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La
nécessité d’une société
anarcho-capitaliste : recension de « L’État,
Règne de la Magie Noire » de François-René
Rideau
Le lecteur de
24hGold est maintenant familiarisé avec la théorie
anarcho-capitaliste, plusieurs textes brillants ayant été
publiés sur ce site, à commencer par celui de Lew
Rockwell, Pourquoi je suis un Anarcho capitaliste, qui rappelle
que s’il est bien un domaine qu’il ne faut pas laisser
entièrement aux mains de l’État, c’est la
sécurité. Quand tel est le cas, alors les citoyens seront plus
aisément asservis.
Un autre
texte, plus long mais pas toujours convaincant, essaie d’expliquer,
dans un style qui lui est propre, les avantages d’une
société anarcho-capitaliste : L’État,
Règne de la Magie Noire, écrit par un auteur, François-René
Rideau, qui anime un site consacré à
l’économiste français Frédéric Bastiat.
Le texte
frappe juste sur un point majeur : si la pensée
anarcho-capitaliste n’a pas le vent en poupe, c’est parce que les
idées étatistes règnent et que personne n’imagine
de vivre sans la « protection » de l’État.
Un « deux poids deux mesures » survient alors :
tout le monde s’inquiète des risques d’une
société sans État mais personne n’a
l’honnêteté d’identifier les maux (nombreux et
concrètement identifiés : guerres à
répétition, inflation, détroussement fiscal,
insécurité…) inhérents à l’existence
même de la puissance publique.
Et, en cela,
même les secteurs dits « régaliens »
n’échappent pas à la critique : les failles
de la police publique ne s’énumèrent même plus et
son incapacité à mettre fin à
l’insécurité et même aux zones de non-droit est
désormais avérée. Quant à la justice, elle se
traduit également par une inefficacité telle que peu de
justiciables – même ceux ayant gagné leur procès
– en sont satisfaits. La pénalisation constante du droit et donc
la démultiplication des infractions entraînent un regrettable embouteillage des tribunaux.
Ce n’est pas pour rien si, en dépit du monopole légal
dont l’État dispose, l’arbitrage se développe
progressivement.
Parallèlement,
les libertés sont de plus en plus menacées : penser que la
modernité a permis de les préserver contre l’arbitraire
étatique est un leurre. Dans son livre Du
libéralisme à l’anarcho-capitalisme, Pierre Lemieux
– devenu depuis sceptique sur l’anarcho-capitalisme – avait
donné l’exemple de l’opposition grandissante de
l’opinion publique à une loi fiscale autorisant les agents du
fisc à pénétrer chez les producteurs domestiques de
cidre afin d’y prélever une taxe, ce qui déboucha sur la
suppression rapide de cet impôt. Tel scénario similaire
paraît assez utopique aujourd’hui et ce, en dépit de la
croissance exponentielle des taxes.
François-René
Rideau a donc bien raison de considérer que seul un renversement de
l’opinion permettra un dépérissement de la puissance
étatique. L’auteur démonte toutes les théories
censées justifier l’existence de l’État à commencer
par la théorie des biens publics qui avait déjà fait
l’objet des foudres rothbardiennes et de celles de Pierre Lemieux qui,
dans un autre de ses ouvrages (L’anarcho-capitalisme), avait
donné des détails techniques sur ce que seraient ces pseudo
« biens publics » dans un monde libre.
À ce
sujet, François-René Rideau, au début de son texte,
rappelle un autre élément fondamental :
l’État n’est pas une institution morale porteuse
uniquement de bien. L’État est avant tout une organisation
composée d’hommes, le plus souvent avides de pouvoir et, comme
toute autre personne, soucieux principalement de la défense de leurs
propres intérêts. Il y a donc peu à attendre de leur
gestion des biens publics puisque ce n’est pas leur argent personnel
qui est en jeu. La situation
de la dette publique française en est l’exemple le plus
révélateur et le plus triste. En 1989, celle-ci
s’élevait à 333,3 milliards d’euros. En 2007, elle
était de l’ordre de 1180 milliards d’euros…
Toutefois, le
texte de François-René Rideau n’est pas toujours
aisé à suivre, tant le lien entre État et magie noire
n’est pas forcément perceptible. Et, surtout, en semblant
dénoncer en filigrane la notion d’autorité – et,
notamment l’autorité parentale – il ne réalise pas
qu’il laisse justement le champ libre à l’État pour
se comporter en père protecteur des intérêts de
« ses » citoyens.
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