Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
En Chine, les prix de l’immobilier baissent, au Vietnam comme je le relatais dans l’édition d’hier le chômage des jeunes diplômés est au plus haut. Au Brésil, la croissance patine et la coupe du monde n’a pas apporté la croissance espérée. L’Argentine est en crise. La Russie soumise aux sanctions internationales voit son économie battre sérieusement de l’aile et sa monnaie s’effondrer. L’Ukraine est en faillite. Les pays arabes souffrent de l’absence de tourisme provoquée par une islamisation de plus en plus forte. Le Japon est en pleine récession/déflation et nous contemplons l’empire du Soleil « couchant » s’enfoncer dans un marasme chaque mois de plus en plus prononcé.
Aux USA, c’est le retour du froid, l’hiver, avec son désormais célèbre « vortex polaire » qui ne gèle pas que les gens (en particulier les millions de sans-abri américains apparemment victimes d’une reprise économique trop forte, ce qui est ironique) mais aussi les affaires et la croissance. L’hiver étant froid… on peut prévoir une récession pour le 4e trimestre 2014 aux États-Unis.
L’Afrique n’en parlons pas, Ebola étant passé par là, même le FMI fait des prévisions dramatiques sur les impacts de croissance dans les pays, hélas, concernés par ces épidémies.
Concernant l’Europe… nous ne sommes pas en guerre avec la Russie (encore) que c’est la Bérézina. L’Italie va de plus en mal, la France s’enfonce et paye les profs du 9-3 en tickets resto, l’Espagne donne des leçons au Portugal en l’incitant à… sortir de la zone euro ! Les Allemands ne veulent pas entendre parler de la « fabrication massive de fausse monnaie » pour faire tenir cet édifice chancelant malgré une activité industrielle qui commence à s’effriter sous le poids de toutes ces mauvaises nouvelles.
Enfin, pour parachever ce tableau bien sombre, il est évident qu’une nouvelle phase de la même crise est en train de s’ouvrir devant nous malheureusement sur des niveaux d’endettement généralisés et stratosphériques jamais atteints dans l’histoire de l’humanité et retirant de facto toute marge de manœuvre budgétaire aux États.
Pour le chef du gouvernement britannique, David Cameron, les voyants de l’économie mondiale sont au rouge comme lors de la crise de 2008.
C’est dans ce contexte particulièrement réjouissant que David Cameron a livré un message assez alarmiste pour un chef d’État au Guardian après le G20 de Brisbane , en Australie, le week-end dernier.
« Pour le chef du gouvernement britannique, il y a actuellement « un contexte dangereux d’instabilité et d’incertitudes » qui menace réellement la reprise britannique. Déjà, confie David Cameron, le ralentissement de la zone euro , a un impact sur les exportations et l’industrie britannique. Selon lui, les voyants de l’économie mondiale sont au rouge comme lors de la crise financière de 2008. »
Bravo David, c’est exactement ça et c’est ce que j’essaie d’expliquer mais moi je ne suis pas Premier ministre, juste un petit économiste d’en bas, avec aussi l’avantage d’être en bas partageant le quotidien avec tous mes camarades galériens du pathétique spectacle capitaliste.
Le journal Les Échos nous apprend d’ailleurs au détour de cet article que « la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a également exprimé ses craintes à Brisbane que dette élevée, faible croissance et chômage soient en passe de devenir « la nouvelle normalité en Europe »… Christine (qui n’est pas vraiment une visionnaire), sache que le chômage de masse c’est déjà devenu la norme : ce n’est pas en « passe », c’est déjà fait et depuis longtemps.
Et Cameron de se lancer dans le même descriptif apocalyptique que je vous ai fait en préambule de cet article, sauf que lui, encore une fois, est Premier ministre.
« La zone euro frôle une troisième récession, avec un chômage élevé, une croissance en baisse et le risque réel d’une chute des prix », écrit David Cameron dans le Guardian. « Les économies émergentes qui étaient les moteur de la croissance montrent maintenant des signes de ralentissement. (…) Les négociations sur le commerce mondial sont au point mort tandis que l’épidémie d’Ebola, le conflit au Moyen-Orient et les actions illégales de la Russie en Ukraine ajoutent un contexte dangereux d’instabilité et d’incertitudes », écrit-il.
Encore une fois, il est trop tard pour les réponses collectives, l’heure est à la préparation personnelle de votre résilience économique, de votre robustesse patrimoniale, de votre résistance sociale et de votre survie familiale.
Organisez-vous et préparez-vous car vous êtes le « capitaine de votre âme », hymne à la responsabilité personnelle. Alors d’humeur sombre ce soir, je vous livre ce poème qui, au-delà d’être le préféré de Nelson Mandela, correspond parfaitement aux contrariens que nous sommes. Ne les blâmons pas, ne blâmons personne, en revanche prenons nos destinées en main. Vous serez bientôt seul aux manettes. Les drames économiques sont toujours individuels. Les souffrances personnelles. C’est ce que vous avez fait et ce que vous ferez qui fera la différence.
Invictus (invincible dans le combat, Cicéron)
Dans les ténèbres qui m’enserrent
Noires comme un puits où l’on se noie
Je rends grâce aux dieux, quels qu’ils soient
Pour mon âme invincible et fière.
Dans de cruelles circonstances
Je n’ai ni gémi ni pleuré
Meurtri par cette existence
Je suis debout, bien que blessé.
En ce lieu de colère et de pleurs
Se profile l’ombre de la Mort
Je ne sais ce que me réserve le sort
Mais je suis, et je resterai sans peur.
Aussi étroit soit le chemin
Nombreux, les châtiments infâmes
Je suis le maître de mon destin
Je suis le capitaine de mon âme.
William Ernest Henley (1843-1903)
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ». (JFK)