Lors du "concours d'élégance" de Pebble Beach, à Monterey en Californie, une Ferrari 250 GTO de 1962 a été vendue aux enchères 38 millions de dollars, ce qui en fait le record absolu pour une automobile de collection. C’est 100 fois le prix de la Ferrari neuve la plus chère disponible au catalogue (la F12 berlinetta) et 30 fois celui de la dernière série spéciale (la F150, limitée à 499 exemplaires). Comment interpréter ce montant stupéfiant ?
On peut rapprocher cette vente du marché de l’art en général, qui connaît également des prix records : fin 2013, un triptyque de Bacon a atteint 142 millions de dollars. L’automobile de collection s’avère comparable au marché de l’art, avec ses grands noms, ses œuvres phares, ses mythes. Cependant il est plus récent, plus jeune, d’où une envolée des prix plus marquée, et aussi une culture plus "monomaniaque" : sept des dix voitures les plus chères jamais adjugées aux enchères sont des Ferrari ! Le spéculateur pourra, au choix, craindre une bulle et un effet de mode, ou investira dans les marques qui demeurent encore au second plan… Cet engouement est assez proche de celui qu’ont connu les artistes chinois, dont la côte à explosé au même rythme que le nombre de multimillionnaires en Chine. Qu’en restera-t-il ? Difficile à dire.
Ces records, et la forte progression du volume global des ventes, traduisent la recherche, par les investisseurs, de marchés qui possèdent encore des marges de progression. Les actions sont au plus haut et chacun sent bien que le risque de krach augmente, d’autant plus que la croissance demeure atone. Les obligations souveraines performent également presque trop, elles ne rapportent plus rien. L’immobilier atteint des sommets à Londres et dans les grandes villes chinoises… Que reste-t-il à celui qui veut spéculer ? Le marché de l’art et celui de l’automobile d’occasion continuent d’aligner les records, voici des opportunités !
Une autre raison motive les investisseurs : ce sont des actifs réels. Pas des bouts de papiers qui vous disent que vous détenez une part de capital de telle entreprise ou de la dette de tel Etat. Non, ici c’est du concret, un tableau, une voiture. Autrement dit un "actif sans contrepartie", il possède une valeur intrinsèque, son détenteur ne dépend de personne (une entreprise, un Etat), il le possède en direct. Le prix de marché peut évoluer bien sûr, mais il ne tombe jamais à zéro, un tableau ne fait pas faillite. Une Ferrari d’exception, un Picasso, un Bacon, une toile impressionniste, ça vaudra toujours quelque chose, et d’autant plus que les actifs papier susciteront de la défiance.
L’immobilier possède aussi ces qualités, mais sa forte financiarisation (l’acquisition se fait essentiellement par crédit) le rend plus sensible à la conjoncture, et donc aux bulles, comme on a pu le voir avec la crise des subprimes. L’actif réel par excellence c’est l’or bien évidemment, et ce depuis toujours. Avantage fondamental : l’or, lui, est parfaitement homogène, alors que telle voiture, tel tableau ou tel appartement ne vaudra jamais exactement tel autre. L’or est l’actif réel de base à posséder, bien sûr, après d’autres actifs peuvent se révéler intéressants, mais ce sont là des marchés complexes, où le risque de bulle est évident (les artistes chinois…), et les chausse-trappes fréquents. Mais la Ferrari de collection devient désormais une valeur à suivre !