak. Le prétexte
utilisé pour la plus récente intervention en Irak était les attaques portées
contre une minorité religieuse de la région kurde de l’Irak actuellement sous
l’attaque de l’EIIL. Le gouvernement et les médias américains ont décrété que
jusqu’à 100.000 membres de la communauté, dont près de 40.000 se seraient
réfugiés dans la montagne, pourraient être massacrés si les Etats-Unis
n’interviennent pas immédiatement. Les Américains ont malheureusement une
fois de plus cédé à la propagande, et les bombes américaines ont recommencé à
tomber du ciel. La semaine dernière, il a été dit que seules 2.000 personnes
se trouvaient dans la montagne et que beaucoup d’entre elles y vivait depuis
déjà des années. Elles n’ont jamais demandé à être secourues !
Je n’essaie pas de dire que ce
qui arrive à bon nombre de ces gens n’est pas tragique, mais pourquoi le
gouvernement des Etats-Unis n’a-t-il pas dit un mot
lorsque trois Chrétiens sur quatre ont été chassés d’Irak pendant
l’occupation de l’Irak par les Etats-Unis, qui a duré dix ans ? Pourquoi
les Etats-Unis n’ont-ils pas soufflé mot au sujet des Chrétiens massacrés par
ses alliés en Syrie ? Qu’en est-il des Palestiniens massacrés à Gaza, ou
des minorités russes tuées à l’est de l’Ukraine ?
La situation humanitaire est
manipulée par l’administration Obama – une situation défendue par les médias
américains – afin d’offrir aux Etats-Unis une raison d’attaquer à nouveau. On
parle de nouveau d’un changement de régime, de la séparation du l’Irak et du
Kurdistan, et de la protection des puits de pétrole de la région. Sans
oublier le renforcement de la présence américaine dans la région.
Le président Obama a lancé une
nouvelle guerre en Irak, et le Congrès garde le silence. Aucune déclaration,
aucune autorisation, aucun débat. Après vingt-quatre ans, nous en sommes où
nous avons commencé. N’est-il pas temps de nous pencher sur notre politique
interventionniste ? N’est-il pas temps d’arrêter de faire confiance au
gouvernement et à sa propagande ? N’est-il pas temps de laisser l’Irak
tranquille ?