Nous entendons souvent les
fonctionnaires du gouvernement et les grands pontes financiers parler de
milliards et de trillions. Ces chiffres sont, aux yeux d’une majorité de
gens, parfaitement incompréhensibles. Ils sont si grands que personne n’est
en mesure d’imaginer ce à quoi ressemble vraiment un milliard de dollars, et
encore moins ce qui est nécessaire à la génération de tant de capital. Et qu’en
est-il d’un trillion, ou mieux encore, des 17,9 trillions de dollars qui
composent la dette nationale des Etats-Unis ? C’est une somme d’argent
si importante qu’elle représente des piles de billets de la taille de
gratte-ciels.
(Via Demonocracy.info)
Mais même ce genre de visualisation
ne facilite pas la compréhension de la quantité de monnaie représentée.
Ann Bardhardt, qui en 2011
fermait les portes de sa société d’investissements et demandait à ses clients
de retirer leur argent des marchés parce qu’elle estimatait que le système
financier avait été détruit, a récemment publié sur son blog un billet époustouflant.
Il se trouve que la monnaie
telle que nous avons appris à nous la représenter à l’école n’est pas
réellement ce grâce à quoi nous devrions évaluer les économies ou la dette.
Jetons un œil sur ce que la monnaie représente.
Comment définissons-nous la
taille des économies ? En dollars ? Absolument pas. Ces systèmes
devraient être mesurés en termes d’une unité invariable et transcendante. Les
devises sont, par définition, variables, parce qu’elles fluctuent constamment
les unes par rapport aux autres. Et cela inclue le dollar, qui est lui-même
mesuré contre un panier d’autres devises. Le PIB devrait selon moi être
mesuré en heures ou en années humaines. Vingt dollars par heure de travail en
moyenne. Deux mille heures de travail par an. Parce que le pouvoir d’achat
d’une heure de travail humaine ne devrait pas changer tant que ça.
Réfléchissez-y un instant.
Si nous prenons comme point de
référence le plus récent PIB des Etats-Unis, qui s’élève à 16,8 trillions de
dollars, et utilisons un salaire horaire moyen de 20 dollars, ou de 40.000 dollars
par an, nous obtenons une économie de 840 milliards d’heures travaillées, ou
420 millions d’années.
Voilà qui donne à ce chiffre
une toute nouvelle perspective, vous ne trouvez pas ? Êtes-vous prêt à
être plus ébloui encore ? Faisons ce même calcul pour la dette des
Etats-Unis (18 trillions de dollars) et les passifs non-capitalisés du
gouvernement fédéral (250 trillions de dollars).
Nous avons là respectivement
450 millions et 6,25 milliards d’années humaines.
Source: Notes for Apres la Guerre Part 2: Banking
and Financial Market Theory
Quand nous entendons parler de
trillions de dollars dépensés pour refinancer les banques ou infusés dans les
systèmes d’investissement parallèles autour du globe, nous n’entendons pas
juste parler de monnaie dérobée à une catégorie d’individus pour être
redistribué à une autre, mais du vol de nos propres vies – de notre temps et
de notre énergie.
Les passifs non-capitalisés du
gouvernement américain sont estimés à 250 trillions de dollars ou, comme l’a
noté Bardhardt, à 6,25 milliards d’années humaines.
Pour mettre ce chiffre en
perspective, sachez qu’il faudrait en moyenne que 139 millions d’Américains
travaillent sans arrêt pendant 45 ans pour couvrir les passifs
non-capitalisés du gouvernement à leur niveau actuel.
Nous comptons actuellement aux
Etats-Unis 144 millions de travailleurs et 100 millions de personnes qui pour des raisons variées sont
sans emploi. Pour rembourser ces passifs, il faudrait que chaque salarié
américain passe ces 45 prochaines années à verser l’intégralité de leur
salaire au gouvernement.
Voilà dans quelle situation
nous sommes.
Les calculs sont clairs :
le remboursement de la dette nationale des Etats-Unis et de leurs passifs
non-capitalisés est une impossibilité mathématique.
Bardhardt comprend les
frustrations de tous ces Américains qui en ont assez de voir leur vie dérobée
par leur gouvernement et par les chefs d’entreprises qui prétendent effectuer
un travail divin. Et elle leur apporte une solution :
Puisque vous pensez très
certainement que des gens devraient être exécutés pour nous avoir mis dans
cette situation, laissez-moi vous suggérer une manière de condamner les
crimes financiers d’après-guerre à des sanctions justifiées. Je dirai
simplement que les sommes représentées par leurs vols devraient être
convertis en années humaines, et que si le nombre d’années humaines volées
dépassait la durée moyenne de vie active d’un individu, soit cinquante ans,
la sanction appliquée devrait être la peine capitale. Pour un crime
représentant moins de cinquante ans, la conversion en années humaines
pourrait être utilisée par le juge et le jury comme terme d’incarcération.
Pour prendre un exemple au
hasard, disons qu’une somme d’1,6 milliard de dollars soit convertie en
années humaines à hauteur de 40.000 dollars par an. Cela représenterait 40.00
années humaines, ou douze pieds de corde, réutilisables autant de fois que
nécessaire.
Plus d’1,6 milliard de
dollars de dépôts ont disparu chez MF Global sous l’œil vigilant de l’ancien
gouverneur du New Jersey, John Corzine (à gauche). Il n’a jamais fait
l’objet d’emprisonnement.
Voilà qui représente
énormément de temps et d’énergie pillés au peuple Américain et à des dizaines
de millions d’Européens et d’Asiatiques.
Comme Ann Barnhardt le note
dans son billet, la conséquence ne peut qu’en être un conflit
mondial ou l’effondrement total du système tel que nous le connaissons.
Le paradigme construit sur la
dette et les fausses promesses touche à sa fin. Les chiffres deviennent
aujourd’hui si grands que notre trajectoire est irréversible.
Le système bancaire, la
dominance monétaire et l’influence géopolitique des Etats-Unis atteignent un
point de rupture, et ceux qui voudront en sortir vivants doivent se préparer dès aujourd'hui.
Le gouvernement des Etats-Unis
a simulé ce même scénario. Il sait parfaitement qu’un effondrement
économique se profile à l’horizon. Il sait aussi que plus les gens perdront
leur emploi, leur domicile et leur capacité à nourrir leur famille, plus ils
chercheront à faire porter le blâme à quelqu’un. Attendez-vous à voir se
propager panique et violence. Attendez-vous à voir apparaître guerres et
bains de sang.
Voici l’avenir qui nous
attend.