La crise financière et
politique grecque est devenue un évènement annuel. Pour vous faire une idée
claire des difficultés auxquelles a pu faire face ce petit pays sous le
régime monétaire de la zone euro, voyez cette chronologie
publiée par CNN en 2011. A cette date déjà, des crises suivies de répits temporaires
se succédaient depuis sept ans.
La plus récente accalmie
a pu sembler plus longue que les précédentes, si longue en effet que certains
se sont imaginés que la Grèce avait pu surmonter ses problèmes et était désormais
un membre plus ou moins fonctionnel de la zone euro, prêt à se lancer de
nouveau dans ses vieilles habitudes d’hébergement de touristes, de
consommation d’ouzo et d’évasion fiscale.
Mais ce n’est pas le
cas. Rien n’a vraiment changé. Le chômage des jeunes demeure d’environ 50% -
ce qui est d’autant plus stupéfiant lorsque l’on considère que le tourisme
est généralement un secteur clé pour les jeunes à la recherche d’un emploi
dans le tertiaire. Et le gouvernement continue d’enregistrer des déficits. Sa
nouvelle dette s’élève aujourd’hui au taux insurmontable de 175% du PIB.
En conséquence, les
partis eurosceptiques continuent d’enregistrer des adhérents et semblent
désormais avoir un poids suffisant pour commencer à imposer leurs conditions.
Ce mois-ci, une série d’élections se tiendront qui, si je me suis
correctement renseigné, devront s’avérer en faveur du gouvernement pour éviter
que l’extrême gauche ne prenne le dessus et fasse sortir le pays de la zone
euro. La première de cette trilogie d’élections n’est pas allée dans le sens
du gouvernement, et rend les deux élections à venir assez problématiques.
Observons donc le pire
des scénarios, qui impliquerait la sortie de la Grèce du système euro en
faveur d’un drachme bien plus facile à manipuler. La dette de la Grèce serait
ainsi convertie en drachmes, et la nouvelle devise serait dévaluée d’environ
30% par rapport à l’ancienne devise, ce qui rendrait les prix de ses chambres
d’hôtels, de ses croisières et de restaurants de nouveau intéressants. Voilà
qui s’avèrerait positif pour les Grecs, qui gagneraient plus de l’afflux de
touristes qu’ils ne perdraient de la dévaluation de leur épargne.
Mais ce serait
catastrophique pour les banques européennes et les hedge funds américains qui
possèdent des quantités astronomiques de dette grecque et enregistreraient
ainsi de terribles pertes. Plus grave encore, une fois ce précédent établi,
tout le monde se mettra à chercher le prochain domino à tomber et ne manquera
pas d’en trouver, avec l’Italie (qui fait désormais face à une crise
politique interne) en tête de liste. L’économie italienne est bien plus
importante que celle de la Grèce, et dispose de bien plus de dette libellée
en euros. Une sortie de l’Italie du système euro s’avèrerait apocalyptique
pour le système financier global.
Est-ce là ce que nous
réserve 2015 ? L’Histoire nous dit que non. Mais souvenez-vous, la Grèce
est depuis dix ans maintenant sur le point d’exploser. A chaque fois, de l’argent
a pu être trouvé pour la sauver. Avec le projet aux plusieurs trillions d’euros
de monétisation de la dette établie par la BCE, l’économie grecque se
retrouvera nichée dans des bilans en expansion sans faire de vagues.
Attendez-vous donc à assister à un nouveau transfert de richesses depuis l’Allemane
vers la Grèce dans un avenir proche. Et puis peut-être depuis l’Allemagne vers
l’Italie. Mais attendez-vous surtout à voir monter les tensions.