Ceux qui cherchent à
apercevoir une hyperinflation devraient se tourner vers le Venezuela. Voici
la question du jour : quel est le taux d’inflation au Venezuela, et
jusqu’où pourra-t-il aller ?
Voici l’extrait d’un article de Bloomberg intitulé Venezuelan
1,000% Inflation Seen by BofA Without Weaker Bolivar :
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro,
qui devrait aujourd’hui annoncer un nouveau système de devise, devra dévaluer
le bolivar ou risquer de voir l’inflation dépasser les 1000% avant l’année
prochaine, a déclaré Bank of America Corp.
Sous le système actuel, le bolivar surévalué empêche le
gouvernement de vendre efficacement les dollars qu’il tire de ses
exportations, et force les législateurs à imprimer davantage de monnaie pour
couvrir les besoins en dépenses domestiques. Les contrôles de capitaux qui limitent
l’accès des Vénézuéliens aux dollars ont donné vie à un marché noir sur
lequel un dollar s’échange contre 172 bolivars, contre un taux de change
officiel de 6,3 à 50 bolivars par dollar.
« Si le taux de change n’est pas réajusté, le taux
d’inflation serait à trois chiffres, et je ne serais pas surpris de voir
l’économie approcher d’une inflation annuelle de 1000% », a déclaré
Francisco Rodriguez, économiste en chef pour la région andine chez Bank of America, lors d’une conversation téléphonique depuis New
York le 28 décembre, juste avant que Maduro ne
prévoit son annonce officielle. Le gouvernement « a besoin d’imprimer de
l’argent pour financer le déficit, et souffre d’un déficit puisque ses
revenus en bolivars sont trop peu élevés ».
Maduro
a annoncé lors d’une apparition à la télévision au début du mois qu’il ne
ressentait pas le besoin de réduire les subventions gouvernementales qui
permettent à l’essence d’être vendue six cents par gallon à la pompe, et
qu’il maintiendrait un taux de change de 6,3 bolivars par dollar pour les
importations prioritaires.
Les plus récents chiffres officiels montrent que
l’inflation annuelle au Venezuela était de 63% en août, le taux le plus
important enregistré au monde. Une estimation plus récente basée sur la dépréciation
du bolivar sur le marché noir place le taux d’inflation à 183%, selon Steve Hanke, professeur d’économie à l’université John Hopkins
et directeur du projet Troubled currencies
à l’Institut Cato.
.
Le bolivar a perdu 42% sur le marché noir au cours du
quatrième trimestre, selon les chiffres publiés par dolartoday.com. Il a même
dépassé le déclin du rouble, qui s’est élevé à 29% sur la période. Les eux
devises ont subi la pression du déclin du prix du pétrole, qui représente 95%
des exportations du Venezuela et est la principae
source de devises du pays.
Sans aucun accès aux marchés de capitaux internationaux et
avec des revenus pétroliers en baisse, Maduro dépend
des prêts de ses alliés ou de la création monétaire pour alimenter son
déficit budgétaire croissant.
« S’ils continuent avec leurs aides sociales et leurs programmes de
redistribution de revenus, ils se retrouveront vite forcés d’imprimer de la
nouvelle monnaie à un rythme accéléré, a expliqué Hanke.
Ils doivent continuer de dépenser, et leurs sources de revenus se sont
asséchées ».
La masse monétaire M2 du Vénézuela,
qui mesure la quantité de bolivars dans l’économie et inclue les billets de
banque en circulation ainsi que l’épargne, a augmenté de 64% en douze mois.
C’est trois fois plus que n’importe quel autre pays surveillé par Bloomberg.
Un titre curieux
L’article de Bloomberg intitulé « Venezuelan
1,000% Inflation Seen by BofA
Without Weaker Bolivar » (Une inflation de 1000%
enregistre au Venezuela sans aucun affaiblissement du bolivar) est assez
curieux, compte tenu du fait qu’un affaiblissement du bolivar et l’inflation
au Venezuela vont main dans la main.
En lui-même, ce titre n’a aucun sens.
L’article explique en revanche que le Venezuela se
débarrasse de ses réserves étrangères dans un effort de défendre le taux de
change officiel et d’offrir des subventions.
Une essence à six cents le gallon est ridicule. Est-il
possible d’obtenir du pétrole à ce prix ? Et si oui dans quelles
quantités ? Il y a de fortes chances qu’il y ait aussi un marché noir où
l’essence siphonnée peut être revendue plus cher.
Il n’en est pas moins que, comme je l’ai déjà dit, les
réserves étrangères et l’argent tiré des ventes de pétrole soient tout ce qui
empêche le bolivar de s’effondrer.
Une fois que les réserves ne seront plus là, il n’y aura
plus rien dans les rayons des magasins, et encore moins au taux officiel
ridicule de 6,3 bolivars par dollar.
Le taux de change de 172 bolivars par dollars sur le
marché noir représente un déclin de 96,34 par rapport au taux officiel. La
situation n’est pas aussi terrible qu’au Zimbabwe, mais il est clair que Maduro y mette du sien.