Une déflation des prix s’installe
en Italie pour la première fois depuis cinquante-cinq ans
L’Institut de statistique
national italien (ISTAT)
rapporte que l’inflation des prix à la consommation a enregistré une baisse
de 0,1% entre août 2013 et août 2014.
Les prix à la
consommation ont perdu 0,1% sur un an en août 2014, conformément aux
estimations. Le taux d’inflation annuel du pays a été négatif pour la
première fois en près de cinquante-cinq ans en raison d’une baisse des prix
de l’énergie.
Les prix de
l'énergie ont perdu 3,6% sur un an au mois d’août 2014, en raison notamment d’une
baisse de 1,2% du prix des produits énergétiques non-réglementés. Les coûts
des communications (-9%) et des produits alimentaires (-0,5%) ont également exercé
une pression à la baisse, notamment pour ce qui concerne les produits alimentaires
non-transformés (-1,8%). Le prix des services a ralenti, avec une hausse de
0,6% en août contre 0,7% en juillet.
IPC de l’Italie
de 2000 à 2014
Les
législateurs de la zone euro inquiets de la baisse des prix
Un article
publié par le Financiel Times, intitulé Deflation Takes
Shine Off Sales for Italy’s
Shopkeepers, présente la baisse des prix comme
un phénomène peu désirable :
L'apparition d’une
déflation en Italie suggère une propagation inquiétante depuis l’Espagne, une
autre économie européenne de périphérie, où elle s’était déjà manifestée un
peu plus tôt cette année. La déflation s’abat désormais sur le pays de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne,
qui a sonné le signal d’alarme afin de restaurer la croissance au travers du
continent et pris des mesures peu orthodoxes à cette fin.
Matteo Renzi, le jeune Premier ministre ayant pris ses fonctions
en février dernier muni d’un agenda de réformes économiques et politiques
radicales, a décrété la semaine dernière que la croissance de son pays se
situerait cette année aux alentours de zéro.
Beaucoup
espèrent que la baisse des prix poussera de nouveau les Italiens à consommer.
Mais les législateurs – et notamment Mr Draghi et d’autres
officiels de la BCE – ne semblent pas croire en une résurgence des
consommateurs italiens.
Ils s’inquiètent
plutôt de l’inverse : de voir le pays, ainsi que le reste de la zone
euro, tomber dans une spirale déflationniste, ce qui pousserait les
consommateurs à moins dépenser dans l’espoir que les prix continuent de
baisser. La déflation ferait aussi grimper la valeur réelle des 2,1 trillions
d’euros de dette publique de l’Italie, ce qui rendrait anxieux les
investisseurs.
« Même si
vous pensez que la capacité de la déflation à causer des dommages est
moindre, elle pourrait avoir des effets dévastateurs », a déclaré Erik
Nielsen, économiste en chef chez UniCredit, une
banque italienne. « La BCE a eu raison de prendre des mesures contre un
tel scénario », a-t-il ajouté, en référence aux mesures prises par la
banque centrale ce mois-ci, notamment sa décision de baisser les taux d’intérêt.
L’argument
absurde de la spirale déflationniste
L’idée qu’une
baisse des prix cause du tort à l’économie est complètement absurde. Prendre
des mesures contre la baisse des prix l’est tout autant.
Demandez à
n'importe quel consommateur s’il préfèrerait un prix de l’essence, des
produits alimentaires, des ordinateurs ou de n’importe quel autre bien à la
consommation plus bas que ce qu’il est aujourd’hui, et il y a de fortes
chances qu’il vous dise oui.
Demandez à un
consommateur qui a besoin d’un manteau, d’une télévision ou de n’importe quel
autre produit s’il attendrait un an pour l’acheter si les prix baissaient.
Si le
consommateur en question a suffisamment d’argent et a besoin d’acheter un
certain bien, il n’y a aucune raison qu’il reporte son achat dans le temps.
Le concept de
spirale déflationniste qui veut que les consommateurs attendent pour
effectuer leurs achats dans le cadre d’une déflation des prix est
complètement absurde.
Théorie
keynésienne et pratique
Selon la
théorie keynésienne, les consommateurs repoussent leurs achats dans le temps
en période de baisse des prix. En pratique, c’est tout à fait le contraire.
Si les
consommateurs pensent que les prix sont trop élevés, ils attendent les
soldes. C’est ce qui se passe tous les ans à Noël, et tout au long de l’année
pour les produits dont ils n’ont pas immédiatement besoin.
Les gens
aiment profiter de réductions, et lorsqu’elles sont suffisamment importantes,
ils n’attendent pas davantage de rabais. Prenez Noël. Beaucoup de gens n’attendent
pas que Noël soit passé pour faire leurs achats, même si les réductions d’après
Noël sont plus intéressantes que celles du mois de décembre.
Et pourtant,
on continue d’entendre dire que les consommateurs attendent pour dépenser
leurs sous parce que les prix baissent, alors qu’en réalité, ils attendent
des prix qu’ils peuvent se permettre de payer.
Autres
raisons
Les gens
repoussent parfois leurs dépenses s’ils n’ont pas de travail, pas d’argent,
ou s’ils perçoivent les prix comme trop élevés.
Le problème
est typiquement la dette, et non la baisse des prix. Si les consommateurs
sont trop endettés ou ne gagnent pas suffisamment, ils ne peuvent pas
dépenser. Si les entreprises sont trop endettées, elles ne peuvent pas
étendre leurs activités. Si les gouvernements sont trop endettés, ils
finissent par avoir des problèmes.
Actifs v.
biens de consommation
Les
consommateurs achètent des propriétés et d’autres actifs qu’ils ne peuvent
pas se permettre d’acheter, parce qu’ils pensent que l’inflation générée par
les banques centrales fera disparaître leur dette par l’inflation constante
du prix des actifs.
Mais quand ils
cesseront d’acheter, des bulles éclateront, les prix des actifs baisseront,
et la déflation de la dette pourra s’installer. Les dettes ne pourront être
remboursées, les entreprises ne pourront embaucher, et les consommateurs qui
n’auront plus de travail ne pourront plus rien acheter.
Absurdités
keynésiennes
Les
économistes keynésiens voudraient que le gouvernement vienne en aide aux
entreprises qui font faillite. Plusieurs décennies de tentatives keynésiennes
et monétaristes ne sont pas parvenues à relancer l’économie du Japon, ce dont
sa dette de 250% du PIB devrait être la preuve suffisante.
La baisse des
prix n’est jamais le problème. C’est l’inflation générée par les banques
centrales qui est à l’origine des bulles sur les actifs, et qui alimente la
dette et les mal-investissements.
La solution, à
laquelle aucune banque centrale ne s’intéresse jamais, est de ne pas
promouvoir les bulles sur les actifs. Une fois qu’une bulle se développe, la
meilleure chose à faire est de la laisser éclater.
Si le Japon
continuait dans la direction actuelle, l’effondrement inévitable du yen nous
apporterait la preuve indéniable de l’absurdité des politiques économiques
keynésiennes.